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Choix de première ronde des Nordiques de Québec au Repêchage 1993 de la LNH, Jocelyn Thibault a disputé 586 matchs au cours de sa carrière de 15 saisons dans la LNH. Il a porté l'uniforme des Nordiques, de l'Avalanche du Colorado, des Canadiens de Montréal, des Blackhawks de Chicago, des Penguins de Pittsburgh et des Sabres de Buffalo, signant 238 victoires. Il a été entraîneur des gardiens de l'Avalanche pendant deux saisons et il est désormais propriétaire du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Il a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com pour traiter des dossiers chauds devant les 31 filets de la Ligue.
Personne, absolument personne, ne s'attendait à entendre parler de Vitek Vanecek cette saison. Le gardien de 25 ans ne semblait même pas être dans les plans des Capitals de Washington.

Mais voilà qu'après quelques semaines, il est désormais l'une des belles histoires de ce début de campagne. En six départs, la recrue affiche un rendement de 4-0-2, une moyenne de buts alloués de 2,75 et un taux d'efficacité de ,915, et tout indique que le Tchèque était prêt à passer à la prochaine étape.
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C'est cependant le genre de choses qu'on ne peut pas savoir sans d'abord l'expérimenter. Et dans le cas de Vanecek, c'est un énorme concours de circonstances qui a fait en sorte que les Capitals se sont finalement tournés vers lui.
Il y a d'abord eu le retrait d'Henrik Lundqvist en raison d'un problème cardiaque avant le début de la saison, puis le fait que le jeune Ilya Samsonov a dû se soumettre au protocole COVID-19 de la LNH, comme ses compatriotes Alex Ovechkin, Evgeny Kuznetsov et Dmitry Orlov.
Vanecek est donc devenu l'homme de confiance par défaut de Peter Laviolette à un moment déjà critique de la saison. Il a bien répondu à ses quatre derniers matchs, en grande partie parce qu'il avait acquis l'expérience nécessaire pour faire face à ce tout nouveau défi.
J'aime comparer le développement des gardiens à celui des officiers de la marine. Ce n'est pas une question de vie ou de mort pour les gardiens - on s'entend. Reste que la raison pour laquelle leur développement est aussi long et ardu, c'est qu'ils doivent assimiler des notions, apprendre à gérer leurs émotions et être placés dans toutes sortes de conditions difficiles pour acquérir un bagage d'expérience suffisant.
Un officier de la marine sera placé dans des conditions extrêmes, on va l'envoyer dans la jungle ou dans l'eau pour s'assurer qu'il soit prêt si la situation se présente quand il aura obtenu son grade. C'est le même principe pour les gardiens, et c'est ce qui explique pourquoi le chemin vers la LNH est très souvent long et compliqué pour eux.

Même s'il peut sembler sortir du champ gauche pour la plupart des amateurs, Vanecek a gravi les échelons comme il se doit et a lentement fait ses classes dans les niveaux inférieurs. Il totalise 141 matchs d'expérience dans la Ligue américaine de hockey (LAH) et a même fait quelques détours par l'ECHL pendant son parcours.
Il ne m'était pas étranger parce que je l'ai croisé, en 2014, au Championnat du monde des moins de 18 ans. Il avait mené les Tchèques jusqu'en finale, où ils s'étaient inclinés contre les puissants Américains. Cette année-là, son équipe comptait notamment sur les attaquants David Pastrnak, Jakub Vrana et Pavel Zacha.
On voyait déjà qu'il était un très bon gardien. Si son parcours a été plus long, il ne faut quand même pas oublier qu'il est l'un des meilleurs gardiens de son groupe d'âge au monde. Ce n'est pas pour rien que les Capitals l'ont repêché en deuxième ronde (39e au total) en 2014 - le quatrième gardien de cette cuvée.
Son brio est aussi un signe que la machine de recrutement et de développement chez les gardiens fonctionne bien à Washington. Il est toujours difficile de projeter ce qu'un jeune va nous offrir dans un horizon de sept ou huit ans après son repêchage, mais de moins en moins d'aspects sont laissés au hasard de nos jours.
Tout est rendu très encadré et très structuré pour maximiser le développement des joueurs et réduire le risque le plus possible. Les Capitals avaient assurément une bonne idée du potentiel de Vanecek et ils ont maintenant la preuve qu'ils ont un bon duo sous la main pour le reste de la saison.
Un départ étonnant
La tenue du jeune gardien tchèque n'est pas le seul élément de réjouissance chez les Capitals, qui n'ont toujours pas perdu en temps réglementaire (5-0-3). Le fait que l'équipe trouve des moyens de gagner sans des piliers comme Ovechkin, Kuznetsov, Orlov et Samsonov est fort encourageant.
Il est toujours difficile de prédire l'impact qu'aura la perte de joueurs de cette trempe. On sait toutefois que ça met la profondeur de l'équipe à l'épreuve et que les joueurs eux-mêmes doivent aller puiser dans leurs ressources pour élever leur niveau de jeu.
Il semble se tramer quelque chose de très positif chez les Capitals. J'ai trouvé que la réaction des joueurs quand Zdeno Chara a inscrit son premier but dans son nouvel uniforme en disait beaucoup sur la chimie qui s'est installée dans le vestiaire.

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C'est une équipe bien construite, bien équilibrée et qui transpire encore la confiance, près de trois ans après avoir soulevé la Coupe Stanley. On ne les écarte jamais de l'équation, mais ils ont rapidement confirmé qu'ils étaient toujours à prendre au sérieux.
\Propos recueillis par Guillaume Lepage, journaliste LNH.com*