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RALEIGH, Caroline du Nord -L'attaquant des Panthers de la Floride Eric Staal a besoin de pommes et d'oranges. Il a testé les bananes, sans succès.

« Elles me font faire des rots », a-t-il avoué.

Son coéquipier Brandon Montour a quant à lui besoin de sel et de caféine - peut-être même d'un équipement sec.

L'attaquant des Hurricanes de la Caroline Stefan Noesen opte plutôt pour du poulet, du riz et beaucoup d'eau. Brady Skjei mange quelques bananes, les tolérant clairement davantage que Staal.

Les besoins des joueurs étaient divers - et nombreux - lors du match de jeudi entre les Hurricanes et les Panthers. Match qui a nécessité quatre périodes de prolongation et qui a été le sixième plus long de l'histoire de la LNH.

L'attaquant Matthew Tkachuk a marqué le but décisif après 139:47 d'action, donnant la victoire 3-2 aux Floridiens dans la rencontre inaugurale de la finale de l'Association de l'Est.

Après presque six heures de jeu, le vestiaire des Panthers était un champ de bataille. Une situation à laquelle Paul Maurice est familier, lui qui dirigeait un 105e match de séries de la LNH. Et après 105 duels, il ne se lasse pas du côté dramatique des longues prolongations.

« La prolongation est la meilleure démonstration de notre sport. La pression est à son maximum. L'énergie puisée lors d'une prolongation est pure. » a mentionné l'entraîneur-chef des Panthers.

Pendant que les partisans donnent leur part d'énergie supplémentaire aux joueurs devant eux, les ressources déployées en coulisses demeurent un mystère pour la plupart des amateurs. Les joueurs sont pourtant épaulés par un personnel de soutien qui passe souvent inaperçu malgré sa grande importance lors de ces matchs marathons.

Jeudi soir, une petite armée d'employés de soutien ont utilisé les entractes de 15 minutes afin de garder les joueurs des Panthers et des Hurricanes en meilleure forme possible - mentalement et physiquement - pour poursuivre ce que le gardien Sergei Bobrovsky a surnommé une « guerre d'usure ».

« Le personnel des deux équipes a fait un travail phénoménal pour nous fournir tout le nécessaire », a souligné Staal, qui a été utilisé plus de 24 minutes. « C'est une question de recharger les batteries, se regrouper et se motiver pour une période de plus. »

Pour ceux qui se posent la question, personne n'a demandé de sachets de moutarde. Oui, les sachets de moutarde ont la réputation d'être utilisés par les hockeyeurs lors de longs matchs. Ils permettent d'ingérer une grande quantité de sel rapidement, de manière à retenir l'eau dans le corps et diminuer les crampes.

Les Jets de Winnipeg ne jurent que par ces sachets. Leur vestiaire en était rempli lors du match no 3 de leur série de premier tour face aux Golden Knights de Vegas, qui s'est conclu en deuxième prolongation.

« Il y a probablement 10 thérapeutes et préposés qui prennent 15 choses différentes pour les gars », a expliqué le défenseur des Jets Neal Pionk, qui a disputé 41:08 lors de cette rencontre. « Chacun d'entre nous a sa demande particulière. Ils font toutes sortes de boissons, ils prennent des sachets de moutarde, n'importe quoi… »

Mais que goûte la moutarde après une longue période de hockey?

« J'aurais besoin d'un accompagnement. La moutarde seule n'est pas si délicieuse », a avoué Pionk.

D'autres joueurs préfèrent le jus de cornichon, une autre solution salée qui représente un antidote idéal contre les crampes.

Mais parfois, il faut se contenter de l'élément primaire seulement.

« Certains gars prennent uniquement un paquet de sel et se le versent dans la bouche. C'est dégoûtant, mais c'est un remède contre les crampes et la fatigue », a indiqué Montour, utilisé pendant près de 58 minutes jeudi. « J'ai vu plusieurs remèdes de ce genre, mais j'essaie de m'en tenir loin. Une boisson énergétique me suffit. Les solutions peuvent être farfelues, mais parfois, il faut ce qu'il faut! »

Le plus long match de l'histoire de la LNH a été disputé le 24 mars 1936, lorsque les Red Wings de Detroit ont défait les Maroons de Montréal 1-0 en sixième période de prolongation (durée totale de 176:30). Pendant les entractes de ce match, les joueurs prenaient du thé et du café mélangés avec du brandy, puis s'étendaient sur le banc pour améliorer la circulation sanguine, selon des notes d'archives.

L'approche en matière de récupération a radicalement changé depuis cette prolongation historique. Il allait de soi que les demandes des hockeyeurs soient mieux comblées, eux qui mettent leur corps à épreuve lors des longs matchs comme peu d'athlètes le font.

Entre chaque prolongation du match no 1, les Hurricanes ont misé sur leur responsable du conditionnement physique, Bill Burniston, leur nutritionniste, leur chef et un groupe d'employés de soutien. Ils ont fait tout en leur possible pour donner à l'équipe l'énergie nécessaire pour poursuivre le match et tenter de le gagner.

« La première chose que j'ai dite après le match est que je n'en croyais pas mes yeux de voir autant de minutes d'effort de la part des joueurs, a mentionné Burniston. Ces gars sont d'incroyables êtres humains. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'ils sont des machines, mais ils n'en sont pas loin. »

Avec la participation d'Amalie Benjamin, journaliste NHL.com et Aaron Vickers, correspondant indépendant NHL.com