sens-2

Qui donc a vu venir les Sénateurs d'Ottawa ?
Ceux-là sont priés de lever la main s'il vous plait.
Et de dire tout haut ce que bien d'autres n'ont jamais voulu entendre.

De toutes les équipes canadiennes, les Sénateurs sont sans doute celle qui a passé le plus de temps sous le radar, cette saison.
Sous le radar ou à l'ombre quelque part.
Je m'explique: on a abondamment parlé des Oilers d'Edmonton et de Connor McDavid; des jeunes loups des Maple Leafs de Toronto, considérés comme la puissance de demain; des Canadiens de Montréal, de Carey Price et de l'échange-choc qui a envoyé P.K. Subban aux Predators de Nashville; des exploits de Patrick Laine avec les Jets de Winnipeg; des misères des Canucks de Vancouver; et des Flames de Calgary, qui, envers et contre tous, ont mérité une place dans les séries éliminatoires de la Coupe Stanley.
Les Sénateurs ?
Bof ! Si on daignait en parler de temps à autre, ils faisaient rarement l'objet d'une discussion enflammée.
Et lorsqu'on en parlait, la conversation ne s'éternisait pas.
Comme si un peu tout le monde n'en n'avait rien à cirer.
Et pourtant ...
Il n'y pas si longtemps, les Sénateurs, qui ont bouclé la saison régulière avec un différentiel de buts de moins-4, n'étaient mêmes pas certains de participer aux séries.
Aujourd'hui, ils ne sont plus qu'à deux victoires près de participer à la finale de l'Association de l'est.
Est-ce que ça vous en bouche un coin ?
Moi oui.
Le respect
Cela dit, rien n'est encore joué.
Les Rangers de New York, aux dernières nouvelles, n'ont toujours pas agité le drapeau blanc.
Ils ne l'agiteront pas non plus.
Parlez-en aux joueurs des Canadiens pour voir.
Mais en attendant, les Sénateurs, tombeurs des Bruins de Boston au premier tour, continuent d'étonner la galerie.
Si certaines équipes se dégonflent parfois en séries, d'autres grandissent d'un pouce au deux.
Depuis quelques semaines, les Sénateurs ont probablement grandi de six pouces, minimum.
La seule autre fois de leur histoire où ils ont pris une avance de 2-0 en séries, c'était en finale d'association, cuvée 2007, face aux Sabres de Buffalo.
Menés par Daniel Alfredsson, Dany Heatley et Jason Spezza, entre autres, ils avaient finalement enlevé la série pour ensuite affronter les Ducks d'Anaheim dans l'ultime finale.
Ça veut dire quoi au juste ? Pas grand chose en réalité.
Les Sénateurs de 2007 n'ont rien de commun avec ceux de 2017 si ce n'est leur détermination.
Mais ces Sénateurs, s'ils n'ont encore rien accompli, ont déjà gagné quelque chose: Le respect.
Plus personne ne les regarde de haut.
À vrai dire, ils sont devenus un sujet de conversation fort intéressant.
Et de plus en plus fréquent.
Un « buzz »
Il y a un « buzz » autour de ces Sénateurs.
L'équipe qu'on n'attendait pas occupe de plus en plus de place.
Et fait tourner bien des têtes.
Ils ont un gardien de but Craig Anderson qui multiplie les arrêts importants, un défenseur Erik Karlsson qui, certains soirs, a des allures de Bobby Orr et plusieurs joueurs solides bien campés dans leur rôle.
Ils ont même un schtroumpf combien tenace et infatigable, Jean-Gabriel Pageau, qui pas plus tard que samedi s'est taillé une place dans les légendes du printemps avec une performance de quatre buts, dont celui de la victoire en deuxième période de prolongation.
Certains diront que le gardien des Rangers Henrik Lundqvist ne ressemble en rien au gardien qui a sorti les Canadiens des séries.
Ils n'ont pas tort, mais ça n'enlève rien aux mérites des Sénateurs.
Le duo Dorion-Boucher
Ils sont franchement bons, les Sénateurs.
Et si le succès d'une équipe commence souvent au deuxième étage et derrière le banc, il faudrait peut-être se tourner vers le directeur général Pierre Dorion et l'entraîneur Guy Boucher, qui effectue un retour en force trois ans après avoir été congédié par le Lightning de Tampa Bay.
Si son purgatoire a été plus long que prévu, il n'a pas été vain.
En peu de temps, Dorion et Boucher ont redressé une équipe qui, il n'y pas si longtemps, donnait l'impression d'avoir perdu tout sens d'orientation.
Le duo Dorion-Boucher a fait des merveilles.
Et il mérite qu'on le dise haut et fort.