Subban_NSH

À écouter parler un peu tout le monde, personne, je dis bien personne, n'aurait osé échanger P.K. Subban aux Predators de Nashville contre Shea Weber en juin dernier.
À cela, je réponds qu'il y a des gens, des journalistes comme des amateurs, qui ont la mémoire assez courte, merci.

Je n'ai jamais caché mon penchant pour Subban. À cause de son style flamboyant et de sa capacité de changer le cours d'un match.
À cause de son dynamisme aussi. Subban, même s'il était capable du pire comme du meilleur, avait le don d'animer, de pimenter les matchs.
Nous étions nombreux à tenir pareil discours, mais ils étaient également fort nombreux à condamner son audace, ses efforts individuels et ses décisions parfois douteuses en fin de rencontre.
« Il cause beaucoup trop de revirements, qu'on disait. Il essaie d'en faire trop et il prend carrément trop de place dans l'équipe. Et il n'est pas facile à diriger ... »
Et j'en passe. Et des meilleures.
Quoi qu'on en dise, Subban, s'il avait son armée de partisans, était loin de faire l'unanimité.
Ses dénigreurs préfèrent sans doute ne pas se souvenir.
À Nashville, il commet encore des revirements et il prend encore des décisions parfois douteuses.
Mais graduellement, il est rentré dans le rang. Sans faire de vague.
Il a compris son rôle et il connaît mieux ses limites.
Celui que l'ancien entraîneur des Canadiens de Montréal Michel Therrien a déjà qualifié de pur-sang a finalement été dompté dans ... la capitale de la musique country.
Et c'est tout à l'honneur de l'entraîneur des Predators Peter Laviolette et de ses adjoints.
Un autre bouc émissaire
Ce qui m'amène à Phil Kessel, le troisième mousquetaire de la formidable offensive des Penguins de Pittsburgh menée par Sidney Crosby et Evgeni Malkin.
Le spécial K des Penguins a eu un parcours sensiblement comparable à celui de Subban avec les Predators.
Avant d'être sacré mousquetaire, Kessel, souvenez-vous, a été traité de tous les noms au cours de son passage chez les Maple Leafs de Toronto.
On lui avait confié le lourd mandat de redresser une concession en déroute, une concession qui, à l'époque, avait perdu tout sens d'orientation. Et de discernement.
Mal appuyé, Kessel, malgré des talents de marqueur, qui ne se sont jamais démentis, a été incapable de relever un défi perdu d'avance.
Les Maple Leafs se devaient de rebâtir leur équipe de A à Z et Kessel était condamné à ramer seul ou presque.
Seul contre tous, il a coulé à pic sous un déluge de critiques aussi virulentes les unes que les autres.

« Un joueur égocentrique, qu'on disait. Il ne pense qu'à marquer des buts. Avec Kessel, les Maple Leafs n'iront jamais nulle part ».
Encore là, j'en passe.
Et des meilleures.
Finalement, les Maple Leafs, embourbés et toujours à la recherche d'une formule magique, ont mis un terme à leur relation avec l'attaquant Américain en juillet 2015; en compagnie de Tyler Biggs, Tim Erixon et d'un choix conditionnel de deuxième tour, ils l'ont échangé aux Penguins moyennant Kasperi Kapanen, Scott Harrington, Nick Spaling et des choix conditionnels de première et troisième ronde.
L'entourage
Dans le sport, c'est bien connu, le jury a parfois tendance à rendre son jugement rapidement.
On est vite sur la gâchette, comme on dit.
Aujourd'hui, Subban participe à l'ultime finale pour la première fois de sa carrière alors que Kessel espère soulever la Coupe Stanley pour une deuxième année consécutive.
Chez les Predators, Subban est visiblement mieux entouré. Au contact de défenseurs tels que Mattias Eklolm et Roman Josi, entre autres, il a grandi.
Et il a appris.
Il ne sent plus le besoin d'enfiler son costume de Superman et d'essayer de gagner un match à lui seul.
Kessel? Il n'a plus la tâche de transporter une équipe à bout de bras match après match.
Chez les Penguins, il est un excellent joueur parmi d'autres.
Crosby et Malkin sont les véritables chefs de file. Kessel est là pour les seconder. Nuance.
Et le principal intéressé, vraisemblablement, s'en porte à merveille.
Au sein de leur formation respective, Subban et Kessel sont deux acteurs qui, dans les faits, n'ont pas beaucoup changé.
C'est leur rôle, qui a changé.
Ils prennent moins de place.
Ils se contentent de prendre la leur. Tout simplement.