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RALEIGH, Caroline du Nord – Les Panthers de la Floride avaient toutes les raisons au monde de célébrer bruyamment, de s’enlacer et de se féliciter : ils venaient à peine d’obtenir un billet pour la finale de la Coupe Stanley pour une troisième année de suite.

Tout ça en éliminant les Hurricanes de la Caroline au terme d’une courte victoire de 5-3 dans un match haut en rebondissements, et plutôt tendu, au Lenovo Center mercredi.

Mais quand les joueurs sont sortis de la patinoire après avoir posé avec le trophée Prince-de-Galles, sans le toucher, on aurait pu penser qu’ils venaient de remporter le match no 37 de la saison régulière. Pas de cris, pas trop d’excitation et surtout pas de champagne.

Le travail n’est pas terminé pour les champions en titre.

« On disait justement à la blague que nous allions garder nos casques pour la photo si nous atteignons encore cette étape l’an prochain, a lancé Carter Verhaeghe, l’auteur du but gagnant. C’est sûr que c’est émotif de se rendre aussi loin, mais c’était un plus gros accomplissement à notre première année.

« C’est très différent cette année. L’objectif en soi est différent. »

C’est évident qu’après avoir remporté la Coupe Stanley dans un match ultime, il y a près d’un an, le sentiment de passer en finale est peut-être un peu différent. Surtout que les Panthers connaissent l’ampleur de la tâche à accomplir en finale, si les Oilers d’Edmonton les y rejoignent dans une reprise de l’an dernier.

Ces derniers mènent présentement 3-1 dans la finale de l’Ouest face aux Stars de Dallas.

« Il y a eu un petit party pour deux minutes, a souligné Aleksander Barkov. Nous ne sommes pas ici pour remporter le titre de l’Association de l’Est. C’est un grand accomplissement, je ne dénigre pas l’exploit. Mais nous sommes là où nous voulons être. On veut gagner la Coupe Stanley. »

Il faut préciser ici que le capitaine n’est pas du genre à s’énerver, peu importe la raison. L’attaquant finlandais en a fait la démonstration sur la glace, quelques instants avant d’offrir ce point de presse très posé. C’est lui qui a mis la table de brillante façon pour le but gagnant de Verhaeghe, avec 7:39 à faire.

FLA@CAR: Superbe travail de Barkov pour Verhaeghe

À ce moment, les Hurricanes venaient à peine de créer l’égalité, et la foule était bruyante au possible. Barkov a récupéré la rondelle derrière le filet adverse, s’est moqué de Dmitry Orlov puis d’Eric Robinson avant de refiler le disque à son coéquipier, qui n’avait qu’à enfiler l’aiguille dans une cage presque béante.

« Tout s’est passé vite, a raconté Barkov. J’avais de la vitesse et j’ai seulement tenté de protéger la rondelle. J’ai vu Carter à l’embouchure, de l’autre côté, et c’est à lui que tu veux la donner dans ces moments-là. »

Il a alors été interrompu par son coéquipier Evan Rodrigues, assis à ses côtés, de façon légèrement plus expressive : « C’était malade, Barky! » C’est une description du jeu un peu plus fidèle à la réalité, et celle qu’on tentait d’avoir de la bouche de Barkov, en vain.

« Ça démontre exactement le genre de personne qu’il est, a ajouté Rodrigues. Il ne s’emporte jamais avec le bon ou le mauvais. Et juste au moment où le match devient très intense, très émotif, il est capable d’atteindre ce niveau, encore et encore. Son talent brille de pleins feux dans ces moments. »

Le vent tourne

Le fait que le capitaine appose sa signature sur ce match et cette série allait de soi. Cette victoire a été à l’image des Panthers et de leur façon de jouer. À l’image de la culture implantée par Barkov.

La troupe de Paul Maurice a subi les foudres des Hurricanes au premier tiers. Elle tirait de l’arrière par deux buts après 20 minutes, et on semblait se diriger tout droit vers un retour en Floride et un sixième match dans cette série, que les Panthers menaient 3-0.

« On sait comment cette équipe joue dans cet amphithéâtre, a expliqué Sam Reinhart. On savait qu’ils allaient amorcer le match en force. Ils nous ont forcés à défendre, et ils ont profité de leurs chances. Mais j’ai aimé notre calme et notre façon d’amorcer la deuxième. »

« Il restait 40 minutes à jouer, et on est capables de marquer des buts, a renchéri Maurice. Nous ne voulions absolument pas encaisser un troisième but. C’était notre objectif principal. »

Les Panthers n’en ont pas accordé un troisième avant la troisième période. Dans l’intervalle, ils en ont inscrit trois en l’espace de 4:36 en deuxième pour prendre les devants. Ils avaient alors les Hurricanes dans les câbles, et ont terminé le travail au dernier tiers, malgré le but égalisateur de Seth Jarvis.

Ils ont même écoulé un désavantage numérique – un sixième (!) – dans les trois dernières minutes du match pour fermer les livres. Le joueur puni, Sam Bennett, s’est chargé de marquer dans un but désert à sa sortie du banc des punitions. Ils sont difficiles à ébranler, ces Panthers.

« Nous allons profiter de cette victoire parce qu’elle n’était pas facile, a conclu Maurice. Il y a eu des hauts, des bas, et des émotions sur cette grande scène. Pour le reste, on comprend qu’on n’a franchi que trois étapes sur quatre. Il y en a encore beaucoup à accomplir. »

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 4:36

C’est le temps que ç’a pris aux Panthers pour effacer un déficit de deux buts et prendre les devants 3-2 en deuxième période. Matthew Tkachuk et Evan Rodrigues ont fait 2-2 en l’espace de 30 secondes, puis Anton Lundell a complété cette séquence productive.

Un déblocage au meilleur moment

Le jeu de puissance des Panthers avait été blanchi à ses huit derniers déploiements dans les deux derniers matchs, et n’avait pas réussi à débloquer en deux occasions au premier vingt.

Ça commençait à devenir un problème. Jusqu’à ce que Tkachuk ne fasse dévier le tir de la pointe d’Aaron Ekblad sur la troisième chance des Panthers – gracieuseté de la punition à Jesperi Kotkaniemi. Ç’a été le début de la fin pour les Hurricanes.

« Leur désavantage numérique faisait du bon travail pour couper les lignes de passes et bloquer les tirs, a analysé Tkachuk. Tout ce jeu a commencé grâce à la pression appliquée par Barkov en échec avant. J’ai été récompensé pour ses efforts, et ça nous a permis de nous mettre en marche. »

La meilleure période des Hurricanes (et la seule)

Après 20 minutes, tout semblait sourire aux Hurricanes.

Ils ont conclu le premier vingt en menant 2-0 au score, 20-9 au chapitre des mises en échec et 9-5 pour les tirs. C’était une domination en règle. Les hommes de Rod Brind’Amour s’en sont même donné à cœur joie après les coups de sifflet, embarquant dans le jeu des Panthers pour la première fois de la série.

Les Hurricanes avaient une fiche parfaite de 3-0 quand ils menaient après une période, et une autre de 6-0 lorsqu’ils marquaient le premier but dans ces séries. Cette séquence a pris fin au moment le plus important.

Un nouveau patient à l’infirmerie

Les Panthers ont retrouvé les attaquants Sam Reinhart et A.J. Greer ainsi que le défenseur Niko Mikkola pour ce match, mais ils ont perdu les services d’Eetu Luostarinen dès la première période.

Le grand finlandais est entré durement en collision avec la rampe en tentant une mise en échec, et il a titubé en se relevant pour se diriger vers son banc. Il n’a pas effectué sa dernière présence de l’engagement et n’est pas revenu au jeu dans la rencontre.

Le trio qu’il complète avec Anton Lundell et Brad Marchand est une constante depuis plusieurs semaines au sein de la formation floridienne. Maurice a indiqué que la blessure de Luostarinen ne semblait pas si sérieuse et qu’il serait prêt pour le début de la finale.