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SUNRISE, Floride – Jaccob Slavin avait encore frais en mémoire le discours qu’a livré Alexander Nikishin après la victoire de 3-0 des Hurricanes de la Caroline face aux Panthers de la Floride, lundi.

« Bon match… Étape par étape… Bon travail », a lancé le vétéran défenseur en tentant d’imiter son coéquipier russe à l’anglais encore rudimentaire.

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Les discours les plus courts sont souvent les meilleurs. Et celui de Nikishin aurait difficilement pu mieux résumer la situation : les Hurricanes ont évité le balayage en offrant leur meilleure prestation de cette finale de l’Est. Ils rentrent à la maison avec la possibilité de faire durer le plaisir lors du cinquième match, mercredi.

Les champions en titre ont toujours une confortable avance de 3-1 dans la série, et ce n’est tout de même pas cette première défaite qui va les ébranler. Surtout qu’ils ont été dans le coup jusqu’à ce que la troupe de Rod Brind’Amour confirme son gain avec deux buts dans un filet désert en fin de match.

Mais après tout ce qui a été dit sur le manque de compétitivité des Hurricanes dans les derniers jours, ils ont mérité le droit de savourer cette victoire – une première en 16 matchs en finale de l’Est.

« On ne s’emballera pas trop. On sait que les Panthers reviendront encore plus forts au prochain match, a amorcé l’entraîneur. Mais nous allons en profiter pour quelques heures. On s’en est beaucoup pris à cette équipe, alors je pense qu’on peut être fiers du résultat. »

Ils ont enfin un peu de positif sur lequel bâtir un semblant de confiance.

D’abord, ils ont obtenu leur toute première avance de la série grâce à un but de Logan Stankoven. Le dynamique attaquant a accepté la brillante remise de Nikishin – son premier point en séries, et en carrière – pour allumer les siens à 10:45 de la deuxième période.

Ils ont ensuite conservé cette mince avance, ce qui n’est jamais chose simple contre une équipe qui ne lâche pas le morceau comme les Panthers. Ils l’ont d’ailleurs fait en écoulant quatre désavantages numériques, dont trois après le but de Stankoven.

La formation floridienne n’a obtenu que quatre tirs au but en huit minutes de jeu de puissance, le résultat d’un engagement sans condition des spécialistes défensifs des Hurricanes.

« J’ai eu l’impression qu’on a gagné du momentum avec ces désavantages numériques, a souligné l’attaquant Sebastian Aho. Il s’agissait de gros moments dans ce match. Freddy a été incroyable, tout semblait facile pour lui. Le désavantage numérique est assurément l’une des raisons de cette victoire. »

« Freddy », c’est Frederik Andersen - un autre élément à ajouter à la liste des choses positives. Le gardien a signé un jeu blanc de 20 arrêts après avoir regardé le dernier match du bout du banc. Après avoir cédé neuf fois sur 36 tirs lors des cinq premières périodes de cette série, surtout.

« Il a fait face à des tirs très dangereux et complexes, ce soir, et ç’a semblé très facile pour lui, a analysé Brind’Amour. C’est quand il joue comme ça qu’on sait qu’il est dans la zone. Cette position est névralgique dans cette série. On a obtenu les arrêts tôt dans le match, et nous avons pu jouer à notre façon. »

On a assurément vu un peu plus de ce qui a permis aux Hurricanes de se faufiler en finale de l’Est en seulement 10 matchs. De l’échec avant soutenu, une plus grande créativité offensive, un peu plus de robustesse et de chien, mais surtout une volonté d’éviter de subir l’humiliation d’un balayage.

« Tout le monde a joué avec cœur, a observé Slavin. On a joué extrêmement dur. On sait qu’on a un bon groupe dans ce vestiaire. On a toutes les pièces. Il faut simplement jouer comme ça tous les soirs. On l’a fait du début à la fin, tous ensemble. C’est la bonne recette. »

Du caractère, enfin

Il y a aussi eu dans ce gain une preuve de caractère. Les Hurricanes auraient pu s’effondrer à plusieurs moments dans ce match, comme ils l’ont fait dans les trois précédents.

On se souviendra des trois pénalités qu’ils ont dû écouler après avoir pris les devants. Mais on a réellement craint pour le moral du groupe quand le but de Mark Jankowski, qui aurait doublé l’avance des Canes avec un peu plus de 13 minutes à faire au match, a été refusé à la suite d’une révision pour un hors-jeu.

Les Panthers auraient pu s’en servir comme tremplin pour créer l’égalité à l’autre bout. Pas cette fois.

« Les gars ont fait du bon boulot pour garder le cap, a fait valoir Staal. Nous avons eu des hauts et des bas dans cette série, et les tournants ont rarement été en notre faveur. Ç’aurait assurément pu en être un autre. On aurait pu se mettre à jouer sur les talons, mais on a continué à faire ce qu’on faisait de bien. »

Ils devront remettre tout ça en œuvre – encore mieux probablement – au prochain match. Les Panthers sentent encore l’odeur du sang, et une troisième présence en finale consécutive est toujours à leur portée.

« Cette défaite n’est même pas un voyant d’alarme sur leur radar, a illustré Brind’Amour. Je suis persuadé qu’ils sont encore très calmes. Il faudra garder le pied sur l’accélérateur pour se donner une autre chance. »

Hurricanes vs Panthers | Match no 4 | Résumé

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 1

C’est la première victoire des Hurricanes en finale d’association depuis 2006. Ils avaient battu les Sabres de Buffalo lors du septième match, sur un but gagnant de… Rod Brind’Amour. Depuis, ils avaient été balayés trois fois de suite à cette étape.

« C’est bien de ne plus avoir à parler de ça », a simplement dit l’entraîneur.

Nikishin attire les regards

Nikishin s’était attiré les louanges de Brind’Amour pour la qualité de son jeu dans les derniers jours et il en a rajouté dans ce match.

Le défenseur recrue, qui disputait seulement son troisième match en carrière, a été très solide et n’a pas hésité à faire sentir sa présence. Il a terminé la rencontre avec pas moins de cinq mises en échec et a servi une superbe passe à Stankoven sur le premier but des Hurricanes.

CAR@FLA: Stankoven trouve la lucarne pour faire 1-0

L’arrière, qui s’est amené de la Russie en fin de saison, a été jeté dans la gueule du loup en raison des blessures aux défenseurs Jalen Chatfield et Sean Walker. Il répond de brillante façon.

« Il ne se laisse pas impressionner, a indiqué Brind’Amour. Parfois, les recrues arrivent dans la Ligue et ne réalisent pas l’ampleur du moment. Ça leur prend même quelques années pour comprendre à quel point ces matchs sont importants. Il accomplit de l’excellent travail pour nous. »

La bonne vieille méthode

Fidèle à son habitude, Paul Maurice a décidé de servir de paratonnerre à ses joueurs après la défaite. Ils n’ont pas grand-chose à se reprocher, ils n’ont pas été atroces, mais le vétéran pilote est toujours du genre à accepter le blâme quand les siens ne parviennent pas à jouer à leur façon.

La formation floridienne est somme toute parvenue à générer de bonnes chances de marquer. Elle n’en a simplement pas profité comme elle en a l’habitude. Il n’y a pas péril en la demeure.

« En fin de compte, j’ai un travail à faire, a dit l’entraîneur. C’est de les préparer à jouer d’une certaine façon, et je n’ai pas réussi à faire ça ce soir. »

Il a ensuite répondu à quelques autres questions avant de remercier les journalistes pour leur temps. Maurice aime assurément garder l’ambiance légère autour de son équipe.

Le repos profite à Andersen

Les Hurricanes devraient penser à offrir du repos à Frederik Andersen le plus souvent possible. Les chiffres le démontrent : le gardien joue très bien quand il obtient au moins trois jours de repos.

Avant la rencontre, il montrait une fiche de 11-7, une moyenne de buts alloués de 1,88 et un taux d’efficacité de ,933 en pareille situation. Il avait aussi signé un jeu blanc; il vient d’en ajouter un deuxième.

C’est évidemment difficile à faire en séries éliminatoires, mais les circonstances ont fait en sorte qu’il a obtenu quatre jours de congé avant de se présenter devant sa cage, lundi. Il n’a d’ailleurs pas voulu aborder le fait d’avoir été laissé de côté au profit de Pyotr Kochetkov au match no 3.

« Je ne veux pas parler de mes sentiments, ce n’est pas important, a-t-il laissé tomber. L’équipe passe en premier. Je suis prêt quand on a besoin de moi. »