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MONTRÉAL – Matthew Tkachuk n’avait pas encore tout à fait réalisé ce qui était en train de se produire jusqu’à ce qu’il se retrouve dans son bureau, autour du filet adverse, et qu’il remarque qu’il n’était pas le seul joueur vêtu de bleu à causer du chaos après un coup de sifflet.

À ses côtés, son frère Brady faisait la même chose en passant son gant au visage d’un adversaire.

« Ça faisait déjà quelques présences qu’on effectuait ensemble, mais on dirait que j’étais trop dans le match pour comprendre ce qui se passait, a expliqué Matthew. C’est vraiment quand on s’est retrouvé tous les deux dans une échauffourée que ç’a cliqué. On en a ri au banc tous les deux, et après ça, on s’est mis en marche. »

Les deux frères Tkachuk étaient en train de vivre une scène qu’ils ont imaginée des centaines de fois dans leur entrée de garage de St. Louis. Ils jouaient dans la même équipe, sur le même trio.

À la seule différence, c’est qu’ils avaient le chandail des États-Unis sur le dos et qu’ils jouaient au Centre Bell sur la grande scène de la Confrontation des 4 nations. Pour le reste, ça devait être assez similaire. Ils ont inscrit quatre des six buts des leurs – deux chacun – dans une victoire de 6-1 face à la Finlande, jeudi.

« Je ne l’ai pas encore réalisé, a admis Brady. Je peux seulement imaginer à quel point nos parents, notre famille et nos amis sont fiers de nous. J’étais déjà très excité pour ce tournoi, et c’est déjà la meilleure expérience hockey de toute ma vie. De jouer avec lui, d’être ensemble tous les jours, c’est incroyable. »

Ce n’était pas exactement le plan initial.

Brady a amorcé le match à la gauche de J.T. Miller et de Matthew Boldy sur le troisième trio – c’est d’ailleurs avec eux qu’il a marqué son premier but en première période – mais avec une égalité de 1-1 à la mi-match, l’entraîneur Mike Sullivan était à la recherche d’une étincelle.

Et quoi de mieux pour un entraîneur dans cette situation que de compter sur les deux pestes les plus détestables et les plus talentueuses de la LNH? La décision d’insérer Brady avec Jack Eichel et son frère, à la place de Kyle Connor, a été facile à prendre.

« Ces deux gars sont non seulement de bons joueurs, mais ils sont d’excellents coéquipiers, a vanté Sullivan. Ça doit être assez cool quand tu as l’occasion de jouer avec ton frère. Il y a sûrement plus de motivation, plus d’inspiration dans leur jeu. On en avait parlé avant même le début du tournoi.

« Quand on les a placés avec Jack, ils ont réussi à nous entraîner dans la bataille. »

Les résultats ne se sont pas fait sentir immédiatement, mais les choses ont vite déboulé au retour du vestiaire en troisième alors que les Américains menaient déjà 2-1. Matthew a touché la cible en avantage numérique à 15 secondes avant de voir Jake Guentzel l’imiter, 11 secondes plus tard.

Puis, le petit frère en a ajouté avec trois minutes d’écoulées – avec l’aide du grand frère. À 5-1, le match était hors de portée des Finlandais, mais ça n’a pas empêché Matthew d’ajouter l’insulte à l’injure sur le jeu de puissance en milieu d’engagement.

Assis dans les gradins, Papa Keith s’est même gardé une gêne en restant assis au lieu de célébrer comme il l’avait fait pour les premières réussites de ses fils. Brady a terminé la rencontre avec deux buts et huit mises en échec tandis que Matthew a récolté deux buts et une passe en plus de décocher huit tirs.

« C’était encore mieux que dans nos rêves, a lancé Brady. Juste le fait que ce soit arrivé est incroyable. Je n’ai pas vraiment les mots pour décrire ça en ce moment. Cela dit, nous ne sommes pas encore satisfaits. Nous voulons continuer de nous créer des souvenirs. »

Une belle trouvaille

L’occasion sera assurément belle de le faire contre le Canada, samedi, dans ce qui devrait être le plus gros affrontement de la Confrontation – à moins que les deux équipes se retrouvent en finale, à Boston. À les entendre parler, les deux frères et Eichel n’ont pas l’intention d’être séparés.

« Avec sa vitesse, sa vision et sa fiabilité, Jack est le centre parfait pour Brady et moi, a quant à lui vanté Matthew. Il aime transporter la rondelle, alors ça simplifie notre jeu. Ça n’a pris que quelques présences avant d’être capable de s’établir en territoire adverse. Eichel a sonné la charge pour nous. »

« Les deux travaillent extrêmement fort et sont capables de réussir beaucoup de jeux, a fait valoir Eichel. Ils sont bons le long des rampes et autour du filet. C’est assez facile de jouer en leur compagnie. Dans mon cas, je dois seulement utiliser ma vitesse et être responsable défensivement. »

Après ce que les trois ont réussi à faire en une période et demie, il serait aussi surprenant que Sullivan ait d’autres plans en tête pour la suite des choses.

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 11

Les États-Unis ont brisé les reins de la Finlande avec deux buts en onze secondes au début de la troisième période. Matthew Tkachuk, en supériorité numérique, et Jake Guentzel ont tour à tour déjoué Juuse Saros.

USA@FIN: Tkachuk et Guentzel marquent coup sur coup

Un accueil glacial

Les Américains s’y attendaient. Ils savaient qu’ils joueraient en territoire hostile à Montréal. Michel Lacroix, la voix des Canadiens et de la Confrontation des 4 nations au Centre Bell, a répété le même message en demandant aux partisans de respecter les hymnes nationaux.

Malgré cette demande, il y avait de nombreuses huées lors de l’interprétation du Star-Spangled Banner de la part d’Alexandre Sylvestre. À l’image de la veille où il avait participé à une cérémonie protocolaire, Auston Matthews a attiré son lot de huées pour la présentation de la formation partante américaine.

Durant le match, des partisans américains ont scandé des « USA, USA, USA », mais ils se faisaient rapidement enterrer par des chants pour la Finlande. Mais en troisième période, où la domination américaine était évidente, c’est devenu plus calme.

Les liens du Wild

Le scénario inattendu d’une victoire de la Finlande a déraillé en fin de deuxième période. Matt Boldy a redirigé une frappe de la pointe de son coéquipier avec le Wild du Minnesota, Brock Faber. Il a ainsi battu Saros pour procurer une avance de 2-1 aux Américains.

« Matt a joué un bon match, comme toujours, a dit Faber dans le vestiaire des Canadiens au Centre Bell. Il a facilité mon travail sur notre but. Je savais qu’il était pour dévier mon tir. J’avais une bonne ligne de tir et il a réussi à y toucher. »

Boldy (un but, une passe et un dossier de +2) et Faber (une passe et un dossier de +1) ont agi comme deux acteurs clés de cette victoire américaine.

Une disparité salariale

Avant le début de ce tournoi, la Finlande était décrite comme la grande négligée en raison de sa brigade de défenseurs. Avec la blessure à Miro Heiskanen, l’entraîneur en chef Antti Pennanen doit se débrouiller avec des défenseurs qui n’ont rien de joueurs étoiles comme Urho Vaakanainen et Nikolas Mantipalo.

Pour illustrer le débalancement entre les deux pays, les États-Unis avaient une masse salariale de 42,158 millions pour ses six défenseurs, alors que la Finlande se situait à 17,5 millions pour sa brigade.

- Avec la collaboration de Jean-François Chaumont, journaliste principal LNH.com