BINNINGTON BADGE LEPAGE

BOSTON – Jordan Binnington a trouvé le meilleur moyen de changer le narratif qu’il traînait comme un nuage noir tout au long de cette Confrontation des 4 nations.

Le gardien est passé de maillon faible de la formation à véritable héros canadien en seulement huit minutes de prolongation. Sans ses six arrêts, et de véritables vols contre Auston Matthews et Brady Tkachuk, le Canada ne serait probablement pas sorti de la glace du TD Garden avec le trophée au bout des bras.

Moins de quatre minutes après ses petits miracles, Connor McDavid propulsait le pays au sommet de la planète hockey – encore une fois.

« J’ai gardé le même plan de match en prolongation », a dit le portier, qui a réalisé 31 arrêts contre les États-Unis. « Je devais rester dans le moment et donner une chance à l’équipe de gagner. J’ai ressenti beaucoup d’émotions différentes quand j’ai vu Connor marquer. On n’aurait pu écrire un meilleur scénario.

« Cette conclusion était spéciale. Pour nous, pour le pays et pour nos familles. »

Elle l’était pour lui aussi.

Dans les derniers mois, et encore plus depuis le début de la compétition, plusieurs ont douté de sa capacité à accomplir le travail derrière une équipe bourrée de talent à toutes les autres positions. On s’est demandé en plein tournoi si Jon Cooper ne devait pas faire un changement et donner une chance à Adin Hill de prendre la pole.

« C’est ça, le sport, a philosophé l’Ontarien de 31 ans. Il va toujours y avoir des doutes, et comme athlète, tu dois l’utiliser comme motivation et trouver une façon de croire en tes moyens. Il faut garder le cap. »

CAN@USA: Binnington vole les Américains trois fois en suite

Ç’a dû être difficile pour lui d’ignorer tout le bruit extérieur à son sujet. On a analysé à peu près tous les buts qu’il a accordés, les bons comme les mauvais, et la majeure partie du pays lui avait fait porter le bonnet d’âne après la défaite contre les Américains, au tour préliminaire.

« C’est la position la plus sous la loupe depuis le début du tournoi, a reconnu Cooper. Je devais y aller avec un gars du début à la fin. Je n’ai jamais douté de lui ou songé à effectuer un changement parce que je sais qu’il a cette capacité de se lever dans les grands moments. »

Binnington l’avait fait en 2019 dans ce même amphithéâtre. Il avait aidé les Blues de St. Louis à remporter le match ultime de la finale de la Coupe Stanley face aux Bruins de Boston en repoussant 32 tirs.

« Je ne pense pas que les gens de Boston m’aiment beaucoup », a-t-il rigolé.

Sa cote de popularité est probablement au plus bas dans cette ville, c’est vrai. Pendant tout ce match, au cours duquel il a de nouveau connu des hauts et des bas, les partisans ont tenté de l’agacer en chantant son nom ou en se moquant de ses arrêts les plus faciles. Ils riaient moins en prolongation.

« Binner est un gagnant, l’a encensé McDavid. Ultimement, c’est ce qu’il a fait. Il avait déjà gagné un gros match dans cet aréna, il a joué dans de grands moments. Il ne se laisse pas affecter par ça. Il a fait trois ou quatre énormes arrêts en prolongation. J’espère que ses détracteurs vont le lâcher maintenant. »

Ils auront beau dire ce qu’ils voudront, le résultat restera le même. Binnington a aidé le Canada à remporter la Confrontation des 4 nations. Et il est toujours un candidat pour un poste au sein de l’équipe qui participera aux Jeux olympiques, dans moins d’un an.

« Si nous avions gagné en temps réglementaire, on n’aurait pas dit que Jordan Binnington a sauvé le match, a conclu Cooper. Mais il y a eu une prolongation et c’est ce qu’il a fait. Il a gardé le meilleur pour la fin. Et c’est ce que les gagnants font. »