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Vous avez peut-être imaginé Steven Stamkos assis dans les bureaux de Newport Sports à Mississauga, en Ontario, alors que des équipes faisaient la file avec des fleurs, du chocolat et des copies de leurs alignements.
Ou encore en train de faire une tournée nord-américaine, s'arrêtant dans des villes comme Buffalo, Detroit et Vancouver, car il connaissait déjà trop bien Tampa et Toronto.

Cependant, malgré le fait que plusieurs équipes eurent manifesté leur intérêt, il n'y a pas eu de grandes présentations ou de grande tournée pour Stamkos au cours de la période d'entrevues qui s'est amorcée samedi. Il y a au moins quelques équipes parmi celles qui avaient démontré de l'intérêt qui n'ont jamais été invitées à lui faire une présentation personnelle.
Et finalement, moins de 48 heures avant qu'il ne devienne le plus gros nom de l'histoire à se retrouver sur le marché des joueurs autonomes sans compensation de la LNH, Stamkos a décidé de demeurer avec le Lightning de Tampa Bay et a accepté un contrat de huit ans d'une valeur de 68 millions $, selon ce que rapporte TSN.
Pourquoi attendre aussi longtemps pour finalement décider de ne pas explorer la totalité du marché, et encore moins de tester ce marché? Pourquoi accepter un contrat qui serait d'une valeur annuelle moyenne de 8,5 millions $, alors qu'il aurait pu toucher un montant bien plus élevé?
Il s'agissait d'une opportunité pour Stamkos. Mais aussi d'un dilemme.
Stamkos a 26 ans et est toujours un marqueur qui appartient à l'élite. Il a remporté deux championnats des buteurs et a marqué en moyenne 0,55 but par match au cours de sa carrière dans la LNH, au deuxième rang des joueurs actifs derrière le capitaine des Capitals de Washington Alex Ovechkin.
À son âge et à une époque où il est difficile de marquer dans la LNH, il demande un salaire élevé, même si des équipes hésitent beaucoup à utiliser une trop grande partie de leur masse salariale à un seul joueur alors que la profondeur est tellement importante.
Des équipes comme, au hasard, le Lightning.
D'où le dilemme.
Stamkos est dans une excellente situation à Tampa Bay. Il est le visage de l'organisation et le capitaine de l'équipe. Il a de bonnes chances de gagner, étant donné que le Lightning a atteint la Finale de la Coupe Stanley l'an dernier alors qu'il était en uniforme, et qu'il est passé à un match d'y retourner cette année sans ses services. Il a été tenu à l'écart des séries éliminatoires de la Coupe Stanley jusqu'au match no 7 de la finale de l'Association de l'Est, perdu par le Lightning contre les Penguins de Pittsburgh, après avoir subi une opération pour retirer un caillot sanguin.
Le Lightning a pu lui offrir un contrat de huit ans en vertu de la convention collective, alors que les autres équipes ne pouvaient lui soumettre une entente de plus de sept ans.
Oh, et la Floride est un État où il n'y a pas d'impôt sur le revenu.
Alors pourquoi est-ce que Stamkos n'a pas accepté un contrat du Lightning depuis longtemps? Eh bien, il veut jouer au centre, et l'entraîneur Jon Cooper préfère qu'il évolue à l'aile droite. Mais le plus grand problème était que le Lightning ne pouvait lui verser le salaire qu'il aurait pu toucher sur le marché, tout en conservant une marge de manœuvre suffisante pour garder intact le noyau de joueurs de soutien afin de conserver les meilleures chances de l'emporter.
Les attaquants Alex Killorn et Nikita Kucherov sont joueurs autonomes avec compensation cette saison. Les attaquants Tyler Johnson et Ondrej Palat doivent devenir joueurs autonomes avec compensation l'an prochain, soit au même moment où le défenseur Victor Hedman pourrait devenir joueur autonome sans compensation.
Le directeur général Steve Yzerman ne pouvait se permettre d'accorder trop d'argent à Stamkos tandis que les autres équipes étaient peut-être prêtes à faire de Stamkos l'un des joueurs les mieux payés de la ligue au chapitre du salaire moyen annuel, avec des offres potentiellement plus élevées que les 10,5 millions $ que les Blackhawks de Chicago ont accordés à Patrick Kane et Jonathan Toews.
Le choix de Stamkos revenait à cela : accepter moins d'argent et avoir une meilleure chance de l'emporter à Tampa Bay, ou toucher plus d'argent pour voir ses chances de gagner diminuer ailleurs. En raison des impôts, il se peut bien qu'il n'ait pas vraiment touché plus ailleurs, du moins pas beaucoup plus, mais il aurait certainement eu moins de chances de l'emporter, du moins au début.
Detroit? Les Red Wings ont participé aux séries éliminatoires au cours des 25 dernières saisons, misent sur des jeunes talentueux, dont Dylan Larkin, et ils déménagent dans un nouvel aréna en 2017-18. Ils ont besoin d'un centre no 1, surtout maintenant que Pavel Datsyuk a décidé de quitter la LNH. Ils ont cependant été éliminés en première ronde des séries au cours des trois dernières années, leurs deux dernières éliminations ayant été subies aux mains du Lightning. Stamkos devait se demander s'ils allaient redevenir des aspirants à la Coupe Stanley avec lui dans la formation.
Buffalo? Les Sabres ont fait le plein de jeunes joueurs comme Jack Eichel, le deuxième choix au total du repêchage l'an dernier. Le directeur général Tim Murray a indiqué samedi que les Sabres allaient pourchasser « le plus gros poisson » sur le marché des joueurs autonomes et qu'il n'avait pas peur de dépenser pour attirer Stamkos dans ses filets, car il misait sur assez de joueurs écoulant des contrats moins dispendieux autour de lui. Murray a également mentionné que Stamkos jouerait au centre. Cependant, l'équipe a raté les séries au cours des cinq dernières campagnes. Stamkos devait se demander si les Sabres allaient être en mesure de participer aux séries éliminatoires s'il se joignait à eux, avant de se demander s'il faisait d'eux des aspirants aux grands honneurs.
Toronto? Les Maple Leafs sont l'équipe d'enfance de Stamkos. Ils ont fait d'Auston Matthews le premier choix au repêchage de la LNH vendredi dernier. Cependant, l'entraîneur Mike Babcock ne s'est pas engagé à faire jouer Stamkos au centre, et Toronto a raté les séries au cours des trois dernières années, et 10 fois au cours des 11 dernières saisons. Stamkos devait se poser à propos des Maple Leafs la même question qu'avec les Sabres : quand vont-ils retourner en séries, ou devenir de réels aspirants?
Vancouver? Montréal? Boston? New York, que ce soit les Islanders ou les Rangers? Aucune de ces destinations ne représentait une solution sans risque. La seule chose qui était certaine était le paradoxe du choix : plus d'options, plus de stress. C'est un bon problème à avoir que de devoir laisser moins d'argent lorsque l'on obtient tout de même en moyenne 8,5 millions $ par année, mais cela demeure néanmoins un dilemme. À ce point-ci, la plus grande surprise est que Stamkos n'a jamais vraiment voulu aller jeter un coup d'œil par-dessus la clôture pour voir à quel point l'herbe aurait pu être plus verte.