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BROSSARD, Québec - Quand le défenseur Shea Weber est arrivé à son premier camp d'entraînement avec les Canadiens de Montréal, l'automne dernier, il connaissait deux personnes dans l'équipe.
Les circonstances font en sorte que ces deux personnes seront au coeur des dossiers les plus importants chez les Canadiens cet été, et Weber risque de jouer un rôle de premier plan dans les efforts de l'organisation pour inciter ces personnes à rester à Montréal.

Weber connaissait le gardien Carey Price parce qu'ils ont tous deux joué pour le Canada aux Jeux olympiques de 2014 à Sotchi ainsi qu'à la Coupe du monde de hockey 2016, tandis qu'il connaissait l'attaquant Alexander Radulov parce qu'ils ont joué ensemble pendant deux saisons avec les Predators de Nashville.
Maintenant, Price approche du moment où il pourrait signer un nouveau contrat avec les Canadiens avant que son entente actuelle se termine le 1er juillet 2018, et Radulov pourrait devenir joueur autonome sans compensation le 1er juillet prochain après avoir connu une très bonne première saison à Montréal.
La plupart des observateurs s'accordent pour dire qu'au moment d'obtenir Weber des Predators en retour du défenseur P.K. Subban, l'été dernier, le directeur général Marc Bergevin tentait de tirer profit de la fenêtre d'opportunité relativement courte de son équipe pour aspirer à la conquête de la Coupe Stanley. Cette fenêtre est liée à la fin du contrat de Price parce qu'il faudra ensuite lui donner un salaire largement supérieur au montant annuel de 6,5 millions $ qui est associé à son entente actuelle par rapport au plafond salarial.
Weber, qui a 31 ans, est de quatre ans l'aîné de Subban et commencera donc à décliner avant lui. Mais en raison de leur présence, Price et lui permettent aux Canadiens d'aligner une équipe solide défensivement, une équipe qui pourrait être en mesure de tout rafler avant la fin du contrat de Price, bien que ce ne sera pas cette année puisqu'ils ont été éliminés des séries éliminatoires de la Coupe Stanley en six matchs par les Rangers de New York au premier tour dans l'Association de l'Est.
Avec le recul, la présence de Weber pourrait s'avérer un atout tout aussi important en dehors de la glace, en ce sens qu'elle pourrait inciter Price et Radulov à vouloir rester à Montréal.
Quand on a demandé à Weber, lundi, s'il ressentait l'urgence de gagner compte tenu de son âge, il a d'abord réagi en y allant d'une blague.
« Il reste quoi, huit ans à mon contrat?, a lancé Weber en souriant. Alors il me reste huit autres années, non ? »
En fait, il reste neuf ans au contrat de 14 ans d'une valeur de 110 millions $, résultat d'une offre hostile que les Flyers de Philadelphie lui ont avancée en 2012 alors qu'il était joueur autonome avec compensation, selon Capfriendly.com, et que les Predators ont égalée, puis respectée pendant quatre ans avant d'échanger Weber aux Canadiens.
Price est le premier joueur des Canadiens avec qui Weber a communiqué après la transaction. En fait, ils se connaissaient depuis des années, bien avant qu'ils jouent ensemble avec l'équipe nationale, alors qu'ils passaient tous deux leurs étés à Kelowna, en Colombie-Britannique. Weber et Price se rendront ensemble à Kelowna au cours des prochains jours, et Weber a reconnu que Price et lui allaient sans doute finir par parler de l'avenir du gardien.
« Nous allons en discuter, c'est certain, a-t-il dit. Nous ne l'avons pas encore fait, mais nous discutons beaucoup. Je suis sûr que nous allons finir par aborder le sujet. Mais je ne vais probablement pas vous faire savoir ce qu'il va me dire. »
Lorsqu'on lui a demandé si la durée de son contrat pourrait inciter Price à demeurer à Montréal, Weber a répondu que c'est plutôt lui qui aimerait encore plus que le gardien reste étant donné qu'il sera à Montréal encore longtemps.
« [C'est aussi une raison] qui fait en sorte que je veux qu'il soit ici, a-t-il dit. Tu veux jouer avec les meilleurs joueurs, et il est notre meilleur joueur. Alors il n'y a aucune raison que je ne veuille pas jouer avec lui. Donnons-lui également un contrat de huit ans. N'est-ce pas la limite qu'une équipe peut accorder à ses propres joueurs maintenant? Huit ans? Alors, faisons-lui signer un contrat de huit ans. »
Outre leurs liens d'amitié, il y a d'autres raisons qui pourraient inciter Price à vouloir continuer à jouer avec Weber, la principale étant qu'aucun joueur de la LNH qui a disputé au moins 750 minutes de jeu à cinq contre cinq cette saison n'a été sur la glace pour moins de buts accordés par tranche de 60 minutes de temps de glace, selon Corsica.hockey. Ce qui a pour conséquence de rendre la vie de Price beaucoup plus facile quand Weber joue devant lui.
« Je n'ai pas à m'inquiéter autant de la façon dont j'accorde des retours de tir quand il est là, il est toujours bien placé, a noté Price en mars. Bien des gens ne voient pas ce genre de détails, d'habitude ils voient les buts, les mises en échec et les jeux les plus spectaculaires. Ils ne voient pas les petites choses. »
Price a déclaré lundi qu'il était disposé à discuter des modalités d'une nouvelle entente avec les Canadiens dès que les négociations pourront commencer le 1er juillet. Il est tout naturel de se demander à quel point la présence à ses côtés de son bon ami, celui qui joue devant lui pendant les matchs, a influencé cette façon de voir les choses.
Si la perspective de perdre les services de Price a de quoi inquiéter les partisans des Canadiens, la possibilité que Radulov quitte l'équipe par le biais du marché des joueurs autonomes cet été risque d'avoir un impact à plus court terme au sein d'une équipe qui a de la difficulté à marquer des buts.
Radulov, qui a 31 ans, a récolté 54 points (18 buts, 36 aides) en 76 matchs après avoir signé un contrat d'un an avec les Canadiens à titre de joueur autonome, le 1er juillet dernier, soit deux jours après que Montréal eut fait l'acquisition de Weber. Radulov avait auparavant disputé huit saisons dans la KHL, hormis les neuf matchs de saison régulière et les huit rencontres éliminatoires auxquelles il avait participé avec les Predators en 2011-12.
Ce sont ces séries-là qui avaient entaché la réputation de Radulov, alors que les Predators l'avaient suspendu pour avoir raté un couvre-feu. Il était ensuite retourné chez lui en Russie.
Avant de conclure une entente avec Radulov, Bergevin avait besoin de savoir s'il pouvait compter sur lui, et Weber est une des personnes que le directeur général a consultées à ce sujet.
Maintenant que Radulov a fait ses preuves et montré qu'il peut exceller dans la LNH au sein d'un premier ou deuxième trio, et qu'il a la chance de signer un contrat à plus long terme et d'obtenir une augmentation de salaire (il a reçu 5,75 millions $ cette saison), l'attaquant russe n'a pas oublié pourquoi c'est à Montréal qu'on lui a donné la chance de relancer sa carrière en Amérique du Nord.
« [Weber] est d'abord mon ami depuis longtemps, a dit Radulov. Il est celui qui m'a aidé à aboutir ici. Je sais que Marc lui a parlé avant. Je suis reconnaissant à son endroit et j'ai bien aimé jouer avec lui. Espérons que nous pourrons nous entendre et que je reviendrai ici. »
Près d'un an après une transaction qui a été analysée et décortiquée à mort, un nouvel aspect positif dont on ne soupçonnait pas la présence jusqu'ici a fait surface. Weber a toujours été un joueur que ses coéquipiers et ses pairs respectaient au plus haut point, et c'est là une valeur qu'il est difficile de quantifier de l'extérieur.
Cet été, nous pourrions enfin voir les effets tangibles de cette réputation.