APERCU TIGRES BADGE LEPAGE

Pendant toute la semaine, LNH.com fera le portrait des cinq meilleures équipes au classement général de la Ligue de hockey junior majeur du Québec pour mettre la table pour le début des séries éliminatoires. Aujourd'hui, les Tigres de Victoriaville.
VICTORIAVILLE- Carl Mallette était en plein cœur d'une explication bien étoffée sur la culture de son équipe et l'importance qu'il accorde aux habitudes de travail de ses ouailles quand il a senti le besoin d'apporter une précision.

« C'est rare que je lève le ton dans les entraînements comme je l'ai fait ce matin », rigole l'entraîneur-chef, quelques instants après avoir demandé des correctifs à ses joueurs avec un peu plus de fougue et de décibels dans la voix - rien de trop grave.
À LIRE AUSSI: Moncton accueillera le Match des meilleurs espoirs LCH/LNH 2024
Reste que si les Tigres de Victoriaville ont pris le cinquième rang du classement général, un an après avoir été exclus des séries, c'est parce que les standards sont bien établis et qu'ils sont faits pour être respectés. Parce que les demi-mesures ne sont pas acceptées.
La formation des Bois-Francs ne peut pas se le permettre. Contrairement à leurs principaux opposants, qui ont tous au moins six espoirs appartenant à la LNH, les Tigres n'en ont qu'un; le défenseur Frédéric Brunet. Et ils l'ont acquis à la date limite des transactions alors qu'ils flirtaient déjà avec le haut du classement.
Vous aurez donc compris qu'ils compensent l'écart au chapitre du talent par le travail.
« Les habitudes de travail ici sont incroyables, a souligné Brunet, un choix de cinquième ronde des Bruins au dernier encan. Quand je suis arrivé, Carl m'a rencontré et il m'a dit que l'équipe avait une bonne saison grâce au cœur des gars et à leur détermination.
« Il m'a dit que le fait d'être repêché ne changeait rien pour eux, que l'important était comment tu joues et comment tu te donnes pour l'équipe. La culture fait la différence sur la glace, c'est facile à voir. »
Si les Tigres viennent à bout des Voltigeurs de Drummondville au premier tour des séries, ils pourraient devoir se mesurer aux puissances de la section Ouest en deuxième ronde, à moins bien sûr d'une énorme surprise. Un défi loin d'être de tout repos, mais qu'ils aborderaient sans aucun complexe.
« On a été négligés pas mal toute l'année, a fait remarquer Mallette. On ne se sent pas inférieurs, mais on a des choses à prouver tous les jours. Je n'ai pas senti notre équipe complexée contre qui que ce soit cette saison. On n'a jamais joué sur les talons, et c'est ce qui m'impressionne le plus. »
Avec des unités spéciales qui fonctionnent à plein régime - l'avantage numérique (26,9%) et le désavantage (81,2%) sont au deuxième rang dans la Ligue - et le gardien avec le meilleur taux d'efficacité du circuit (,929) en Nathan Darveau, les Tigres n'ont quand même pas à s'autoflageller.

LHJMQ Séries_Tigres

Ils accepteront malgré tout le rôle de négligés, et ses avantages, avec plaisir.
« C'est le fun être dans ces situations-là, je l'ai vécu à Rimouski, a confirmé Brunet, l'ancien capitaine de l'Océanic. On n'a aucun doute en nos moyens et on sait ce qu'on est capables de faire. Si les autres équipes nous prennent à la légère, ce sera leur problème.
« Nous, on est là pour rivaliser, peu importe la puissance qui est devant nous. Elles peuvent bien nous négliger si elles veulent, mais nous, on se met sur le même piédestal. »
Le grand frère
Brunet n'a pas mis trop de temps à prendre sa place dans le vestiaire de sa nouvelle équipe. À 19 ans, il accueille avec enthousiasme la possibilité de jouer pour une formation aspirante et fait tout en son possible pour que son impact soit ressenti à tous les niveaux.
« Il a été comme un grand frère, a vanté Mallette. On a rentré un joueur mature dans sa game et au niveau du leadership. […] Dès la première pratique, on a tout de suite vu pourquoi il était repêché. Il est super facile à diriger, c'est une bonne personne et c'est le fun pour nos jeunes de pouvoir suivre un gars repêché. »
En 30 rencontres à Victoriaville, le gaucher de 6 pieds 3 pouces et 189 livres a récolté pas moins de 10 buts et 28 aides pour se hisser au deuxième rang des pointeurs chez les arrières du circuit. Pas mal pour un joueur repêché à sa deuxième année d'admissibilité et qui a amorcé sa carrière junior à 17 ans.
En ce sens, il n'a fait que poursuivre la longue progression entamée à Rimouski et qui s'est traduite par un début d'éclosion en première moitié de saison (35 points en 36 matchs).
« Quand je suis retourné à Rimouski, ils ont montré une vidéo de mes débuts et j'avais l'air d'un petit bébé, a-t-il lancé en riant. Au niveau de la maturité, du physique et aussi du mental. J'ai tellement grandi; j'étais un kid et je suis rendu un homme. J'ai fait des pas de géant là-bas, et j'ai transféré ce travail-là à Victoriaville. »
Photo: Denis Morin