EDMONTON – Connor McDavid avait reçu un message texte de la part de Ryan Nugent-Hopkins peu de temps après la loterie du repêchage de 2015. Nugent-Hopkins, qui n’avait pas besoin d’une boule de cristal, savait que McDavid allait devenir le premier de classe de ce repêchage qui se déroulait à Sunrise, en Floride.
« Ryan a été l’un des premiers joueurs des Oilers à me contacter après la loterie, a rappelé McDavid à quelques heures du deuxième match de la finale entre les Oilers et les Panthers. J’imagine qu’il l’a fait un peu trop rapidement ! Au départ, je croyais qu’il voulait un peu m’agacer puisque le repêchage n’avait pas encore eu lieu. Mais j’étais heureux de recevoir un mot de sa part. J’en suis maintenant à ma dixième saison avec lui. Nous sommes des coéquipiers depuis longtemps. Nous avons développé une belle relation. »
Assis aux côtés de McDavid dans la salle de conférence du Rogers Arena jeudi matin, Nugent-Hopkins avait un grand sourire dans le visage quand son capitaine a raconté cette anecdote vieille de maintenant dix ans.
« C’était assez fou comme moment à Edmonton, s’est remémoré Nugent-Hopkins. Nous étions tous emballés après la loterie. Et le mot emballé n’est probablement pas assez fort. J’avais brûlé des étapes avec mon texto, mais j’avais confiance que nous allions le repêcher. C’était un moment unique pour les Oilers et la ville d’Edmonton. »
En 2015, les Oilers restaient une équipe bien loin d’aspirer à une finale de la Coupe Stanley. Nugent-Hopkins, le tout premier choix à l’encan de 2011, avait déjà quatre saisons derrière la cravate. Les quatre fois, les Oilers n’avaient pas participé aux séries.
Il y avait l’espoir d’un changement chez les Oilers. Et cet espoir découlait beaucoup de la sélection de celui qu’on décrivait comme le prochain Sidney Crosby ou Wayne Gretzky en Connor McDavid.
« À mes cinq premières saisons avec les Oilers, je n’ai jamais participé aux séries, a rappelé Nugent-Hopkins lors de la journée consacrée aux médias avant le premier match de cette deuxième finale en deux ans contre les Panthers. Il y a peut-être une saison où nous nous étions battus un peu pour une place en séries, mais les autres années, nous étions largués rapidement. Nous avons fini par construire une équipe gagnante, mais nous avons aussi eu le bonheur de repêcher deux phénomènes en Connor et Leon (Draisaitl) en 2014. Ils ont changé le destin de notre équipe.
« Je peux encore plus apprécier où nous en sommes aujourd’hui, puisque j’ai connu les années sombres à Edmonton, a poursuivi le numéro 93. Selon le cliché, on doit perdre avant de gagner. J’ai compris ça depuis longtemps! »
À ses huit premières saisons avec les Oilers, Nugent-Hopkins a connu le hockey des séries à une seule reprise (2017). Après deux autres exclusions en 2018 et 2019, les Oilers ont toujours réussi à se qualifier pour les séries. Avec une deuxième présence en finale, une deuxième fois contre les Panthers, les Oilers donnent le sentiment que les années de vaches maigres restent une histoire lointaine.
« J’ai eu du plaisir à mes premières saisons même s’il y avait des moments frustrants, a dit Nugent-Hopkins en repensant à son parcours. J’étais un jeune homme qui faisait ses débuts dans la LNH. Je découvrais le hockey de la LNH. L’équipe ne gagnait toutefois pas assez souvent. J’ai appris, j’ai compris que ce n’était pas facile de gagner dans cette ligue. Les détails font une grande différence. J’ai vu l’évolution de cette équipe. Nous participons à la finale pour une deuxième année d’affilée. C’est tellement emballant. Nous avons perdu de justesse l’an dernier. Mais nous ne manquerons pas de motivation cette année. »
Une sorte de survivant
À 32 ans, Nugent-Hopkins n’est pas le plus vieux joueur à l’intérieur du vestiaire. Il laisse cet honneur à Corey Perry (40 ans). Mais c’est lui qui détient le titre de doyen au sein des Oilers. Il cogne maintenant à la porte des 1000 matchs (959) dans la LNH après 14 saisons à Edmonton.
Quand on lui demande de décrire sa fierté à l’idée de n’avoir connu qu’une seule équipe dans la LNH, les yeux de l’attaquant originaire de la Colombie-Britannique s’illuminent.
« J’en suis très fier, a-t-il répliqué. C’est un immense honneur pour moi. Je retire une grande fierté à l’idée de jouer pour une seule équipe après autant de saisons. Les Oilers représentent tout pour moi. J’aime l’histoire de l’équipe, j’aime la passion de nos partisans et la ville d’Edmonton. Même dans les années sombres, les partisans restaient fidèles. J’ai probablement été chanceux aussi. J’ai le sentiment qu’un peu tout le monde finissait par se faire échanger, mais les Oilers ont toujours cru en moi. Nous n’avons jamais pris un chemin différent. »
S’il avait un seul souhait à formuler, il serait assez simple.
« J’aimerais tellement réaliser l’objectif ultime, a-t-il souligné. Ce serait immense pour les Oilers et pour Edmonton. »
Avec une égalité de 1-1 dans cette finale, les Oilers se retrouvent à trois victoires de la terre promise. En deux matchs contre les Panthers, Nugent-Hopkins n’a pas encore obtenu de point. Le numéro 93 vient toutefois au sixième rang des meilleurs pointeurs en séries avec 18 points (5 buts, 13 passes) en 18 matchs.