Bellemare Laflamme

SUNRISE, Fl. - Jon Cooper appelle ça de la passion. Pierre-Édouard Bellemare parle de soif d'apprendre. Passion, soif d'apprendre, ça revient au même quand l'objectif est de gagner des matchs de hockey.

C'est en tout cas un mariage parfait entre le Lightning de Tampa Bay et le patineur français qui, à l'âge de 37 ans, est plus que jamais animé d'un grand désir de vaincre et d'une avide soif de savoir.
Bellemare est un joueur de l'ombre, mais quand il brille, on ne manque jamais de faire l'étalage de ses innombrables qualités.
LE premier
Mardi, il a signé une première en étant le premier cousin français à réussir un but gagnant en « playoffs » de la Coupe Stanley.
« Ah oui, c'est vrai ça? », a-t-il répondu un brin incrédule quand on lui a mentionné le fait d'armes, au lendemain du gain du Lightning 4-1 contre les Panthers de la Floride dans le premier acte de la bataille de la Floride.
« Et 'Tex' lui? », a-t-il soumis en parlant du jeune Alexandre Texier des Blue Jackets de Columbus.
Non, les deux réussites de Texier en séries n'ont pas été des buts gagnants.

TBL@FLA, #1: Bellemare profite d'un retour

Et ce joueur au nom anglophone, plus canadien, mais né en France… MacLean, je pense?
Après vérifications, Paul MacLean, français d'origine, a effectivement un but gagnant en séries, en 1982, mais il n'est pas considéré comme un Français pure laine puisqu'il est né de parents canadiens, au moment où son père servait dans l'armée canadienne en Europe.
MacLean, ancien entraîneur des Sénateurs d'Ottawa, ne maîtrisait incidemment pas la langue française.
La nuance faite, Bellemare a lancé avec le sourire qu'il accepte volontiers tous les buts qu'on porte à sa fiche, surtout ceux en séries!
« J'en ai peu, mais en séries tous les buts comptent, a-t-il affirmé. Marquer n'est pas nécessairement dans mes tâches de centre de quatrième trio, mais ça fait plaisir. »
Le Lightning, la meilleure école
Bellemare est le prototype d'attaquant fiable et efficace que toutes les équipes aspirant aux grands honneurs veulent avoir dans leurs rangs.
D'ailleurs, après avoir fait ses débuts dans la LNH avec les Flyers de Philadelphie à presque 30 ans, il a vécu l'ivresse de la première saison de rêve des Golden Knights de Vegas en 2017-18. Il a par la suite porté les couleurs de l'Avalanche du Colorado pendant deux saisons, avant que le Lightning lui fasse signe à titre de joueur autonome, l'été dernier.
« J'aurais pu accepter un contrat plus lucratif ailleurs, mais j'ai choisi le Lightning », a-t-il raconté, mercredi.
« Honnêtement, j'étais intrigué de voir ce qui se passait dans ce vestiaire et au sein de l'organisation, a-t-il expliqué. Tu ne gagnes pas la Coupe Stanley deux fois de suite par un simple coup de chance.
« Il y a un paquet de joueurs que je voulais observer. Je voulais voir ce que 'Hedy' (Victor Hedman) faisait, ce que 'Kuch' (Nikita Kucherov) faisait, ce que 'Stammer' (Steven Stamkos) faisait. J'ai essayé d'apprendre d'eux. Je suis à des années-lumière de 'Kuch', mais j'aime bien être une éponge. Je veux apprendre des trucs. Ça ne me dérange pas de dire que je suis nul dans certains trucs et de demander des conseils à des coéquipiers.
« Pour moi, c'est important de toujours apprendre. Le jour où je ne serai plus animé de ce désir, j'arrêterai de jouer. »
C'est là que Cooper parle de passion.
« Nous avions fait nos devoirs avant de l'engager, a indiqué l'entraîneur. Nous nous demandions comment se passerait son intégration dans le groupe et quelle était son attitude. A-t-il une passion pour gagner ou cherche-t-il uniquement à finir sa carrière? Nous avons rapidement compris qu'il veut gagner. Il exerce une bonne influence sur nos jeunes joueurs. Nous aimons sa façon méticuleuse de prendre soin de lui et tous les efforts qu'il met dans sa préparation. Il me fait penser à Brian Elliott (vétéran gardien du Lightning). Ce n'est pas pour rien que des joueurs de leur trempe peuvent étirer leur carrière. »
De Paris à Perry…
Bellemare doit se pincer parfois afin de réaliser tout le chemin parcouru depuis sa petite commune natale de Le Blanc-Mesnil, en banlieue de Paris.
« Il y a plusieurs années, en 2007, je me retrouvais en deuxième division en Suède. Je n'étais même pas un attaquant de premier plan, je me battais pour le poste de 13e attaquant. Au même moment, Corey Perry gagnait la Coupe Stanley avec les Ducks d'Anaheim et il était un marqueur de 50 buts. Quand j'étais en Suède, je ne suivais même pas les activités de la LNH. Je croyais que c'était inatteignable.
« Maintenant, je joue avec Corey au sein du même trio. Parfois, je me retrouve à lui donner des conseils et il fait la même chose avec moi. C'est quand même magnifique le hockey. »
Magnifique, dis-tu Pierre-Édouard?
« À 37 ans, je ne me voyais pas jouer pendant aussi longtemps. J'avais dit à mère qu'à 30 ans j'irais jouer en Russie. La LNH n'était pas du tout dans mes plans. Là, je continue de m'entraîner de la bonne façon et le corps tient bon. »
Plus important encore, il veut toujours apprendre…