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Il n'y a pas de grand moment marquant, pas d'exemple précis de leadership, de dévouement à une cause ou de contribution humanitaire. Ce n'est pas parce qu'il n'y a jamais eu de ces moments ou de ces exemples au cours de la carrière des attaquants des Canucks de Vancouver Henrik Sedin et Daniel Sedin. C'est tout simplement parce que ça faisait partie du quotidien des jumeaux.
Ça fait partie de leur identité et ils ont toujours été comme ça. Ce n'est pas qu'un ou deux moments qui les ont définis. Ils étaient ainsi chaque jour, chaque semaine, chaque saison et chaque fois qu'ils donnaient de l'argent, qu'ils visitaient un hôpital, qu'ils allaient chercher un coéquipier ou qu'ils devaient répondre à des questions difficiles.
Voilà pourquoi il est plus qu'approprié que les Sedin, qui ont annoncé leur retraite à la fin de la saison 2017-2018, aient reçu le trophée King Clancy de 2018 mercredi pour tout ce qu'ils ont accompli en 17 ans dans la LNH et tout ce qu'ils devraient continuer de faire après leur carrière de hockeyeurs.

« Ce n'est pas parce qu'ils veulent attirer l'attention », a déclaré Trevor Linden, le président des opérations hockey des Canucks et un ancien coéquipier des Sedin. « Ce n'est pas ce qu'ils veulent et ce n'est pas ce qu'ils cherchent. Ils font seulement ça parce que c'est la bonne chose à faire. C'est ce qui les rend si spéciaux. »
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C'est la deuxième fois que Henrik remporte le trophée King Clancy et il est le premier de l'histoire de ce prix à le gagner à deux reprises. Il l'avait obtenu en 2016 pour le travail que lui et Daniel avaient accompli avec la Fondation de la famille Sedin et pour le financement du Clubhouse 36, un programme parascolaire pour les élèves à risque.
« On veut aider les gens, a mentionné Daniel Sedin. Ce n'est pas une question d'image publique, c'est une question d'entraide, et ce, peu importe si le grand public le sait ou si on le fait dans l'ombre. »
Tous ont pu le constater en 2010, quand les Sedin ont décidé de faire un don conjoint de 1,5 million de dollars à l'Hôpital pour enfants de la Colombie-Britannique. Ils pensaient que ce don passerait inaperçu. L'origine de cette somme, destinée à la construction d'un hôpital pour enfants et à l'amélioration des services médicaux, ne devait pas être rendue publique.
Or, ils ont finalement été convaincus de le révéler au grand public afin de susciter d'autres dons et la stratégie a fonctionné.
C'est quelque chose qui surprend encore Linden, huit ans plus tard.
« Ces gars-là sont les hommes les plus humbles, modestes et gentils au monde, a lancé Linden. Ils ne voulaient pas faire d'annonce officielle [pour le don]; il a fallu en quelque sorte les forcer à le faire. Ça, c'est de la modestie et ces gars-là en sont assurément le plus bel exemple. »
Or, l'impact de leurs actions dépasse leurs simples contributions communautaires.
Le trophée King Clancy est devenu le symbole de la Déclaration de principes de la LNH valorisant la persévérance et le leadership. Et ce sont justement des qualités que les Sedin continuent d'afficher. On le constate dans leur travail auprès des jeunes à risque et des enfants malades, dans les terrains de jeux qu'ils ont construits et dans l'impact qu'ils ont eu sur les coéquipiers qu'ils ont touchés, menés et inspirés.
« Je pense qu'on a toujours essayé de traiter les gens comme on voulait être traités. On voulait aider les jeunes et toujours être positifs en arrivant à l'aréna, a révélé Daniel Sedin. Je pense que c'est ce qui compte le plus pour nous. Il faut toujours garder le sourire. On fait quelque chose qu'on aime chaque jour. On peut perdre des matchs et traverser des périodes difficiles, mais il faut toujours être de bonne humeur en arrivant à l'aréna pour répandre de l'énergie positive. »

Le respect qu'ils suscitent pouvait être perçu dans la marée de messages d'amour et d'encouragement qu'ils ont reçu lorsqu'ils ont pris leur retraite. Leurs anciens coéquipiers ne se sont pas laissé prier pour affirmer qu'ils avaient été les meilleurs coéquipiers qu'ils aient eus, et ce, autant sur la glace qu'à l'extérieur de la patinoire.
C'est ce que les vétérans des Canucks leur ont enseigné à leur arrivée à Vancouver et dans la LNH, particulièrement le capitaine Markus Naslund et le défenseur Mattias Ohlund. Cela s'inscrit également dans ce qu'ils ont vécu avec leurs parents et leurs deux frères aînés pendant leur jeunesse en Suède.
C'est d'ailleurs ce qui les a le plus marqué. Selon Daniel Sedin, le mérite pour leurs œuvres caritatives et leur dévouement dans la communauté de la Colombie-Britannique revient principalement aux Canucks, à l'organisation, à ceux qui les ont précédés et non à lui et à son frère.
Pourtant, ce ne fut pas toujours facile pour les Sedin.
Ils ont éprouvé des difficultés. Certains ont douté qu'ils puissent atteindre leur plein potentiel, eux qui ont été réclamés aux deuxième et troisième rangs lors du repêchage 1999 de la LNH après que les Canucks eurent réalisé une transaction pour sélectionner les jumeaux ensemble.
Ils ne se sont pas laissé abattre par ces détracteurs, par les critiques émises à leur endroit au fil des ans, par ceux qui ont sous-estimé leur jeu et par le traitement que leur réservaient certains partisans.
Ils étaient toujours là l'un pour l'autre. Leurs coéquipiers aussi, mais les frères s'en remettaient surtout à eux-mêmes.
« On pouvait se parler, a indiqué Daniel Sedin. Mais on pouvait aussi se fier aux vétérans de l'équipe et à nos coéquipiers. Je pense que ça n'a pas été facile pour nous sur la glace, mais j'espère que les vétérans et nos coéquipiers se rendaient compte qu'on travaillait fort et qu'on gardait une bonne attitude. Quand on arrivait à l'aréna, on essayait toujours d'être positifs. On savait que les choses iraient mieux si on continuait de travailler fort. »
C'est ce qu'ils ont fait et c'est ce qui est arrivé. Henrik et Daniel ont gagné la médaille d'or avec la Suède aux Jeux olympiques de 2006 à Turin, puis ils ont mis la main sur le trophée Art-Ross deux années de suite lorsque Henrik l'a remporté en 2009-2010, puis Daniel en 2010-2011. En 2011, ils ont mené les Canucks à la Finale de la Coupe Stanley, qu'ils ont perdue en sept parties contre les Bruins de Boston.
Henrik a gagné le trophée Hart remis au joueur le plus utile à son équipe dans la LNH en 2010. Daniel a terminé au deuxième rang du scrutin en 2011 derrière l'attaquant des Ducks d'Anaheim Corey Perry.
« Les deux ont connu des carrières extraordinaires sur la glace, a poursuivi Linden. Et ils en ont fait tout autant à l'extérieur de la patinoire. »
Et ils comptent bien continuer ainsi. Les Sedin prévoient demeurer à Vancouver pendant encore quelques années pour élever leurs familles, sûrement de la même manière qu'ils l'ont été par leurs parents, leurs frères et les Canucks.
« Je les adore, a lancé Linden. J'ai eu l'immense honneur de jouer [avec eux] à la fin de ma carrière, mais j'ai adoré jouer avec ces gars-là et je les aime en tant qu'êtres humains.
« Je crois que c'est ce qui ressort le plus. Il suffit d'en discuter avec notre personnel d'entraîneurs ou avec tous ceux qui ont joué avec eux. Ils sont authentiques. Ils n'ont jamais essayé d'être quelque chose qu'ils ne sont pas. Ils savent qui ils sont et ils sont simplement authentiques. Je pense que ça explique tout. »
Et c'est ce qui leur vaut le trophée King Clancy et c'est sûrement ce qui leur vaudra un jour une place au Temple de la renommée du hockey.