Leon-Draisaitl

EDMONTON -- Leon Draisaitl était un petit garçon quand son père, Peter, l'a emmené à la patinoire à Cologne en Allemagne. C'était un dimanche à six heures du matin. Habillé pour faire face au froid extérieur, mais en sueurs en raison de la chaleur à l'intérieur, Peter a aidé son fils à enfiler son équipement de hockey.
« Puis, il m'a regardé et s'est mis à pleurer, a raconté Peter. Il m'a dit qu'il ne voulait pas aller sur la glace, mais plutôt retourner à la maison. »
Peter s'est mis à rire. C'est drôle de se remémorer ces souvenirs maintenant. Leon est le visage du hockey allemand et il revient à la maison avec les Oilers d'Edmonton pour affronter l'équipe que Peter dirige : Kölner Haie de la Deutsche Eishockey Liga, les Requins de Cologne de la Ligue de hockey d'Allemagne en français.
Les Oilers arriveront à Cologne dimanche, ils s'entraîneront là-bas lundi et ils affronteront les Requins, mardi, pour un match préparatoire au Laxness Arena (10 h HE, NHLN, SN) dans le cadre du Défi de la Série globale 2018 de la LNH.

Ils entameront la saison régulière contre les Devils du New Jersey au Scandinavium de Göteborg en Suède, samedi (13 h HE, NHLN, SN, MSG+), dans le cadre de la Série globale 2018 de la LNH.
« Ce sera génial, a dit Leon. L'événement sera très amusant et avec mon père qui dirigera l'équipe adverse, je pense que ce sera une soirée bien spéciale pour toute ma famille. Espérons que ce soit divertissant pour tous les partisans. »
Peter n'a jamais dirigé l'équipe de l'un de ses fils. Il n'a également jamais été l'entraîneur d'un adversaire de ses fils. Il a avoué ne pas trop savoir comment il allait se sentir.
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Mais il a dit ne pas voir les choses d'un point de vue personnel, même s'il regarde chacun des matchs de son fils depuis son ordinateur via NHL GameCenter. Il a rarement l'occasion de le voir jouer en personne, encore moins depuis le banc de l'équipe d'adverse.
Mais il y a quelque chose de plus gros.
À 22 ans, Leon est déjà l'un des meilleurs joueurs allemands de l'histoire de la LNH. Il vient au premier rang au chapitre des points par match (0,77), au quatrième rang pour les buts (75) et au sixième rang pour les mentions d'aide (132) et les points (207). Cologne est l'endroit où il a appris à jouer, et c'est là où il s'entraîne durant l'été.

Mais il y a une autre attraction pour les partisans allemands également.
« Premièrement, ils ont l'occasion de voir le meilleur joueur de hockey au monde, Connor McDavid. Si ce n'est pas le meilleur, il est assurément le plus rapide au monde », a affirmé Peter en riant. « Nous n'avons pas l'occasion de voir cette équipe à l'œuvre, pas en direct en tout cas. De les avoir dans notre aréna et de pouvoir jouer contre eux, c'est génial. »
Et comment les Requins comptent-ils compétitionner avec les Oilers?
« Nous avons déjà un plan, a révélé Peter. Nous avons un très très bon plan. On jouera peut-être avec huit, neuf ou 10 joueurs. On peut rivaliser de cette façon. »
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Peter Draisaitl est né à Karvina et a grandi à Opava, près de la frontière polonaise dans ce qui était autrefois la Tchécoslovaquie. Le hockey était le sport le plus populaire là-bas.
« Je n'ai jamais voulu faire autre chose que jouer au hockey », a-t-il dit.
À l'âge de 13 ans, sa famille a déménagé à Hanovre dans ce qui était alors l'Allemagne de l'Ouest en raison de la situation politique de l'époque. Le hockey n'était pas le sport le plus populaire là-bas, mais ce l'était encore à ses yeux.
Peter a finalement connu une carrière de 18 ans chez les professionnels, évoluant comme attaquant avec Mannheim et Cologne. Il a notamment marqué 80 points (37 buts, 43 passes) en 43 matchs avec Cologne en 1990-91.
Leon est né à Cologne le 27 octobre 1995, alors que Peter jouait pour les Requins. Le garçon qui pleurait pour ne pas aller sur la glace a rapidement changé d'attitude.

Leon-Draisaitl

La première photo sur son compte Instagram le montre à un jeune âge portant un casque rouge, des gants de hockey bleus et un bâton de hockey avec une suce à la bouche. En allemand, il a écrit : « Même à cette époque, j'étais fou du hockey! ». En anglais, il a ajouté les mots-clics #crazy (fou), #bestsportintheworld (meilleur sport au monde) et #madeingermany (produit d'Allemagne).
« Tout ce que je voulais faire, c'était aller dans le vestiaire et courir partout avec un bâton, a relaté Leon. Vous pouvez dire que j'étais né pour ça. Je suis tombé amoureux du monde du hockey. »
Un athlète naturel, Leon était talentueux dans tous les sports qu'il essayait. Il a joué au sport le plus populaire en Allemagne, le soccer. Mais il continuait d'afficher un intérêt plus marqué pour le hockey, apprenant les rudiments de son père tels que comment prendre soin de son équipement, comment se comporter dans le vestiaire et comment se comporter sur la glace.
« En fait, j'étais simplement un père de joueur de hockey, a mentionné Peter. « Ma femme, Sandra, était une mère de hockey. Elle conduisait partout à travers le pays pour le conduire à ses matchs. Évidemment, après chaque partie, il me demandait s'il avait été bon ou mauvais. Il ne le fait plus maintenant. »
Peter s'est mis à rire.
« Ces jours-là sont chose du passé », a dit Peter.
Leon était tellement bon qu'il a quitté son pays à l'âge de 16 ans pour aller jouer au Canada. Après deux saisons avec Prince Albert dans la Ligue de hockey de l'Ouest (WHL), il a été sélectionné au troisième rang total par les Oilers au repêchage 2014 de la LNH.
Il a fait ses débuts dans la LNH le 9 octobre 2014 à l'âge de 18 ans, un peu plus de deux semaines avant d'avoir 19 ans. En 2016-17, lors de sa deuxième saison complète dans la LNH, il s'est classé au huitième rang de la LNH avec 77 points (29 buts, 48 aides). Il a amassé 70 points (25 buts, 45 passes) la saison dernière.
Peter regarde son fils comme un père désormais. Pas de conseils. Pas de critiques.
« Sa carrière de hockeyeur lui appartient, a expliqué Peter. Je lui souhaite le meilleur. Mais comme père, le plus important est que ton fils demeure une bonne personne. C'est un bon garçon. »
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Leon Draisaitl a aidé les Oilers à participer aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley pour la première fois en 11 saisons en 2016-17. Il a récolté 16 points (six buts, 10 passes) en 13 matchs alors qu'ils ont éliminé les Sharks de San Jose en six parties lors de la série de première ronde de l'Association de l'Ouest, avant de s'incliner en sept rencontres contre les Ducks d'Anaheim en deuxième ronde.

Une journée après l'élimination des Oilers, il s'est envolé pour Cologne. Deux jours après, il jouait pour l'Allemagne au Championnat mondial 2017. Il a été nommé l'un des trois meilleurs joueurs de l'Allemagne lors du tournoi, même s'il n'a joué que trois des huit matchs et qu'il n'a amassé que deux passes.
« Chaque fois que tu peux enfiler le chandail de ton pays, c'est très spécial, mais dans ma ville natale, devant ma famille et mes amis, ç'a été une décision facile pour moi, a expliqué Leon. Je suis très fier d'être allemand. Je l'ai dit plusieurs fois. Chaque fois que je pourrai représenter mon pays, je le ferai avec beaucoup de fierté. »
Maintenant, voilà qu'il représente les Oilers et la LNH dans sa ville natale, dans son pays natal, et bien plus.
Le hockey a fait bien des progrès en Allemagne, qui a gagné la médaille d'argent au hockey masculin lors des Jeux olympiques 2018 de Pyeongchang, dans un tournoi qui ne comptait aucun joueur de la LNH. Les seules autres médailles de l'Allemagne en hockey ont été le bronze en 1976 à Innsbruck et en 1932 à Lake Placid.
Mais Leon se fait reconnaître bien plus souvent à Edmonton qu'à Cologne lorsqu'il n'est pas sur la glace. Le but de l'événement est de le faire connaître lui, McDavid, les Oilers, la LNH et le hockey, afin que plus de jeunes garçons se passionnent du hockey et soient fiers de pratiquer ce sport en Allemagne.
« Si c'est la raison pour laquelle nous le faisons, espérons que ça change un peu, a dit Leon. Je pense que le hockey allemand fait de grands pas en avant. Je pense que ce sera incroyable. »
* Avec la contribution du journaliste NHL.com Mike Zeisberger