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NEW YORK -Il y a près de neuf mois, Tyler Seguin s'est rendu au gym de Matt Nichol à Toronto, ravagé par une opération et aux prises avec des dommages nerveux à la jambe droite. Il était faible et avait du mal à bouger, tout le contraire de ce qu'il a longtemps incarné chez les Stars de Dallas.

« J'avais carrément perdu mon quadriceps, a dit Seguin en prenant un bref instant. J'ai dû repartir à zéro. Nous nous sommes assis ensemble Matt Nichol et moi, nous avons jeté un œil et nous avons vu à quel point c'était mince en comparaison avec l'autre jambe. Nous sommes partis de zéro et avons commencé le travail. »
Nichol, l'entraîneur personnel de Seguin depuis belle lurette, a dit n'avoir jamais vu quelque chose qui s'apparente à ce que le corps de Seguin a enduré à la suite de l'opération.
« C'était assez choquant, a admis Nichol. On en rit aujourd'hui, mais chaque fois qu'il m'en parlait, il me disait que c'était effrayant. Quand j'ai vu l'ampleur de la situation, je me suis dit qu'il était même loin d'avoir exagéré. »
Seguin est aujourd'hui de retour en excellente forme physique.
Il se tenait à l'extérieur du vestiaire des visiteurs au Madison Square Garden jeudi matin, plusieurs heures avant que les Stars n'entament leur saison avec une victoire de 3-2 en prolongation contre les Rangers de New York. Sa santé était aussi bonne que dans ses souvenirs, 11 mois et demi après son plus récent voyage à New York.
Seguin a subi une arthroscopie de la hanche droite et une réparation du labrum, une opération rendue nécessaire puisqu'il s'est complètement déchiré le labrum durant le parcours des Stars jusqu'en finale de la Coupe Stanley en 2020.
C'était le début d'un séjour des plus difficiles et des plus ardus pour lui.
« Ceci est la lumière au bout du tunnel que je n'arrivais pas à voir pendant très longtemps », a dit Seguin.
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Seguin a joué trois matchs vers la fin de la dernière saison et a marqué deux buts, mais il n'aurait probablement pas dû se retrouver sur la glace.
« Je savais qu'en revenant aussi tôt, je serais seulement à 80 pour cent de mes capacités », a-t-il admis.

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Nichol lui avait conseillé de ne pas jouer, arguant que le jeu n'en valait pas la chandelle, même si les Stars avaient encore des chances de se qualifier pour les séries éliminatoires.
« Ça ne l'a pas dérangé, a dit Nichol. S'il y avait une possibilité mathématique, aussi mince soit-elle, il voulait être là pour son équipe. C'était admirable. »
Dallas a été officiellement éliminé de la course le 8 mai, et Seguin n'a pas pris part aux deux derniers matchs.
« Il était trop tard », a dit Seguin.
Le fait qu'il se mette à risque était remarquable.
Seguin n'a pu sortir du lit pendant les quelques jours qui ont suivi l'opération. Il a eu besoin d'un fauteuil roulant, puis de béquilles. Il a dû se faire examiner le genou droit le 14 décembre en raison d'une blessure subie avant la pandémie qui a été exacerbée pendant les séries éliminatoires à cause de sa déchirure du labrum et d'une déchirure dans son quadriceps.
« Je ne me suis jamais demandé pourquoi je faisais cela ou si ça valait le coup, a dit Seguin. Mais j'ai souvent eu des craintes à savoir si j'allais être capable de jouer à nouveau, quel genre de joueur j'allais être à mon retour, ce que je serais en mesure de faire et de ne pas faire. »
Il est demeuré dans l'entourage des Stars durant sa réadaptation jusqu'à la fin du camp d'entraînement, mais il a quitté lorsque la saison 2020-21 s'est amorcée en janvier.
« Je ne voulais pas ennuyer les autres, et la route était tellement longue devant moi que j'ai décidé de retourner à la maison », a expliqué Seguin, qui est originaire de Toronto.
Il a loué un logement à Oakville, en Ontario, dans l'espoir de voir ses amis et sa famille.
« Mais la COVID a frappé fort, et tout a été fermé, a raconté Seguin. Je ne faisais que me rendre au gym tôt le matin avec Matty pour quelques heures. Puis, je passais par l'épicerie et je retournais m'asseoir sur mon divan pour regarder du hockey. J'étais complètement laissé à moi-même. »
Seguin et Nichol travaillaient ensemble sur la réadaptation physique, et Seguin recevait des traitements d'acupuncture six jours par semaine. Il s'entraînait en plus à la maison, soir et matin, sept jours sur sept.
Les gains étaient minuscules. Le progrès était un concept flou.
« Quand tu es un athlète et que tu t'entraînes, tu as l'habitude de soulever de gros poids et d'établir des objectifs, mais dans ma situation, je ne pouvais pas en faire autant, a relaté Seguin. Tout était méticuleux, ennuyant et lent. La partie physique s'est transformée en défi mental, car en tant qu'athlète, tu cherches toujours à t'améliorer et à devenir plus fort. Mais chaque fois qu'on essayait de faire un pas vers l'avant, on en faisait deux en arrière. Il y avait tellement à guérir. Puis je ne m'attendais pas à avoir autant de dommages nerveux dans la jambe. »
Nichol a dit qu'un exemple d'une bonne journée pour Seguin était de l'amener à plier son genou droit de 10 degrés de plus qu'il ne l'avait fait une semaine auparavant.
« Avant de s'en faire à savoir s'il allait rejouer au hockey, il fallait qu'il soit en mesure de plier son genou et de se tenir sur une jambe, de s'accroupir, non pas avec des poids, mais de simplement s'accroupir, a mentionné Nichol. Oubliez les mises en jeu. Il fallait savoir s'il pouvait premièrement se tenir dans cette position. »
Deux mois sont passés, puis le progrès est devenu plus évident. Seguin pliait son genou. Il pouvait s'accroupir et faire des 'squats'. Il a patiné. Il a patiné avec plus d'intensité. Il a patiné avec son équipement.
Seguin discutait régulièrement avec l'entraîneur des Stars Rick Bowness et les membres de la direction.
« 'Bones' (Bowness) m'a gardé près de l'équipe, ce qui était génial, a dit Seguin. Presque tous les matchs, particulièrement à domicile, il m'appelait alors qu'il était en route pour l'aréna pour me donner des nouvelles, si un des gars ne l'avait pas fait. Il me demandait ce que je voyais à la télévision. C'était génial. Tous les membres de l'organisation prenaient de mes nouvelles. »
Seguin est retourné à Dallas à la fin du mois de mars, pensant qu'il pourrait participer aux séries éliminatoires.
« Il a eu du plaisir à retrouver les gars et à aider l'équipe à gagner. Il voulait contribuer, a dit Bowness. Ça en dit long sur son attitude. »
Nichol a admis que son retour, même si ce n'était ultimement que pour trois matchs, a été important mentalement pour Seguin.
« Le recul est une chose fantastique », a soutenu Nichol.
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Seguin a modifié sa routine d'échauffement pour être prêt à jouer cette saison.
Il ne participe pas aux matchs de soccer. Il passe plutôt 45 minutes à augmenter son rythme cardiaque et sa circulation sanguine dans le bas de son corps afin que ses muscles, particulièrement ceux de sa jambe, soient prêts lors de la mise en jeu initiale.
« C'est une routine complètement différente en ce qui concerne le mouvement, a dit Seguin. Je fais entre autres toutes sortes d'étirements. »
Seguin, qui aura 30 ans le 31 janvier, s'amuse à dire qu'il commence la deuxième moitié de sa carrière.
« Je veux jouer aussi longtemps que possible », a-t-il lancé.
C'est un petit miracle qu'il puisse simplement jouer encore.
« Je suis en aussi bonne santé qu'il est possible de l'être à ce stade de ma carrière. C'est excitant. »