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Existe-t-il pour un athlète pire sentiment que de se demander si on va un jour pouvoir mettre les blessures de côté et enfin performer comme on le souhaite? C'est exactement ce qu'a vécu le défenseur québécois Jérémy Roy au cours des deux dernières années. Deux années perdues dans le développement d'un jeune hockeyeur, ça peut être dévastateur. Et mener au découragement pur et simple.

Il s'est passé un total de 14 mois entre les deux déchirures ligamentaires au genou droit qu'a subi Jérémy Roy. La première dans l'uniforme de l'Armada de Blainville-Boisbriand le 22 octobre 2016 contre les Screaming Eagles du Cap-Breton. Un bête contact genou à genou au centre de la patinoire a fait voler en éclats son rêve de porter les couleurs du Canada au Championnat mondial junior. C'est aussi comme ça qu'a pris fin sa carrière junior, une année presque perdue à regarder ses coéquipiers de l'Armada se rendre jusqu'en finale de la LHJMQ sans avoir la chance de contribuer.
Les obstacles sur le chemin de Roy n'allaient pas s'arrêter là. Le jeune défenseur amorce sa carrière professionnelle dans le club-école des Sharks de San Jose, équipe qui avait jeté son dévolu sur lui au tout début du second tour du repêchage de 2015. À quelques jours de Noël, le 21 décembre 2017, il se déchire de nouveau un ligament du genou à Bakersfield. Une autre saison à l'eau. Et un éternel recommencement.
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« Je n'ai pas de choix de t'avouer que j'ai vécu des moments difficiles, a confié Roy à LNH.com. Surtout la première semaine après ma deuxième blessure. Tu te poses des questions. Tu te demandes pourquoi une telle chose t'arrive encore une fois. Je me suis beaucoup remis en question. »
La bonne nouvelle, c'est que Roy a pu bénéficier d'un support constant de la part des Sharks. Personne n'a laissé le moindre doute sur la confiance que l'équipe lui vouait, malgré cette autre saison perdue dans son développement. Le natif de Richelieu confirme que ce soutien inébranlable des Sharks a été un tonique pour sa motivation.
« Je ne peux qu'être reconnaissant envers les Sharks. Ils ont un entraîneur qui est déjà passé au travers de deux blessures similaires aux miennes et ça ne l'a pas empêché de revenir. Ils m'ont soutenu constamment et un moment donné, je devais me remettre sur pieds. Que tu le veuilles ou non, une telle blessure t'empêche de marcher alors tu n'as pas le choix de te plier au processus de remise en forme. Il fallait bien que je fasse quelque chose de ma vie! », a philosophé le droitier de 21 ans.
Tous les éléments étaient là pour céder au découragement. Pendant toute sa carrière junior majeur à Sherbrooke et à Boisbriand, Roy a dû composer avec des blessures aux mauvais moments. Mise à part sa saison recrue avec le Phoenix, Roy a été limité à deux campagnes de 46 matchs seulement en raison de blessures de toutes sortes.
« C'est frustrant, c'est certain. Il ne faut pas que j'y pense et que je songe à ce que j'ai manqué. C'est arrivé et maintenant je dois passer à autre chose. Je n'ai pas le choix. Nous sommes tellement habitués d'être toujours sur la glace que ça devient difficile mentalement. Juste de regarder tes coéquipiers depuis les estrades, c'est difficile. Je suis content de pouvoir enfin jouer cette année », a poursuivi Roy.
Les Sharks veulent visiblement y aller progressivement dans sa remise en forme. Un surplus de défenseurs chez le Barracuda permet à l'entraîneur Roy Sommer de jongler avec ses effectifs. Une situation qui n'embête pas trop le principal intéressé puisqu'il revendique une excellente fiche de 12 points en 19 rencontres, tout en affichant un différentiel de plus-7.

« Nous avons plusieurs bons défenseurs présentement alors il y a une certaine rotation qui s'installe. C'est normal, je comprends ça. J'ai aussi l'impression que tout ce temps passé à observer l'action m'a rendu meilleur », indique celui qui partage le vestiaire avec un fort contingent de six autres anciens de la LHJMQ, dont les Québécois Francis Perron, Antoine Bibeau, Thomas Grégoire et Jeffrey Truchon-Viel.
La vie est, enfin, belle pour Jérémy Roy sous le soleil de la Californie. Enfin, ce passionné de hockey peut pratiquer le sport qu'il aime, sans craindre de retomber au combat. Tout ça au sein de la meilleure formation de toute la LAH avec un pourcentage de victoire de 79 pour cent. On ne souhaite de blessures à personne, mais il semble que Jérémy Roy a suffisamment mangé son pain noir et mérite enfin la chance de montrer l'étendue de son talent.