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Avec son style, son flair et sa personnalité unique, Marc-André Fleury a su tracer son chemin pour se hisser parmi les meilleurs gardiens de l'histoire de la LNH. Les membres du Temple de la renommée Patrick Roy, Martin Brodeur et Grant Fuhr sont bien heureux d'avoir été témoins de son parcours.

Fleury et les Golden Knights de Vegas sont à égalité 1-1 contre les Canadiens de Montréal dans la série de demi-finales de la Coupe Stanley. Le match no 3 de la série aura lieu vendredi à Montréal (20 h HE; TVAS, CBC, SN, USA).
À sa 15e présence en séries éliminatoires de sa carrière, dont 11 avec les Penguins de Pittsburgh et les quatre dernières avec les Golden Knights, le gardien de 36 ans a multiplié les arrêts de toutes les façons possibles pour atteindre le cap des 90 victoires en séries, à deux d'égaler Fuhr, la légende des Oilers d'Edmonton, au troisième rang de tous les temps.
Plus que deux gardiens se retrouveraient ainsi devant le natif de Sorel-Tracy : ses deux idoles de jeunesse. Roy a signé 151 gains en séries avec les Canadiens et l'Avalanche du Colorado, alors que Brodeur en a obtenu 113 avec les Devils du New Jersey.

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Brodeur (691), Roy (551) et Fleury (492) occupent déjà les trois premières places pour les victoires en saison régulière dans l'histoire de la LNH. Un palmarès dominé par les Québécois, puisque Fleury a dû dépasser Roberto Luongo (489) pour mettre le pied sur le podium.
Après 14 matchs en séries éliminatoires, Fleury a une fiche de 9-5, une moyenne de buts accordés de 1,92, un pourcentage d'arrêts de ,923 et un blanchissage. Pour la première fois de sa carrière, il est finaliste au trophée Vézina, remis au meilleur gardien de la LNH en saison. Philipp Grubauer, de l'Avalanche, et Andrei Vasilevskiy, du Lightning de Tampa Bay, sont les autres portiers en nomination.
Roy, qui a remporté trois fois le trophée Vézina, est loin devant lui en séries, mais Fleury pourrait rejoindre Brodeur s'il donne sept autres victoires à son club cette année - et une Coupe Stanley - ainsi que 16 autres d'ici à sa retraite.

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« Même s'il ne rejoint pas Marty, c'est incroyable ce qu'il fait », a souligné Roy lorsque rejoint à Québec. « Je suis vraiment impressionné par lui. Il a l'air si fort mentalement. C'est un aspect de son jeu qui est phénoménal. »
Roy a rappelé que Fleury avait perdu son père à la suite d'une bataille contre le cancer alors que la saison 2019-20 n'était vieille que de deux mois. Puis, il a perdu son poste de gardien no 1 au profit de Robin Lehner pour les séries éliminatoires. C'est sans oublier la saga qui s'en est suivie.
« Ça aurait pu être la fin de la carrière de Marc-André, mais il a accepté son rôle, a souligné Roy. Je suis certain que (le directeur général de Vegas) Kelly McCrimmon remercie le ciel chaque jour du fait que Marc-André s'est accroché à son équipe et ait maintenu une bonne attitude. Je ne sais pas où ils en seraient sans lui.
« C'est tout un combattant, il n'abandonne jamais. Ce qui m'impressionne le plus, c'est la manière dont Marc-André fait face à l'adversité. J'étais convaincu qu'il allait rebondir de ce qui s'est passé l'an dernier, mais il en a fait encore plus. Il a démontré beaucoup de caractère, et je suis vraiment impressionné. »
De son domicile de St-Louis, Brodeur suit de près les performances de Fleury en séries, et ajoute en rigolant que sa deuxième place pour les victoires en séries pourrait être à risque.

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« Si "Flower" continue de jouer, tout est possible!, a lancé Brodeur. « Il a démontré au fil des années à quel point il pouvait être compétitif et qu'il livrait la marchandise en séries. Il me fait penser à moi à la fin de ma carrière : si tu joues aussi longtemps et au sein de bonnes équipes, tu auras beaucoup de victoires à côté de ton nom. »
Fuhr est bien conscient que sa troisième place ne tiendra pas longtemps. Et il croit que son ami Brodeur devrait commencer à regarder par-dessus son épaule.
« Marc-André a quel âge? 36 ans? Mais il est en santé, ce qui est la chose la plus importante vers la fin de ta carrière. Si tu restes en santé, tu te donnes une chance. Vegas a une bonne équipe et elle va l'être pour longtemps. Il pourrait bien rejoindre Marty », a souligné Fuhr.
Fleury espère s'approcher à une victoire de Fuhr, vendredi au Centre Bell. Il s'agira de son premier match au Québec en 18 mois, quand il s'était incliné 5-4 en fusillade contre les Canadiens, le 18 janvier 2020.
Roy ne s'attend pas à ce que la foule montréalaise vienne affaiblir l'armure du gardien des Golden Knights, encore moins la percer.
« Ça ne va pas du tout l'atteindre, a dit Roy. Je pense même qu'il va aimer ça. Si j'étais dans sa position, ce serait mon cas. Je ne sais pas pendant combien d'années il va encore jouer, mais quand tu sais que tu es plus proche de la fin que du début, tu veux profiter de ces moments, et je suis certain qu'il va le faire. »

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Brodeur a pu côtoyer Fleury lors des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver, quand ils ont remporté l'or avec Équipe Canada.
« Flower a quelques habitudes de la vieille école en lui », a-t-il affirmé en parlant de son style instinctif qui est impossible à enseigner. « Tu ne joueras pas aussi longtemps et tu n'auras pas autant de succès sans t'ajuster aux nouvelles techniques des gardiens. Je le sais parce que j'ai dû le faire quand j'ai pris de l'âge.
« Tout revient à ses capacités athlétiques, et c'est ce qui le rend spécial. Flower trouve des moyens de faire un arrêt. Je ne doute pas qu'il ait travaillé sur sa technique comme tous les autres gardiens, mais rendu à un certain point, c'est l'athlète en lui qui ressort. Il n'est jamais totalement battu, et c'est un compétiteur. Il ne se prend jamais trop au sérieux et il est proche de ses coéquipiers. Regardez comment il parle aux joueurs et aux arbitres, tu vois qu'il a du plaisir à jouer au hockey. »
Fuhr, qui a gagné quatre fois la Coupe Stanley dans les années 1980 avec les Oilers d'Edmonton, a aussi utilisé le terme « vieille école » pour décrire Fleury. « Tout d'abord, il est un compétiteur phénoménal, et de deux, il est un des derniers gardiens athlétiques. C'est pourquoi j'adore le regarder. Il n'a peut-être pas toujours la technique parfaite, mais c'était ça, la vieille école.
« J'aime le duel entre Vegas et Montréal, puisque ce sont deux de mes joueurs préférés qui s'affrontent. Marc-André, c'est un style vieille école, alors que Carey Price, c'est le style de la prochaine génération, un style hybride. »
Roy, Brodeur et Fuhr espèrent un jour accueillir à bras ouvert Fleury au Temple de la renommée, si ce jour devait arriver. D'ici là, ils sont tous d'accord pour dire que la carrière du Québécois est loin d'être terminée. Il lui reste une saison à son contrat avec Vegas, et, surtout, beaucoup d'énergie dans le réservoir.
« Chaque fois que je regarde Marc-André jouer, il semble avoir tellement de plaisir, a souligné Roy. Il joue encore parce qu'il en est passionné. C'est plaisant de le regarder avoir du plaisir. Le mérite lui revient pour tout ce qu'il a fait dans sa carrière, mais en particulier ce qu'il fait présentement. »
Crédit photos: Getty Images/HHoF Images