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Chaque semaine pendant la saison 2018-19, LNH.com s'entretient avec un intervenant du monde du hockey pour discuter de leur opinion sur l'état de ce sport, de leur vie et de leur carrière, en plus de revenir sur l'actualité.
Cette semaine, cinq questions avec Stéphane Fiset :

Ian Scott et Michael DiPietro auront la chance de défendre la cage du Canada au Championnat du monde junior de la FIHG qui s'amorce aujourd'hui à Vancouver et Victoria en Colombie-Britannique. À la fin des années 1980, c'est Stéphane Fiset qui laissait sa marque devant le filet de l'unifolié en devenant le gardien ayant disputé le plus de matchs et celui ayant remporté le plus de victoires dans l'uniforme d'Équipe Canada.
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Celui qui a par la suite remporté la Coupe Stanley avec l'Avalanche du Colorado a représenté le Canada à deux occasions. En 1989, à Anchorage en Alaska aux États-Unis, Fiset et le Canada avaient dû se contenter de la quatrième place, non sans avoir menacé pour la médaille d'or. À l'époque, le format du Championnat en était un de tournoi à la ronde. Chaque équipe s'affrontait une fois et celle ayant la meilleure fiche remportait l'or, tout simplement.
Lors de leur dernier match, les Canadiens avaient rendez-vous avec l'URSS et son premier trio, composé de Pavel Bure, de Sergei Federov et d'Alexander Mogilny. Ils n'ont pas fait le poids et se sont inclinés 7-2.
Le gardien aujourd'hui âgé de 48 ans avoue ne pas se rappeler tous les détails de cette rencontre.
« Si on gagnait ce match, on gagnait la médaille d'or, et si on perdait, on finissait quatrièmes, s'est souvenu Fiset. Ce n'était pas un match le fun. Je n'étais pas à mon meilleur. Ça roulait vite, les Russes avaient une méchante équipe avec des joueurs qui ont eu une belle carrière par la suite. Ce dont je me souviens de ce match, c'est à quel point j'étais déçu. »
L'année suivante, alors que le Championnat se tenait à Helsinki et à Turku en Finlande, Fiset était en mission. Il savait à quoi s'attendre.
« J'étais tellement excité la première année, alors que la deuxième année, j'étais en mission pour gagner la médaille d'or. »
Il n'a pas raté son coup. Le Québécois est revenu avec la médaille d'or, en plus d'être nommé le gardien par excellence du tournoi.
Pourtant, le dernier match du Canada, un difficile rendez-vous avec la Tchécoslovaquie à Turku, semblait avoir comme enjeu la médaille d'argent. Pendant ce temps à Helsinki, l'URSS affrontait les Suédois, cinquièmes au classement, et une victoire leur assurait la première marche du podium. Cette rencontre s'était amorcée un peu plus tôt que celle du Canada.
« Les chances que les Russes perdent ou annulent contre la Suède étaient quand même minces. Mais dans notre tête, on avait une chance pour l'or et il fallait se concentrer sur notre adversaire. C'était une bonne équipe avec Jaromir Jagr, Robert Reichel et le gardien Roman Turek. »
En troisième période, alors que le Canada maintenait une mince avance de 2-1, l'URSS avait les devants 5-3 en fin de troisième période. À cette époque, sans les réseaux sociaux et Internet, les nouvelles voyageaient moins rapidement. Soudainement, les joueurs canadiens et tchécoslovaques ont eu droit à une nouvelle qu'ils n'osaient même pas imaginer.
« Ils ont annoncé au tableau que la Suède venait de marquer avec une seconde à faire au match pour annuler la partie. Ça nous donnait la chance de gagner la médaille d'or. Il restait 10 minutes à notre match. Tout le monde est tombé très excité. Je me souviens que notre entraîneur Guy Charron a immédiatement appelé un temps d'arrêt pour calmer les joueurs. Il nous a dit qu'il restait 10 minutes et que oui, nous avions la chance de gagner la médaille d'or, mais on pouvait la perdre aussi. On devrait prendre le contrôle. C'est ce qu'on a fait et on a gagné la médaille d'or. »
Les 10 minutes suivantes ont été l'affaire de Fiset, qui a tenu le coup dans une performance qui est restée dans la mémoire de plusieurs, considérée comme l'une des meilleures par un gardien dans l'histoire du Championnat.
« Pour moi, c'est le fait saillant de ma carrière au complet, autant dans le junior que dans la LNH. Oui, dans la LNH, j'ai eu la chance de gagner la Coupe Stanley, mais je n'étais pas devant le filet. Je faisais partie de l'équipe, mais ce n'est pas moi qui devais faire la différence sur la glace. Tandis qu'au Championnat junior, j'ai aidé le Canada à aller chercher la médaille d'or », a indiqué celui qui a aussi évolué avec les Nordiques de Québec, les Kings de Los Angeles et les Canadiens de Montréal.
Depuis 2009, le Championnat du monde junior s'est tenu à six reprises au Canada et deux fois à Buffalo, situé à quelques kilomètres de la frontière canadienne. Aurais-tu aimé représenter le Canada devant tes propres partisans?
« C'est sûr et certain que j'aurais aimé vivre ça au Canada. C'est sûr que les joueurs ont plus de pression, mais en même temps, non. Toutes les années, le Canada a la pression de gagner la médaille d'or. Que tu sois chez vous ou ailleurs, tu l'as, cette pression. Jouer au Canada peut t'amener une nervosité supplémentaire, mais après les premiers matchs, ça doit être incroyable d'avoir une telle foule derrière toi. »
Le format du Championnat du monde junior a changé en 1996, et culmine maintenant avec une grande finale après une ronde éliminatoire. Même si le scénario que tu as vécu en 1990 s'est avéré des plus spectaculaires, avec le match nul de l'URSS, préfères-tu le format moderne?
« C'est un vrai tournoi maintenant. Depuis que tu es jeune, tu participes à des tournois et il y a toujours une demi-finale et une finale. J'aurais aimé que ça fonctionne comme cela, mais en même temps, avec un tournoi à la ronde, tous les matchs étaient importants. Tu ne pouvais pas te permettre de perdre un match, et si tu le perdais, ça ne pouvait pas être par un gros pointage parce que les buts pour et les buts contre entraient en ligne de compte. C'était complètement différent comme mentalité de tournoi. »
Quel conseil donnerais-tu aux joueurs qui se préparent à représenter le pays à Vancouver?
« Ils ne doivent pas voir ça super gros. Les jeunes vont être au Canada, devant leurs partisans. Il y a une certaine pression. Mais ils doivent y aller, en profiter et essayer d'avoir du plaisir. Oui, il y a de la pression, mais c'est tellement beau et tellement le fun d'y participer. Ils vont se faire des amis qui vont le rester pour le reste de leur vie. Tu vis tellement de bons moments ensemble parce que tu te côtoies 24 heures sur 24.
Plusieurs joueurs disent que les deux semaines passées au sein d'Équipe Canada auront été l'expérience la plus formatrice de leur carrière. Est-ce ton cas?
« Pour moi, ç'a été un pas dans la bonne direction pour ma carrière. J'avais commencé ma saison avec les Nordiques avant d'être retourné dans le junior (Victoriaville). Les choses allaient plus ou moins bien pour moi. J'ai eu la chance de rencontrer de bonnes personnes avec Équipe Canada, dont un psychologue sportif vraiment incroyable en Wayne Halliwell, qui travaille maintenant avec les athlètes olympiques canadiens. Il m'avait aidé énormément à me replacer. C'est un peu grâce à lui, et à l'entourage, que j'ai connu ces succès dans ce tournoi et que j'ai pu surmonter d'autres épreuves que j'ai eues plus tard dans ma carrière. »
Maintenant à la retraite, le hockey occupe-t-il encore une place importante dans ta vie et quelles sont tes autres occupations?
« Je suis encore agent de joueur avec Newport Sports Management avec Don Meehan. Mais je ne recrute plus, je m'occupe des joueurs que je représente. Aussi, je suis entraîneur adjoint au niveau collégial à Thetford Mines. J'ai aussi mon entreprise Gravures Bois-Francs à Victoriaville. Je suis aussi intervenant à la télé à RDS et je suis propriétaire de l'école (maternelle) Vision. »
« Pour le coaching, j'ai toujours été un gars qui s'est amusé dans sa carrière. J'essaye d'expliquer et d'amener ça aux jeunes. J'ai appris qu'il ne faut jamais abandonner au hockey et je veux que ça s'applique dans tout ce que je fais. La persévérance au hockey m'aide dans tout ce que je fais maintenant. »