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Le gardien Patrick Roy admire le nouveau membre du Temple de la renommée du hockey Rogatien Vachon depuis son enfance à Québec. Roy, qui a été admis au Panthéon du hockey en 2006, a remporté la Coupe Stanley quatre fois et il occupe le deuxième rang de l'histoire de la LNH avec 551 victoires. Il discute de Vachon dans ce témoignage spécial offert à LNH.com.

Quand j'étais petit, chaque fois que je jouais au hockey avec mes amis dans ma cour à Québec, j'étais Rogatien Vachon. Il était spectaculaire et il avait d'excellentes mains. Le fait qu'il jouait à Los Angeles à l'époque ne lui permettait pas d'être très visible, mais c'était suffisant pour que les jeunes comme moi puissent le regarder jouer quand les Kings venaient affronter les Canadiens à Montréal.

Un soir, quand j'avais environ 8 ans, mon père m'a dit : « On va aller au Forum de Montréal voir Rogatien Vachon et les Kings. » J'étais tellement heureux. J'avais la chance de passer un peu de temps avec mon père et aller voir un match de hockey était quelque chose d'extraordinaire pour moi. Malheureusement, Rogatien n'a pas connu une très bonne soirée et les Kings ont perdu, mais le simple fait d'être là pour le voir jouer a rendu cette soirée inoubliable pour moi.

Il a eu une grande influence sur moi. Je me souviens quand je suis retourné sur la glace le lendemain, j'étais très motivé. Parfois, de petites choses peuvent avoir un gros impact sur un enfant. J'ai toujours mes cartes de Rogatien dans ma collection.

Je n'étais qu'un petit garçon qui regardait le hockey, mais la plupart des gardiens à cette époque restaient profondément dans leur filet. À mes yeux, Rogatien défiait ses adversaires beaucoup plus que les autres.

J'avais 11 ans lors de la Coupe Canada 1976. Pendant le match entre le Canada et la Tchécoslovaquie, Rogatien sortait loin devant sa cage pour faire des arrêts. J'étais trop jeune pour pouvoir me rappeler de tous les détails, mais je me souviens avoir pensé que c'était ce que je voulais faire, je voulais défier davantage les attaquants. C'était logique. Quand on sort de sa cage, on enlève de l'espace à l'adversaire. C'est un des premiers faits saillants de Rogatien dont je me souviens.

Je ne suis pas surpris qu'un gardien aussi petit que lui, qui ne mesurait que 5 pieds 7 pouces, connaisse du succès dans la LNH. Pas du tout. Je sais que le hockey a changé. Aujourd'hui, avec mes 6 pieds 1 pouce, je serais un gardien de taille moyenne. Les gardiens d'aujourd'hui sont beaucoup plus imposants et rapides; la position de gardien de but a beaucoup évolué. Or, Rogatien était rapide, il avait d'excellents réflexes et il était agréable à regarder. C'était amusant de le regarder jouer pour un petit garçon comme moi parce qu'il était divertissant. C'est ce que j'aimais de lui : il jouait avec son cœur et il profitait au maximum de ce qu'il avait.

J'ai rencontré Rogatien pour la première fois sur un terrain de golf à Los Angeles en 1993, si je me souviens bien. Ensuite, en 2003, quand j'ai disputé mon 1000e match de saison régulière dans la LNH avec l'Avalanche du Colorado, c'est Rogatien qui est venu me remettre un bâton en argent au centre de la patinoire pour souligner cette occasion. Pierre Lacroix, mon agent qui était devenu mon directeur général à Denver, savait à quel point je respectais et j'admirais Rogatien et il était conscient de l'impact qu'il avait eu non seulement sur ma carrière, mais aussi sur mon choix de devenir gardien de but.

Quand j'ai rencontré Rogatien sur le terrain de golf, j'étais encore un de ses plus grands admirateurs et il m'a beaucoup impressionné. Ce fut une journée amusante, même s'il était meilleur que moi au golf. Ça faisait environ sept ans que j'étais dans la ligue, alors ce n'était pas comme la première fois que je l'avais vu jouer quand j'avais huit ans. Pourtant, ça m'a profondément marqué de jouer au golf avec lui, puis d'aller souper à sa maison. Ce fut une journée très spéciale et très significative pour moi.

Je respecte énormément Rogatien pour une multitude de raisons. Il était mon idole quand j'étais petit et le regarder jouer me faisait rêver. Je voulais être comme lui, je voulais faire son travail et être celui qui était spectaculaire devant le filet, même si je devais le faire à ma manière. Il a eu une belle carrière, même si jouer à Los Angeles était différent à l'époque. On n'avait pas l'occasion de le voir souvent dans l'est en raison du décalage horaire et avant Internet.

C'est un homme très gentil, un homme simple et exemplaire et un homme qui respecte beaucoup le sport. Je suis très heureux qu'il soit admis au Temple de la renommée parce qu'il mérite d'y être.