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Depuis leur arrivée au Manitoba, les Jets de Winnipeg n'ont pas souvent offert à leurs partisans une chance d'espérer un printemps fertile en émotions. Pour la première fois depuis 2014-15, les Jets vont participer aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley et, cette fois-ci, il semble bien que l'équipe puisse surprendre. Un long travail d'ajustements porte fruit ces jours-ci et laisse, en effet, deviner une équipe des plus dangereuse. Si les blessures ne viennent pas faire dérailler le train, bien sûr.
Les Jets sont une équipe dont la force repose sur la profondeur de leur alignement. Au fil de la saison, cette profondeur est devenue de plus en plus avantageuse au fil des transformations apportées au groupe des neuf attaquants les plus utilisés du club.
Ces transformations se résument en grande partie par l'ajout de deux joueurs de grand talent, Mathieu Perreault et Paul Stastny. Perreault est avec l'équipe depuis un bon moment déjà, mais il a commencé la saison sur le quatrième trio, puis s'est blessé. À son retour au jeu, on continue à l'utiliser en compagnie de Joel Armia et Matt Hendricks sur une quatrième unité qui ne joue jamais vraiment contre les meilleurs éléments adverses, mais qui aide l'équipe à dominer au décompte des tirs obtenus.

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Une note, avant de continuer, sur ce que j'appelle des « minutes dures » : il s'agit tout simplement de la part relative de temps joué lorsque l'adversaire envoie sur la glace au moins quatre joueurs parmi ses plus utilisés à l'échelle du match; par joueurs les plus utilisés, j'entends les six attaquants et les trois défenseurs ayant le plus haut temps de jeu à forces égales.
Cette mesure n'est pas parfaite, mais elle constitue un indice de la difficulté des tâches assignées dans la mesure où les joueurs les plus utilisés le sont parce qu'on leur donne préséance dans les situations critiques, ce qui donne, indirectement un élément d'information supplémentaire : on ne peut avoir un indice élevé de minutes dures qu'en jouant souvent contre les meilleurs éléments adverses, donc en jouant souvent dans des situations critiques (pour défendre une avance ou aller chercher le but égalisateur en troisième période, par exemple).
À l'échelle d'un trio, la différence des rôles est encore plus grande et, ici, elle permet de voir aussi à quel point l'entraîneur Paul Maurice aime s'appuyer sur un trio de confiance. En début de saison, Perreault n'est pas un homme de confiance.
La deuxième forme du top-9, qui marque l'accession de Perreault dans les bonnes grâces de son entraîneur, coïncide avec la blessure subie par le joueur de centre Mark Scheifele à la fin du mois de décembre. Le moins qu'on puisse dire, c'est que le changement d'attitude vis-à-vis Perreault est radical et mérité.

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Bryan Little, Nikolaj Ehlers et Perreault ont accompli un boulot exceptionnel en l'absence de Scheifele, il faut le souligner.
Le retour de Scheifele et, surtout, l'arrivée de Paul Stastny à la date limite des échanges va amener une troisièe transformation au top-9 des Jets. Stastny, Ehlers et Patrik Laine donnent un groupe d'impact à Paul Maurice, alors que Scheifele retrouve Kyle Connor et Blake Wheeler.
Les données de ce troisième graphique portent sur la séquence de matchs depuis l'arrivée de Stastny.

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J'avoue que les performances des trios de Scheifele et Little me semblent plus timides que ce à quoi je m'attendais. Mais il faut nuancer le portrait. Cette période coïncide avec des blessures subies par Toby Enstrom et Jacob Trouba, deux défenseurs clé de la brigade de l'équipe. Remplacés par Ben Chiarot et Joe Morrow, ça fait une grosse différence en relance offensive.
Trouba et Enstrom devraient revenir rapidement au jeu, ce qui permettra aux Jets d'aligner de nouveau une brigade qui n'est peut-être pas l'égale de celles des Predators de Nashville, mais n'en est pas moins d'une profondeur qui fait l'envie de bien des formations.

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Les rôles sont bien moins clairement définis parmi les défenseurs. L'absence de duo de « minutes dures » attitré peut surprendre, mais elle illustre, je pense, un élément qui montre où les Jets ont de la place pour continuer à progresser en séries éliminatoires.
Le tournoi printanier se caractérise par un accent prononcé mis sur les confrontations, qui prennent la forme de duels entre duos de défenseurs et trios d'attaquants adverses. Les Jets, parce qu'ils n'ont pas de vraie division des tâches dans leur brigade défensive, vont avoir beaucoup plus de flexibilité dans l'organisation de ces confrontations. S'ils n'ont pas de vrai tandem « de pointe », ils ont bel et bien trois duos capables de tenir leur bout. Si une unité ne fait pas le travail contre son adversaire attitré, on a donc la marge de manœuvre nécessaire pour réorganiser les confrontations.
Les Jets sont donc à surveiller de près. Ils ne sont pas simplement bons, comme leur fiche l'indique, mais ils ont encore manifestement des ressources en banque, qu'ils pourront encaisser au retour d'Enstrom et Trouba. Ajoutés au fait qu'ils ont désormais un des meilleurs top-9 de la ligue, leurs partisans ont de bonnes raisons d'être très optimistes.