Vegas-Bouchard

C'est rendu une forme de routine : les Golden Knights de Vegas nous ont fait mentir (moi le premier). Je laisse à d'autres le détail des exploits individuels de ce match qui les a menés à la prochaine ronde, pour recentrer le propos sur ce que la saison nous a appris de cette équipe. Simplement pour mieux comprendre ce qui n'en finit plus de surprendre, il est utile de revenir sur ses pas pour voir quelles tendances s'annonçaient déjà il y a quelques mois.
Une équipe disciplinée
Sur 82 matchs, les Golden Knights ont été l'une des équipes les plus disciplinées de la ligue. Ils
ont été pénalisés 266 fois
, le cinquième plus bas total de la ligue; deux équipes seulement (les Blue Jackets de Columbus et les Hurricanes de la Caroline) faisant vraiment mieux qu'eux. Il faut le dire, la tendance n'a pas été la même en séries éliminatoires : en 15 matchs, les Golden Knights ont jusqu'ici hérité de 75 pénalités, dont 71 pénalités mineures, de loin le plus haut total parmi les équipes s'étant qualifiées pour les finales de conférence.

Un gardien reposé
Marc-André Fleury, j'en ai souvent parlé, fait la différence depuis le début du tournoi éliminatoire. Si son équipe est souvent pénalisée depuis le début des séries, il y est fumant, ayant sauvé pas moins de
trois buts en 84 minutes de jeu. Vegas a, ici et maintenant, tout ce qu'il faut pour tenter le coup. Plus encore, et là on aura peut-être besoin de faire un peu de gymnastique, on a les cartouches pour essayer d'aller chercher John Tavares. On sait que Vegas a une cinquantaine de millions d'engagés en salaires pour l'an prochain, sur un plafond présentement annoncé à 75 millions (les observateurs semblent convaincus de le voir monter). Est-ce 25, 27, 30 millions sous le plafond dont on dispose? William Karlsson et Colin Miller vont coûter cher, quoique Miller, si on a la chance de mettre la main sur Erik Karlsson, pourrait servir de monnaie d'échange… Outre ces deux joueurs, l'alignement est complet. Il est donc bien possible que George McPhee ait les sous nécessaires pour tenter le coup double : Erik Karlsson et John Tavares. C'est toujours, dans ces cas-là, une question dont une partie de la réponse appartient aux joueurs concernés. Parions que Vegas est en train de donner à ces deux superstars le goût d'écouter ce qu'on aura à leur proposer si, d'aventure, on vient cogner à leur porte. Les Golden Knights sont là pour rester.)
avant le match de dimanche.
C'est en continuité avec ses performances de la saison régulière. En désavantage numérique,
17 gardiens ont joué au moins 200 minutes
en désavantage numérique tout en « sauvant » des buts, c'est-à-dire en accordant moins de buts que ce que le type de tirs qu'ils recevaient le suggérait. Fleury manque le fil de 200 minutes de justesse, gardant les filets de Vegas 190 minutes en désavantage numérique en saison régulière. Ça ne l'a pas empêché de sauver près de trois buts, un score qui a failli le situer dans le top-10 de la ligue à cette échelle.
Toutes situations confondues, Fleury aura été, en saison régulière, le
sixième gardien le plus efficace de la ligue
, sauvant 0,33 but par tranche de 30 tirs reçus.
Je souligne la chose pour mieux faire contraste avec ses adversaires des trois premières rondes : Jonathan Quick termine tout juste devant lui, cinquième avec 0,38 but sauvé par 30 tirs. Connor Hellebuyck? huitième de la ligue, avec 0,28 but sauvé par 30 tirs et Martin Jones, 11e avec 0,2 but sauvé par 30 tirs.
Les adversaires de Fleury n'étaient pas des pieds de céleri, mais je ne peux m'empêcher de soupçonner qu'au-delà des intangibles, Flower a su profiter de circonstances indirectement favorables. Ses blessures l'ont limité à 46 matchs, alors que Jones en a gardé 60, Quick 64 et Hellebuyck 67 en saison régulière. La fatigue, je ne peux m'empêcher de le croire, a fini par avantager le vétéran, surtout en 3e ronde.
Une équipe opportuniste
Peu d'équipes auront joué avec l'avance plus souvent que les Golden Knights au fil de la saison. Ils auront terminé la saison régulière septièmes pour le temps joué avec l'avance d'au moins un but, les Jets de Winnipeg ayant mené la ligue à ce chapitre. Le chemin vers la finale n'aura pas été une partie de plaisir.
Mais les données ne disent pas tout, c'est évident. Je pense que, notamment, elles n'expliquent pas correctement comment un bon centre défensif avec de bonnes habiletés offensives, William Karlsson, a pu se transformer en marqueur de premier plan. À regarder Vegas jouer, il est évident qu'un aspect non mesuré, mais aisément visible à l'œil nu, se trouve du côté des qualités bien réelles de fabricants de jeu de Reilly Smith et Jonathan Marchessault. Smith, historiquement un marqueur de deuxième trio à forces égales, s'est cette saison taillé un pedigree de fabricant de jeu de premier plan, obtenant plus d'une passe primaire par heure jouée à 5 contre 5. Même chose pour Marchessault, qu'on savait être un tireur prolifique, mais qui s'est offert une nouvelle dimension pour son arrivée dans la capitale du Nevada. De leurs tirs tentés qui n'ont pas été bloqués par l'adversaire, Smith, Marchessault et Karlsson réunis ont tiré un but plus de 8 pour cent du temps, un taux supérieur de 3 pour cent à celui que la provenance et le type de tirs qu'ils obtenaient suggéraient.
À LIRE: Comment les Golden Knights ont-ils fait? | Comment les Golden Knights ont été bâtis
On peut, à juste titre, considérer qu'il y a là démonstration du rôle de dame chance, mais j'ai aussi l'impression qu'on est en présence d'un réel effet de passeurs. Les frères Sedin, Sidney Crosby, ou encore Martin St-Louis et Steven Stamkos ont, à leur façon, eu ce genre d'impact tour à tour et j'ai l'impression qu'on est ici en présence d'une autre manifestation de ce genre de synergie qui amène un trio à être clairement plus que la somme des parties qui le compose. À les voir garder l'avantage sur, tour à tour, Anze Kopitar, Logan Couture et Mark Scheifele, je pense qu'on est en droit de leur donner le bénéfice du doute. Ils seront assurément réunis l'an prochain, on en aura alors le cœur net. J'ai, pour ma part, trop souvent parié contre eux pour continuer dans cette veine.
Un avenir brillant
En attendant de connaître leur adversaire en Finale de la Coupe Stanley, je prends un moment pour souligner à quel point la situation des Golden Knights est enviable. Vegas a une tonne d'espace sous le plafond salarial l'an prochain et une tonne de choix au repêchage dans les prochaines années. Or, cette équipe n'a pas à bâtir pour l'avenir.
Justement, de sensationnels joueurs capables d'aider une équipe immédiatement seront disponibles cet été.
En défensive, il semble clair qu'Erik Karlsson a de fortes chances de partir d'Ottawa. Les Sénateurs, dont les budgets sont serrés, chercheront assurément des choix au repêchage, de jeunes joueurs prometteurs et, qui sait, une âme charitable pour récupérer un contrat encombrant (Bobby Ryan?). Vegas a, ici et maintenant, tout ce qu'il faut pour tenter le coup.

Plus encore, et là on aura peut-être besoin de faire un peu de gymnastique, on a les cartouches pour essayer d'aller chercher John Tavares. On sait que Vegas a une cinquantaine de millions d'engagés en salaires pour l'an prochain, sur un plafond présentement annoncé à 75 millions (les observateurs semblent convaincus de le voir monter).
Est-ce 25, 27, 30 millions sous le plafond dont on dispose? William Karlsson et Colin Miller vont coûter cher, quoique Miller, si on a la chance de mettre la main sur Erik Karlsson, pourrait servir de monnaie d'échange… Outre ces deux joueurs, l'alignement est complet. Il est donc bien possible que George McPhee ait les sous nécessaires pour tenter le coup double : Erik Karlsson et John Tavares. C'est toujours, dans ces cas-là, une question dont une partie de la réponse appartient aux joueurs concernés. Parions que Vegas est en train de donner à ces deux superstars le goût d'écouter ce qu'on aura à leur proposer si, d'aventure, on vient cogner à leur porte.
Les Golden Knights sont là pour rester.