Pastrnak Little Foligno split

On a droit chaque saison à des négociations qui traînent en longueur. Trois gros dossiers se sont réglés hier, ceux de David Pastrnak, Bryan Little et Marcus Foligno.
Les Bruins de Boston, il n'y a pas 36 façons de le dire, viennent de réaliser un coup fumant. Pastrnak sera sous contrat jusqu'à l'âge de 27 ans, ce qui signifie que Boston vient d'acheter deux saisons d'autonomie complète d'une jeune étoile montante tout en s'assurant d'avoir la mainmise sur les années de sa carrière où il sera le plus productif. Pastrnak a cumulé des points au même rythme que l'attaquant des Predators de Nashville Filip Forsberg depuis trois ans, et ce malgré le fait qu'il soit de deux ans le cadet du Suédois.

On sait que les Bruins, notamment sous l'ancien entraîneur Claude Julien, ont su être agressif au fil des années quand est venu le temps de donner de la place aux jeunes, mais même dans ce contexte, la progression de Pastrnak a été impressionnante.
Après une première saison en dents de scie, Pastrnak s'est imposé dans le top-6, commençant même la saison sur le premier trio, où il s'installe définitivement lors de la saison 2016-17.

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Les performances de Pastrnak, elles, n'ont pas été en dents de scie. L'ailier droit s'assure d'une production offensive significative grâce à sa production de tirs largement supérieure à la moyenne. Les bons ailiers du top-6 cumulent une douzaine de tentatives de tirs par heure jouée. L'an dernier, Pastrnak a flirté avec l'élite de la profession. Il en est de même pour sa production offensive, où les attaquants de premiers trios obtiennent généralement 1,6 point par heure jouée.

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Les Bruins, donc, se sont assurés des meilleures saisons d'un joueur qui se développe encore et produit déjà, depuis trois ans, à un rythme qui s'approche à celui des joueurs d'élite à sa position. C'est pour eux une entente extraordinairement avantageuse.
Le cas de Bryan Little est plus embêtant à évaluer. Les Jets de Winnipeg flottent entre deux eaux, n'ayant pas réussi à atteindre les séries éliminatoires de la Coupe Stanley au cours des deux dernières saisons. Mais, en même temps, l'équipe n'est pas en reconstruction et n'a pas non plus les moyens d'acheter une solution à ses problèmes comme les Maple Leafs de Toronto (qui ont avalé une foule de mauvais contrats pour aller chercher des choix au repêchage ou encore pour se débarrasser des vétérans comme le défenseur Dion Phaneuf). On a quelques excellents jeunes joueurs (Mark Scheifele, Patrick Laine, Nikolaj Ehlers, Jacob Trouba) et des vétérans encore très productifs (Dustin Byfuglien, Blake Wheeler). L'équipe, donc, n'est vraiment pas en déperdition comme les Red Wings de Detroit, par exemple. Et Bryan Little fait partie du groupe de vétérans productifs du club.
Arrivant à 30 ans en novembre, Little a encore de bonnes années devant lui et il a, depuis 10 ans, été un joueur remarquablement régulier. Comme Pastrnak, il produit méthodiquement au rythme d'un attaquant de premier trio.

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Mais il y a aussi plusieurs signes d'alarme qui entourent ce contrat. Pris sur une base annuelle, l'ancien (4,7 millions $ par saison) et le nouveau (5,3 millions $ par saison) contrat de Little représentent une excellente affaire, pourvu que la production du vétéran se maintienne. Et c'est là où les doutes commencent à émerger.
Little n'a pas su jouer plus de 60 matchs au cours des deux dernières campagnes, un signe alarmant pour un joueur qui a 672 matchs derrière la cravate. De plus, son prochain contrat ne commence pas cette saison, mais l'an prochain et se poursuit sur six ans. C'est-à-dire qu'on va le payer jusqu'à l'âge de 37 ans! Si Little vieillit comme Justin Williams ou Matt Cullen, c'est fantastique. Mais ces joueurs sont les exceptions qui confirment la règle. On vient de courir un gros risque à long terme pour s'assurer d'une contribution de haut niveau à court terme, peut-être pour les trois prochaines saisons. On sent que la pression monte à Winnipeg.
Le contrat qui m'a le plus surpris reste celui de Marcus Foligno. On vient de lui donner quatre saisons à 2,8 millions $ par campagne, et je ne sais pas trop pourquoi. On a déjà Zach Parise, Tyler Ennis et Jason Zucker à l'aile gauche et le jeune centre Mikael Granlund y a passé une bonne partie de la dernière saison. Je doute qu'on ait donné pareille somme à Foligno pour en faire un joueur de quatrième trio et un spécialiste du désavantage numérique. Et le bonhomme marque, en gros, 1,3 point par heure jouée à 5 contre 5 (il n'a jamais franchi le cap des 30 points). Foligno est le genre de joueur qu'on va payer trop cher lorsqu'on manque de profondeur, mais le Wild est une des formations les plus équilibrées de la ligue.
Je me demande bien ce que l'entraîneur Bruce Boudreau va faire avec ça.