Matt Grzelcyk HFC 1

John Grzelcyk a assisté à plus d'une soirée « Le hockey pour vaincre le cancer ». Des joueurs et des partisans qui brandissent de petites affiches mauves avec un nom inscrit dessus, il en a vu des tonnes.

Les gens ont lutté pour leurs grands-parents, pour leurs amis, pour un remède. Mais depuis le 25 octobre, aucune affiche ne l'a davantage touché que celle brandie par le défenseur des Bruins de Boston Matt Grzelcyk au TD Garden.
Il y était écrit « Mon père. »
« Ça a une grande signification pour moi, quand il dit qu'il 'prie pour son père' », a confié John Grzelcyk. « Je me suis toujours senti mal pour les gens dont les noms se trouvent sur ces affiches. Maintenant, c'est le mien aussi qui y est. »
Discrètement, John Grzelcyk, qui fêtera en décembre son 54e anniversaire à titre de membre du « Bull Gang » du Boston Garden, puis du TD Garden, a commencé le 28 février des traitements de radiothérapie contre un cancer de la prostate. Il ne voulait pas réellement en informer quiconque. Il ne sentait pas qu'il méritait l'admiration ou les vœux de quelqu'un. Il ne croyait pas que c'était assez majeur et ne s'attendait même pas à ce que son fils soit présent le 1er avril, lorsque c'était à son tour de sonner la cloche pour souligner la fin de ses traitements de radiothérapie.
Matt est toutefois arrivé avec sa copine et sa mère afin de partager le moment.
« La veille de son traitement final, nous avions un match. Nous ne lui avons donc pas dit d'avance et nous sommes venus en groupe », raconte Grzelcyk, qui a grandi à un peu plus d'un kilomètre du Garden de Charlestown, en banlieue de Boston. « Il a réellement apprécié le geste. Il est retourné au travail immédiatement après. »
L'homme de 72 ans est sur le point d'atteindre le plateau des 27 ans parmi le « Bull Gang » du TD Garden, égalant par le fait même son nombre d'années de service à l'ancien Boston Garden. Le « Bull Gang » est un groupe responsable de faire la transition entre l'arrangement hockey des matchs des Bruins et l'arrangement basketball de ceux des Celtics, les deux équipes partageant le même domicile. Il ne compte pas arrêter et c'est notamment pour cette raison qu'il a décidé de traiter son cancer comme il l'a fait.
Cancer qui a été découvert lorsque le docteur de M. Grzelcyk a déterminé que son niveau d'antigène prostatique spécifique (APS) était trop élevé, ce qui est souvent un signe potentiel de cancer de la prostate. Il a effectué une imagerie par résonance magnétique, puis une biopsie qui ont confirmé le tout.
Grzelcyk avait trois options : étant donné que sa prostate n'avait pas grossi, il aurait pu ne rien faire et voir comment le tout évolue. Il aurait également pu l'enlever ou bien subir des traitements de radiothérapie. C'est cette dernière option qu'il a choisie pour éviter de s'absenter de travailler et de ne plus voir ses petits-enfants pendant un certain temps. Pour 30 jours, il allait marcher quotidiennement de l'hôpital général du Massachusetts jusqu'au TD Garden.
Ce fut une période stressante, alors que John devait subir ses traitements tout en gardant le secret que son fils était blessé. Matt Grzelcyk était atteint à l'épaule depuis janvier, ce qui n'avait pas été confirmé avant que la saison des Bruins se termine, au moment de subir une opération. Pour de multiples raisons, John s'est tût.
« Il y a des gens qui ont de pires cancers que moi », a-t-il affirmé. Je ne veux pas dire que ce que j'ai vécu est normal - aucun cancer ne l'est -, mais je pense aux jeunes enfants qui en souffrent. Aux femmes qui ont un cancer du sein. Ma belle-sœur est morte d'un cancer du sein alors qu'elle n'avait que 40, 41 ans. Ça m'a indirectement touché lors de ma vie, puis maintenant ça me touche directement. »
« Mais j'ai vécu 72 ans. Certains enfants ont le cancer à 9, 8, 7 ans. C'est crève-cœur. Si seulement je pouvais échanger avec un enfant en lui laissant vivre le reste de ma vie et en prenant sa place… Je me sens mal pour eux. »
Donc, il ne voulait pas annoncer la nouvelle aux autres. Et pratiquement personne ne l'a su, jusqu'à ce que Matt publie une vidéo sur Instagram de son père sonnant la cloche, pour souligner la fin des traitements. Le téléphone de John s'est mis à vibrer.
« Je n'en suis pas surpris », a dit Matt à propos de la discrétion de son père. « Mais c'est inspirant. Il ne veut jamais être le centre de l'attention. Il ne veut pas décevoir ou attrister les autres. Sa force est admirable. »
Depuis que les traitements sont terminés, John Grzelcyk s'assure d'effectuer des suivis de son niveau d'APS, qui continue de baisser. Les nouvelles sont bonnes.
« Le cancer de la prostate est un tueur silencieux. Tu peux ne pas avoir de symptômes pendant 20 ans. Maintenant, on trace mieux. »
Son message est donc clair : « Plus de gens devraient être tracés à un certain âge. Il s'agit seulement d'une prise de sang afin de détecter le niveau d'APS. Tout part d'une simple prise de sang. »
Le 25 octobre, Matt Grzelcyk a assisté de près à la mise au jeu protocolaire de son match par Mayah White, 15 ans. L'adolescente a été diagnostiquée d'un lymphome anaplasique à grandes cellules de stade 3, alors que les radiographies de juin ne montraient aucun signe de la maladie. Grzelcyk a aussi vu de près Andrew Marshall, qui a vaincu la leucémie à 16 ans, chanter l'hymne national.
Il a eu des frissons.
« Je ne peux m'imaginer recevoir cette nouvelle. C'est un facteur de motivation de les voir maintenant », a-t-il commenté.
Idem pour son père.
54 ans de travail au domicile des Bruins et des traitements de radiothérapie plus tard, rien n'arrête John Grzelcyk. Il considère son travail parmi la « Bull Gang » comme une « bonne thérapie », quelque chose qui lui change les idées de ce qu'il a vécu et qui l'aide à se tenir occupé.
« Je crois qu'il ne va jamais quitter son travail. Il adore y aller », conclut Matt Grzelcyk.