Vote de confiance
par Staff Writer / Montréal CanadiensBROSSARD – La vie nous force parfois à faire des choix difficiles pour continuer à avancer.
C’est exactement ce que Marc Bergevin a dû faire dans les 24 dernières heures, deux fois plutôt qu’une, lui qui a remercié les vétérans Peter Budaj et Francis Bouillon, plaçant un important vote de confiance entre les mains des jeunes défenseurs Nathan Beaulieu et Jarred Tinordi et du gardien Dustin Tokarski.
Au terme d’une rencontre « très émotive » avec Michel Therrien et Marc Bergevin, Francis Bouillon a rencontré les médias montréalais afin de faire le point sur sa très longue aventure de onze saisons avec les Canadiens de Montréal.
« Je m’attendais à ce que la décision soit prise à la fin », a-t-il révélé d’emblée. « Je suis serein. J’étais prêt aux deux situations. Je suis arrivé au camp d’entraînement en bonne forme et avec une bonne attitude. La direction voulait prendre un virage jeunesse, mais en même temps, j’avais encore la passion de jouer au hockey et je voulais encore finir ma carrière ici. Je voulais me donner une dernière chance. »
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Il n’y a pas à dire : pour un joueur qui n’a jamais été repêché et dont l’avenir était incertain pour lui-même après son hockey junior, avoir joué dans la LNH pendant 14 ans est tout un exploit, un dont il est très fier. Le défenseur s’avoue surpris d’avoir pu rester dans la ligue pendant autant d’années, mais ne regrette pas d’avoir tenté sa chance en venant au camp d’entraînement des Canadiens.
« Si je n’étais pas venu au camp, je me serais peut-être réveillé dans deux ans en me demandant ce qui serait arrivé si j’y avais été », soutient le défenseur. « Là, je vais me lever demain matin et je vais être fier de ce que j’ai accompli. »
La rencontre de ce matin n’a pas seulement été difficile pour Francis Bouillon. Marc Bergevin a parlé en long et en large de sa décision, une qui était « difficile à prendre », autant pour lui que pour Therrien. Il est cependant confiant en l’avenir de l’équipe avec Beaulieu et Tinordi, qui cognaient à sa porte depuis quelques années déjà.
« Nous avons deux jeunes défenseurs, et il faut maintenant tourner la page avec eux », a laissé savoir le directeur général du Tricolore. « Je les ai rencontré ce matin et je leur ai dit que c’était difficile d’intégrer la LNH, mais que c’était encore plus dur d’y rester. Ils devront devenir meilleurs, meilleurs et encore meilleurs. Nous sommes confiants qu’ils peuvent relever le défi. »
Bergevin est également revenu sur la transaction envoyant Peter Budaj et Patrick Holland aux Jets de Winnipeg en retour d’Eric Tangradi, réglant enfin la question des gardiens à Montréal, notant que plusieurs raisons l’avaient mené à choisir Tokarski pour seconder Price plutôt que Budaj.
« Évidemment, si on se fie sa performance dans les séries éliminatoires l’année dernière, je pense qu’il a bien relevé le défi », a affirmé le directeur général des Canadiens. « Si on regarde sa fiche, il a gagné à tous les niveaux. C’est un gardien de 25 ans. Nous avons pris une décision, mais Peter Budaj a fait preuve de classe tout le long, a été un bon gardien réserviste et un bon ami. Nous lui souhaitons ce qu’il y a de mieux. »
Il va sans dire que ces décisions auront un impact considérable sur le vestiaire des Canadiens cette saison. Lundi après-midi, les joueurs ont tous réagi aux départs des deux vétérans, tous deux très respectés par leurs anciens coéquipiers. Carey Price, qui était très proche de son réserviste Budaj, a admis qu’il était triste de voir son bon ami partir, mais qu’il était heureux pour Tokarski, qu’il a appris à connaître durant les séries éliminatoires.
« Évidemment, il est un de mes meilleurs amis », a affirmé le gardien partant à propos de Budaj, ne cachant pas sa déception. « C’est dommage mais, en même temps, nous avons un autre gars avec qui je m’entends bien. Peu importe ce qui arriverait, nous allions perdre au change. »
L’assistant Andrei Markov, qui ne trouve pas facile de voir partir deux vétérans, surtout un à la ligne bleue, voit somme-toute la défensive des Canadiens d’un œil très positif avec la relève Beaulieu-Tinordi.
« Je ne pense pas qu’ils soient si jeunes que ça », a offert Markov. « Ce sont de bons joueurs. C’est bon pour eux de commencer la saison ici et de continuer. Ils peuvent s’améliorer et je pense qu’ils auront un bel avenir. Ils doivent seulement travailler sur quelques détails et regarder de l’avant. »
On dit toujours que le malheur des uns fait le bonheur des autres. Si Beaulieu, Tinordi et Tokarski ont perdu de bons mentors dans les dernières heures, les départs de Bouillon et Budaj ont permis de confirmer leur présence au sein de la mouture 2014-2015 des Canadiens, et ils ne pourraient être plus heureux.
« J’ai appris la bonne nouvelle juste avant d’embarquer sur la glace », racontait un Nathan Beaulieu tout sourire, définitivement soulagé suite à sa rencontre avec l’état-major de l’équipe. « C’était un honneur. C’était bien de pouvoir parler avec le directeur général et l’entraîneur. C’est excitant, mais le travail ne fait que commencer. Ils ont aimé mon camp. Ils ont aimé comment les choses se sont passées. Pour les jeunes, la chose la plus importante est de continuer à travailler et de trouver une constance. »
Discours semblable chez Jarred Tinordi, qui a tenu à remercier Bouillon, qui l’avait énormément aidé durant ses quelques passages dans le grand club.
« Il était super », de dire le jeune défenseur à propos de son mentor. « J’ai pu lui dire au revoir, ce qui était bien. Je me rappelle que, quand je suis arrivé ici pour la première fois, il a été mon partenaire de défense pour un bon moment. C’est un bon vétéran qui aide tous les jeunes. Il m’a aidé, il a aidé Nate et je suis certain qu’il a aidé Greg [Pateryn] aussi. »
Si le professeur doit quitter pour laisser la place aux élèves, ce dernier croit tout de même que la décision que Marc Bergevin a prise est celle qu’il croyait être la meilleure et est confiant en ses jeunes protégés.
« On dit que le hockey, c’est le plus beau sport, mais en même temps, c’est un sport qui est ingrat parce que tu te bats contre tes coéquipiers à chaque année pour faire ta place », raconte-t-il, se rappelant avoir été de l’autre côté de la médaille en se taillant une place dans l’équipe. « Ces jeunes-là m’ont fait hommage ce matin lorsque je les ai rencontrés. De te faire remercier de tes conseils par des jeunes comme ça, c’est toujours très apprécié. »
Si l’avenir est maintenant certain pour Beaulieu, Tinordi et Tokarski, il va sans dire que celui de Bouillon l’est un peu moins. Ce dernier a confirmé avoir reçu des offres de certaines équipes européennes avant d’arriver au camp des Canadiens, mais ne sait pas si ces offres sont toujours sur la table ou s’il ira en Europe pour continuer à jouer au hockey. Pour Bouillon, une seule chose est sûre : « Je vais être un Canadien pour toujours, peu importe ce qui se passe dans le futur. »
Élise Robillard écrit pour canadiens.com.
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