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Quand les chiffres parlent: Le principe de Peter

par Staff Writer / Montréal Canadiens
MONTRÉAL – Pourquoi les gardiens de la LNH arrêtent plus de rondelles qu’auparavant? Un meilleur entraînement et un meilleur équipement aident beaucoup, mais comme le démontre le parcours de Peter Budaj, certains changements ont eu un impact encore plus grand sur la profession de gardien de but.


Jusqu’au début des années 1990, la plupart des équipes de la LNH trouvaient leurs gardiens dans un cadran géographique qui va de Penticton en Colombie-Britannique à Moncton au Nouveau-Brunswick, en passant par Humboldt en Saskatchewan et Cornwall en Ontario. En résumé, les gardiens provenant de l’extérieur du Canada avaient rarement la chance de se faire valoir. Les gardiens Frank Brimsek et Tom Barrasso, qui ont remporté le trophée Vézina à 42 ans d’écart, ont été parmi les seuls non-Canadiens à occuper le poste de gardien partant dans la LNH jusqu’au milieu des années 1980.

Au même moment, il était possible de compter sur les doigts d’une seule main le nombre de cerbères qui ont traversé l’Atlantique. Jiri Crha a fait partie des premiers à faire le saut vers la LNH, mais à 30 ans, il n’y a disputé que 69 rencontres. Deux des gardiens les plus dominants de l’époque, Vladislav Tretiak (URSS) et Vladimir Dzurilla (CZE) sont demeurés dans leurs pays respectifs et ont joué dans le système soviétique, notamment en raison du climat politique tendu de l’époque.

En 1982, lorsque Peter Budaj a vu le jour à Banska Bystrica dans ce qui était alors la Tchécoslovaquie, aucun gardien partant dans la LNH ne provenait de l’Europe de l’Est.

Un bassin plus grand

La donne a changé en 1991, à la chute de l’Union soviétique. Cette année-là, Dominik Hasek, âgé de 26 ans, se joignait aux Blackhawks de Chicago pour débuter une carrière de 16 ans dans la LNH, où il remportera le trophée Vézina six fois, entre 1994 et 2001. L’année 1994 a marqué le moment où plus d’un gardien d’Europe de l’Est occupait un poste de numéro un dans la LNH (Arturs Irbe à San Jose et Hasek à Buffalo).

Rapidement, les équipes ont compris que les meilleurs gardiens de la planète pouvaient venir d’endroits comme Karlovy Vary en République tchèque (Tomas Vokoun, choix des Canadiens en 1994), Bratislava en Slovaquie (Jaroslav Halak, choix des Canadiens en 2003) ou même Banska Bystrica, une bourgade de 80 000 habitants où il n’y a qu’une seule patinoire intérieure. Lorsque Peter Budaj a été repêché par l’Avalanche du Colorado à l’été 2001, cinq gardiens originaires de pays du Pacte de Varsovie avaient disputé plus de la moitié des matchs dans leurs équipes respectives au cours de la saison précédente.

Des 82 gardiens ayant disputé au moins un match dans le circuit Bettman en 2013-2014, 12, incluant Budaj, sont nés à l’Est de l’endroit où le mur de Berlin se tenait jadis. En ajoutant à cela les gardiens d’origine scandinave, la proportion de gardiens Canadiens est passée de 81% en 1991 à 39% aujourd’hui. Cette baisse n’a rien à voir avec une diminution de la qualité des gardiens originaires du Canada, mais surtout avec le fait qu’ils doivent aujourd’hui se battre contre l’élite du monde entier pour espérer se tailler une place devant le filet.

Le jeu s’élève d’un cran

D’avoir un bassin plus grand dans lequel choisir les athlètes a eu trois effets principaux sur la LNH.

Dans un premier temps, l’âge des gardiens est passé d’une moyenne de 25 ans en 2001 à près de 30 ans en 2004. Les organisations, se retrouvant avec de nombreux espoirs, ont pris plus de temps pour les développer, leur permettant de se faire les dents dans les ligues mineures avant de leur donner la responsabilité de défendre le filet dans la grande ligue.

Pour Peter Budaj, cet apprentissage a compté trois saisons avec les Bears de Hershey dans l’AHL avant d’obtenir un premier départ dans la LNH à l’âge de 23 ans. Après avoir été gardien numéro un de l’Avalanche pour certaines portions de ses six saisons passées là-bas, Budaj s’est joint aux Canadiens à l’été 2011 et est rapidement devenu un des meilleurs gardiens auxiliaires vétérans de tout le circuit. Depuis son arrivée à Montréal, il a une fiche de 19-12-7 et un pourcentage d’arrêts de 0,916.

Deuxièmement, la quantité de gardiens de qualité qui ont fait leurs preuves dans les rangs mineurs ou en Europe a proportionnellement amélioré le niveau de jeu, rendant le travail des attaquants encore plus difficile, même s’ils ont de meilleurs bâtons et que la règlementation sur l’obstruction et l’accrochage est beaucoup plus sévère. Arrêter 90% des tirs dirigés vers soi était, à l’époque des Jacques Plante, Ken Dryden et même Patrick Roy, incroyable. Aujourd’hui, avoir une moyenne de 0,900 est en deçà de la moyenne des performances.



Voici une façon simple d’illustrer à quel point il est plus difficile de marquer aujourd’hui dans la LNH qu’au milieu des années 1980. Voici ce qui arriverait si deux équipes dans la moyenne avec des gardiens dans la moyenne s’affrontaient en 1985, puis en 2014. Si les deux équipes ont un total combiné de 60 tirs, on peut en déduire qu’en moyenne 7,5 buts seront marqués en 1985. Aujourd’hui,  avec des gardiens présentant un pourcentage d’arrêts de 0,916, le même nombre de tirs résulterait en 5,1 buts. Ce qui était une rencontre de 5 à 3 à l’époque serait aujourd’hui un match de 3 à 2.

Il faut aussi noter que depuis que la Ligue a commencé à comptabiliser le pourcentage d’arrêts en 1985, c’est la première fois que les performances des auxiliaires (0,915) sont comparables à celle des partants (0,916). Ces récents développements ont bénéficié aux Canadiens, qui ont vu Carey Price arrêter 92,5% des tirs dirigés vers lui avant la pause olympique. Et Peter Budaj? Cette saison, en 14 rencontres, il présente un pourcentage d’efficacité de 92,6%.


Jack Han écrit pour canadiens.com. Traduit par Vincent Cauchy.


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