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Site officiel des Canadiens de Montréal

Dans ses pantoufles

par Vincent Cauchy / canadiens.com

MONTRÉAL - Leur fils est peut-être à un peu plus de 150 kilomètres du nid familial, mais pour la famille Danault, c'est comme si Phillip était juste à côté.

Et ils ont bien raison.

Cent soixante-six kilomètres c'est quoi? Environ 1h30 de route, un quart de réservoir d'essence, trois douzaines de chansons de la liste de lecture « Road trip » et peut-être une légère pause pour… vous savez quoi.

Pour Phillip Danault , ces kilomètres ne représentent rien du tout. Être à Montréal, c'est être à la maison. Pour son père Alain, sa mère Michelle et sa sœur Ann-Andrée, c'est comme s'ils retrouvaient le même p'tit gars qui a quitté Victoriaville il y a de cela déjà quelques années, en direction de Chicago.

« L'an passé, c'était quand même drôle. Dans le temps de Pâques, un dimanche soir, il est descendu chez nous, à Victoriaville pour venir souper. Jamais on n'aurait pu penser que ce soit possible », se souvient son père Alain, qui est directeur général du Club de golf de Victoriaville et du Club de golf Laurier. « C'était spécial d'avoir notre garçon chez nous, à la maison en pleine saison de hockey. C'est le genre de chose qui va se reproduire. On va faire des allers-retours à Montréal et vice-versa. »

Pour M. Danault, le retour de Phillip dans la Belle Province représente la deuxième fois où il revient chez lui…

« À l'âge de 15 ans Phillip a quitté la maison pour aller jouer au niveau midget AAA à Trois-Rivières puisque dans notre région, les joueurs de ce calibre évoluent avec les Estacades. Il a donc quitté à 15 ans pour aller vivre dans une famille là-bas et faire ses études là-bas. À ce moment, ma femme Michelle et moi-même nous croyions qu'il quittait la maison définitivement. On avait commencé à faire notre deuil », explique celui qui a tout de même assisté au repêchage de la LHJMQ, qui avait lieu à Moncton cette année-là, en compagnie de toute la famille.

C'est à ce moment que la famille a été réunie de nouveau pour une première fois.

« Dans la liste de la centrale de recrutement du junior majeur, il était classé au 29e rang, ce qui veut dire en deuxième ronde. Les Tigres avaient un choix de première ronde, le neuvième, et n'avaient ensuite pas de choix en deuxième ronde. On se disait donc qu'en troisième ronde, il aurait déjà été choisi en première ronde. On ne croyait pas qu'il serait choisi si tôt », se souvient M. Danault. « Jérome Mésonéro [directeur général des Tigres à l'époque] a pris cette chance. Nous y étions. Je m'en rappelle encore aujourd'hui. Nous étions sous le choc, tellement heureux de savoir que notre fils allait revenir prendre sa chambre à la maison pour trois ou quatre ans. Ça nous a laissé notre fils un peu plus longtemps que prévu. »

C'est ainsi que Phillip Danault, le jeune homme qui avait appris à patiner chez son oncle à l'âge de trois ans, en compagnie de Mathieu Garon, alors gardien de but des Tigres, revenait à la maison pour une première fois.

« De jouer dans sa région, c'était spécial pour Phillip. Ça lui mettait une pression supplémentaire, pression qui lui aura été bénéfique à l'époque et encore aujourd'hui. Avec les Canadiens c'est la même chose, il joue à la maison », explique M. Danault, qui a lui-même été annonceur maison des Tigres au Colisée Desjardins pendant 19 saisons. « Phillip et moi on parle souvent de hockey. Après les matchs c'est certain que Phillip me demandait mon avis. On avait l'avantage de pouvoir voir nos expressions directement, ce qui ne se fait pas au téléphone. Sa mère avait l'occasion de lui faire sa petite toast au fromage réconfortante après les matchs. Ça changeait tout de l'avoir à la maison. »

Puis est venu le repêchage de la LNH et le grand départ pour Chicago, deux moments qui se retrouvent au sommet des souvenirs mémorables d'Alain Danault lorsqu'il pense à la jeune carrière de son fils.

« Le repêchage vient au premier rang. C'était la consécration de tant d'efforts. Puis son premier match avec les Blackhawks. C'était à Edmonton. Nous y étions et je n'oublierai jamais ce moment », explique Danault, avant de passer à un autre moment, plus récent celui-là. « Le troisième meilleur moment jusqu'ici, c'est bien sûr en février dernier, quand il a été échangé aux Canadiens. Nous regardions la télé bien tranquillement et nous avons appris que Phillip s'en venait jouer pour notre équipe chérie. »

Lorsqu'Alain a pu parler à son fils par le biais d'une vidéo-conférence, les deux hommes se sont regardés, bouches bées, pendant quelques secondes.

« Nous étions tous les deux en état de choc. Il y a eu quelques secondes de blanc, de silence. Il ne savait pas s'il devait être content ou pas », se remémore celui qui est un partisan de la première heure des Canadiens. « Puis je lui ai dit à quel point c'était incroyable qu'il s'en revienne à la maison. C'était la deuxième fois qu'on vivait ça. On pensait l'avoir perdu et le voilà revenu encore une fois. »

Pour Phillip Danault, d'être échangé aux Canadiens représentait aussi un rêve d'enfant, autant pour lui qui pour son paternel. Malgré le fait qu'elle ait grandi un peu plus près de Québec que de Montréal, la famille Danault a toujours eu le CH tatoué sur le cœur.

« Son cœur a toujours été avec les Canadiens de Montréal. Il n'a même pas eu à choisir entre les Canadiens et les Nordiques parce qu'il n'a jamais vécu ça. Mais aux Fêtes, j'étais celui qui m'obstinait avec les partisans de Québec», explique Alain, qui a vu son fils naître en 1993, deux ans avant le départ des Nordiques pour le Colorado. « Quand tu te rends compte que ton fils va jouer dans la même équipe que les Maurice Richard, Jean Béliveau et Guy Lafleur, c'est assez incroyable. »

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