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RALEIGH, Caroline du Nord – Pyotr Kochetkov est resté agenouillé pendant ce qui a semblé une éternité, avec la rondelle derrière lui, dans son filet.

Pas très loin à la droite du gardien des Hurricanes de la Caroline, tous les joueurs des Rangers de New York s’étaient attroupés afin de célébrer la victoire de leur équipe. Les coéquipiers de Kochetkov étaient beaucoup plus loin, pour la plupart au banc de l’équipe, la mine basse.

Au bout de quelques secondes, le portier recrue a entamé son chemin vers la sortie.

Le tableau indicateur du PNC Arena indiquait toujours la marque finale : Rangers 3, Hurricanes 2. D’où la tristesse des hommes en rouge et noir.

Artemi Panarin a tranché le débat à 1:43 de la période supplémentaire, jeudi, en redirigeant la passe de Vincent Trocheck. Panarin a envoyé le disque du côté de la mitaine de Kochetkov, qui n’a pu garder les espoirs des siens vivants.

NYR@CAR: Panarin tranche le débat

« Il nous a donné toutes les chances de gagner ce match. Nous ne pouvons demander davantage d’un gardien, a souligné l’attaquant Sebastian Aho. Il a fait de bons arrêts et a bien paru. Il ne s’amenait pas dans un contexte favorable et pourtant, il a bien joué. »

En un clin d’œil, les Hurricanes se retrouvent en déficit 0-3 dans leur série de deuxième tour. Ils ont été défaits par les Rangers avec un seul but d’écart trois fois d’affilée; les deux dernières en prolongation.

Pour une deuxième année de suite, ils pourraient se faire balayer.

La Caroline a perdu les trois premiers matchs d’une série six fois dans son histoire. Jamais ils n’ont pu remonter la pente. Au total, 209 équipes ont tenté de surmonter un tel déficit. Quatre ont réussi.

Les chances sont naturellement minces.

« Je ne sais pas ce que nous devrons faire, mais ça devra être spécial », a indiqué l’attaquant Andrei Svechnikov.

Les Hurricanes tenteront d’amorcer la remontée dès samedi, devant leurs partisans (19 h HE; MAX, TruTV, TNT, SN, TVAS, CBC).

Kochetkov n’avait pas joué depuis le 14 avril, lorsqu’il a aidé son équipe à défaire les Blackhawks de Chicago en fin de saison régulière. Il n’avait eu à faire que 14 arrêts.

La mission était bien différente jeudi, alors qu’il devait en quelque sorte être le sauveur en remplacement de Frederik Andersen, à qui on a décidé d’accorder une soirée de repos après sept départs consécutifs pour amorcer les séries. Le Danois venait d’accorder quatre buts aux Rangers à chacune de ses deux dernières sorties.

Kochetkov s’est bien tiré d’affaire, avec 22 arrêts. Il s’est notamment illustré en harponnant le disque à Chris Kreider, qui était seul devant lui avec moins d’une minute à faire au troisième vingt. Cette importante manœuvre a permis aux Hurricanes de forcer la prolongation.

Soudainement, l’équipe était bien en vie, voire de retour dans la série.

L’espoir régnait dans le vestiaire après le temps réglementaire. Un bond devait leur être favorable pour que tout d’un coup, l’écart soit réduit à un match dans la confrontation quatre-de-sept.

Cet espoir s’est rapidement estompé.

Panarin a marqué, brisant le cœur des Hurricanes.

« Ce but nous a donné un second souffle et nous avions énormément d’énergie par la suite, a dit Svechnikov. Mais ç’a pris fin en trois minutes. C’est ce qui se produit parfois. »

Résumé: Rangers vs Hurricanes 9/5/24

Depuis qu’ils ont été balayés par les Panthers de la Floride en finale de l’Association de l’Est l’année dernière, les Hurricanes ont encaissé chacune de leurs huit dernières défaites en séries par un écart d’un but. Cinq ont été subies en prolongation.

Le revers de jeudi est probablement le plus cruel des trois subis contre les Rangers, parce qu’ils ont joué leur meilleur match.

Ils ont marqué en premier pour la première fois de la série, une belle déviation de Jake Guentzel à 10:15 de la première période. Ils ont dominé à 5-contre-5 et eu le dessus 47-25 dans la colonne des tirs. Leurs unités d'infériorité numérique ont offert un rendement de 4-en-4, après avoir accordé deux buts en avantage numérique aux Rangers à chacune des deux rencontres précédentes.

Le jeu de puissance des Hurricanes demeure toutefois leur talon d’Achille.

Il a échoué à cinq autres reprises jeudi, alors qu’ils auraient bien eu besoin de cette étincelle. En plus, ils ont accordé un but en infériorité numérique à Chris Kreider à 8:30 du deuxième engagement, ce qui a permis aux Rangers de créer l’égalité 1-1.

Les Hurricanes n’ont pas marqué en 15 occasions en avantage numérique dans la série, après avoir inscrit cinq buts dans cette facette du jeu en cinq parties contre les Islanders en première ronde. Ils avaient pris le deuxième rang de la LNH pour l’efficacité en supériorité numérique (26,9 %) en saison régulière.

Ils sont démoralisés par leurs insuccès avec l’avantage d’un homme et les défaites qui s’accumulent.

On pouvait sentir la douleur dans le vestiaire des locaux.

« Il faut être réaliste… Cette défaite fait mal, a avoué l’entraîneur-chef Rod Brind’Amour. Nos joueurs accusent le plus grand retard possible. Il faut comprendre ce qu'ils vivent. Mais nous devrons retourner au travail demain. Nous sommes encore en vie. »

Les Hurricanes étaient accablés par la déception, la frustration, le regret, la rage.

Dans un coin du vestiaire, Kochetkov était seul, son équipement éparpillé au sol, ses yeux fixant au même endroit. Dans l’autre coin, Jordan Staal parlait doucement, reflétant le deuil qu’il semblait être en train de vivre. D’autres joueurs sont passés en silence, sans lever les yeux, dévorés par leurs pensées.

Au final, Staal s’est ressaisi et il a sorti le cliché que tous les joueurs utilisent lorsqu’ils sont dans cette situation en affirmant que les Hurricanes doivent prendre les choses une journée à la fois.

« Il y a toujours demain, donc nous pouvons être positifs, a-t-il dit. Nous sommes heureux de pouvoir encore nous améliorer et de trouver des façons de battre cette équipe. Demain sera un nouveau jour. Ça fait mal ce soir et nous ne dormirons pas beaucoup, mais demain est un nouveau jour. Nous devons trouver une façon de gagner un match. C’est notre philosophie depuis longtemps.

« On ne voit pas beaucoup de remontées après trois défaites pour amorcer une série, mais pourquoi pas? […] Nous allons commencer par une victoire. »