Skinner Desharnais badge Chaumont

EDMONTON – Stuart Skinner n’a jamais encore connu la réalité d’un septième match en séries. Une expérience toujours méconnue pour Vincent Desharnais. Lundi soir au Rogers Arena de Vancouver, Skinner et Desharnais briseront la glace dans l’une des plus grandes scènes possibles au hockey. 

À l’enjeu : une place pour la finale de l’Ouest. Le gagnant de cette ultime rencontre entre les Oilers d’Edmonton et les Canucks de Vancouver décrochera un rendez-vous avec les Stars de Dallas. 

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Skinner, qui avait donné le flambeau à Calvin Pickard lors des quatrième et cinquième matchs, a regagné son filet dans la victoire cruciale de 5-1 des Oilers face aux Canucks, samedi soir. Le numéro 74 restera en toute logique l’homme de confiance de Kris Knoblauch. 

Devant lui, Skinner sait qu’il pourra compter sur ses coéquipiers, mais encore plus sur Desharnais. Il y a des liens forts entre les deux. Ils ont partagé les mêmes vestiaires avec le Thunder de Wichita dans la ECHL et les Condors de Bakersfield dans la Ligue américaine avant de finalement se retrouver à nouveau réunis avec les Oilers. 

« Nous avons partagé le même appartement pour quelques semaines à Wichita au Kansas, a dit Skinner à la veille du quatrième match face aux Canucks dans le vestiaire des Oilers. Nous partagions la même chambre d’hôtel pour nos matchs sur la route dans la ECHL. Vinny est devenu l’un de mes meilleurs amis. Nous avons eu des conversations difficiles, très profondes. Le type de discussion où il faut une grande confiance entre nous. À Bakersfield, Vincent était l’un de mes meilleurs amis, mais j’habitais avec Brad Malone. »

Assis à quelques casiers de Skinner dans le majestueux vestiaire des Oilers, Desharnais sort son plus grand sourire quand on lui parle de ses jours à Wichita et à Bakersfield avec le gardien à la grosse moustache. 

« "Stu" (Stuart) a eu une belle influence pour mon cheminement vers la LNH, a répliqué le défenseur de 27 ans. Il y a des jours et des matchs où tu trouves que ça va moins bien. Stu était toujours présent pour moi et je restais aussi présent pour lui. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble. Nous nous téléphonions parfois juste pour jaser. 

« Nous avons développé un lien de confiance fort, a-t-il continué. C’est agréable de savoir que tu peux compter sur une personne qui ne te jugera pas, peu importe comment tu te sens ou comment tu joues. Nous voulons nous aider, nous nous écoutons le plus possible aussi. C’est un monde avec une grosse pression au hockey. Il y a peu de personnes qui vivent la même chose que toi à part tes coéquipiers. Stu vit la même chose, mais il a aussi l’œil pour parfois simplifier la situation. Je dirais qu’il m’a beaucoup aidé dans les cinq dernières années, mais probablement encore plus dans la dernière année à Edmonton. »

Parler de santé mentale

Desharnais a levé le voile depuis longtemps sur ce tabou dans le monde du sport, la santé mentale. Avant d’atteindre la LNH la saison dernière et de jouer avec Connor McDavid et Leon Draisaitl, deux des meilleurs joueurs au monde, le grand gaillard de 6 pieds 7 pouces a passé des moments plus sombres à ses débuts chez les professionnels (2019-20), une année où il avait fait la navette entre Wichita et Bakersfield. 

Au mois de mars dernier, il s’était ouvert sur ses épisodes de dépressions lors d’un entretien téléphonique au LNH.com. Voici ce qu’il racontait.

« À ma première année, j’avais joué les deux premiers matchs de la saison à Bakersfield et ensuite, j’ai subi une commotion cérébrale. Je n’avais pas joué pendant deux mois. J’avais beaucoup d’anxiété durant mon absence. L’anxiété a fini par se développer en une dépression. Je n’en avais parlé à personne. Je gardais ça pour moi en me disant que ça finirait par passer et je ne voulais pas alarmer mes parents. J’étais loin à Bakersfield, en Californie.

« J’ai fini par faire une dépression. Je voulais lâcher le hockey, je pleurais tout le temps et j’étais vraiment négatif. Je me sentais inutile. J’ai choisi d’en parler à mon ostéopathe. Pourquoi elle? Je ne le sais pas. J’étais en confiance et je savais qu’elle ne me jugerait pas. Quand je me suis confié, elle m’a dit d’en parler à un médecin, un spécialiste qui m’aiderait. Et la deuxième chose, elle voulait que je parle à mes parents et qu’ils soient là pour m’aider. Le jour même, ma mère (Josée) a réservé un vol pour la Californie. Elle avait passé quatre jours avec moi. Je ne me sentais plus seul, elle m’avait remonté le moral. 

« J’ai fini par m’ouvrir à du monde. J’avais aussi reçu une prescription du médecin. J’ai pris des médicaments pendant neuf mois. Au mois d’août 2020, j’ai arrêté ma médicamentation. Je n’en avais plus besoin, j’étais redevenu assez fort. C’était la portion la plus sombre de ma vie. Mais je reste reconnaissant, puisque j’ai appris tellement sur moi. Et j’ai compris qui étaient mes véritables amis. »

Parmi ses véritables amis, il y avait Skinner.

Skinner et Desharnais ont gradué pratiquement en même temps à Edmonton. S’il avait reçu quelques tasses de thé en 2021-2022 (13 matchs) et 2020-21 (un match), Skinner a lui aussi gagné un poste à temps plein lors de la saison 2022-23 avec les Oilers.

« Je n’ai pas beaucoup de mots pour décrire la fierté que je ressens quand je regarde le parcours de Vinny, a-t-il répliqué. Je suis tellement fier de lui, il a surmonté des obstacles, il n’a jamais abandonné et il a cru en son rêve. Il s’est ouvert sur ses problèmes de santé mentale, il a eu des blessures, il a eu besoin de temps dans la Ligue américaine. Aujourd’hui, il est l’un de nos spécialistes en infériorité numérique et il est un bon défenseur dans son propre territoire. Il sort aussi bien la rondelle de notre zone. »

Skinner aura encore besoin de la grande tour de 6 pieds 7 pouces pour dégager le devant de son filet lors du septième match contre les Canucks. Mais victoire ou défaite, les deux hommes n’auront pas peur de se confier sur leurs expériences respectives.

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