Offensive core Leafs

TORONTO – Quand les Maple Leafs de Toronto ont procédé à leur bilan de fin de saison avec les médias lundi, c’est l’entraîneur Sheldon Keefe qui a pris le blâme pour un autre échec dans le moment le plus important de la saison. 

C’était son mandat de mettre fin aux insuccès de l’équipe en séries éliminatoires, a-t-il avancé, et il a échoué. Selon lui, il était le responsable de la déception qui venait avec une élimination en sept matchs aux mains des Bruins de Boston en première ronde.

En soi, ce n’est pas une surprise que Keefe ait été congédié par les Maple Leafs jeudi. Pour une concession qui n’a gagné qu’une seule série en 20 ans, du changement était nécessaire. En fait, dans l’esprit des partisans qui souffrent depuis longtemps, c’était même souhaité. 

Moins de deux heures après l’annonce du congédiement, Keefe a publié une vidéo sur les réseaux sociaux afin de remercier les partisans de Toronto, les propriétaires, le personnel, et même les journalistes, pour avoir donné la chance à un jeune homme originaire de Brampton, en Ontario, de réaliser son rêve et de diriger les Maple Leafs. 

En même temps, il n’a blâmé personne d’autre que lui-même pour sa destinée. Ce message est demeuré constant. 

« Je n’ai pas réussi à pousser notre équipe au niveau supérieur afin qu’elle livre la marchandise en séries éliminatoires. J’en prends la responsabilité. Je n’ai pas d’excuse », a dit Keefe.  

« C’était ça mon travail, et je n’ai pas réussi à le faire »,

Au bout du compte, Keefe prend l'entièreté de la responsabilité. 

Il serait temps que les joueurs des Maple Leafs fassent de même. 

Contrairement à leur entraîneur qui allait perdre son emploi, aucun n’y est allé d’un plaidoyer de culpabilité pour une autre année où l’objectif de remporter la Coupe Stanley n’a pas été atteint – un exploit non réalisé depuis 1967, faut-il le rappeler.

On a plutôt entendu des joueurs parler de comment le groupe était tissé serré, à quel point ils étaient tout près de réussir. 

Mais près de réussir quoi exactement?

Gagner une série de première ronde? Oui. Ils étaient à un lancer de le faire, mais David Pastrnak a anéanti leurs espoirs en marquant à 1:54 de la prolongation dans le match no 7, samedi. 

Mais près de gagner une Coupe Stanley? Même pas proche. Pas cette année. Pas depuis des décennies. 

Et c’est là le problème. 

Cette futilité devrait-elle reposer sur les épaules de Keefe? Bien sûr que non.

TOR@BOS: Pastrnak bat Samsonov du revers en prolongation

Depuis qu’il a remplacé Mike Babcock à titre d’entraîneur-chef le 19 novembre 2019, Keefe a mené les Maple Leafs à une fiche de 212-97-40 en saison régulière. Il se classe au cinquième rang de l’histoire de la concession pour les victoires signées par un entraîneur, derrière Punch Imlach (370), Pat Quinn (300), Hap Day (259) et Dick Irvin (216).

Mais ses équipes n’ont remporté qu’une série en six occasions, conservant un dossier de 16 victoires et 21 défaites en éliminatoires. Pour cela, il a payé le prix. C’est normalement ce qui arrive aux entraîneurs. 

Ça ne permet pas aux joueurs de s’en tirer. 

Près de la moitié du plafond salarial des Maple Leafs est consacré à quatre attaquants – Auston Matthews (moyenne annuelle de 11,6 millions $), John Tavares (11 millions $), Mitch Marner (10,9 millions $) et William Nylander (6,9 millions $) – à qui on se fie pour marquer des buts. Le salaire annuel de Matthews va s’élever à 13,25 millions $ à compter de la saison prochaine, et à 11,5 millions $ pour Nylander. 

Alors comment expliquez-vous que Toronto a marqué deux buts ou moins dans 13 de ses 14 derniers matchs de séries? Ou que, depuis 2015-16, les quatre ont combiné 204 matchs éliminatoires et ont inscrit 66 buts au total?

Faire scintiller la lumière rouge n’est-il pas censé être la force de l’équipe?

Une chose est sûre, les raisons expliquant ces déboires offensifs vont bien au-delà du 'coaching'.

Matthews, Marner, Nylander et le défenseur Morgan Rielly montrent une fiche de 1-8 en séries depuis qu’ils ont commencé à jouer ensemble en 2016. En huit saisons, ils ont vu passer trois directeurs généraux – Lou Lamoriello, Kyle Dubas et le DG actuel Brad Treliving – ainsi que deux entraîneurs – Babcock et Keefe. Pendant ce temps, Tavares affiche un dossier de 1-6 dans les séries auxquelles il a pris part depuis qu’il s’est joint aux Maple Leafs à titre de joueur autonome en 2018. 

Marner et Tavares ont chacun une saison restante à leur contrat respectif. On verra si l’état-major opte pour le démantèlement du noyau de l’équipe. Ce qui semble évident, c’est que d’autres changements sont à venir. À cette fin, des clarifications devraient être fournies vendredi lorsque le nouveau président de Maple Leafs Sports & Entertainment Keith Pelley, Treliving et le président des Maple Leafs Brendan Shanahan, qui pourrait lui aussi être assis sur un siège éjectable, vont tenir une conférence de presse. 

Quelle direction prendra l’organisation à partir de maintenant?

L’un des principaux candidats pour remplacer Keefe est Craig Berube, qui a mené les Blues de St. Louis à la conquête de la Coupe Stanley en 2019. Berube est un entraîneur qui n’accepte pas les excuses. 

Et considérant les insuccès répétés année après année en séries, il pourrait être le type de pilote moins tolérant dont a besoin cette équipe dorénavant. 

Avec un contrat sur le point de venir à échéance, l’entraîneur des Hurricanes de la Caroline Rod Brind’Amour devrait également faire partie des meilleurs candidats à considérer s’il devait devenir disponible. Évidemment, la logique veut que les Hurricanes lui consentent une nouvelle entente. 

Keefe en était à une première expérience comme entraîneur-chef dans la LNH quand il a été embauché par les Maple Leafs, ce qui signifie que Toronto pourrait opter pour l’avenue de l’expérience cette fois-ci. 

Si tel est le cas, plusieurs excellents candidats sont disponibles avec les nombreux congédiements survenus dans la dernière année. Todd McLellan (598 victoires), Gerrard Gallant (369) et Dean Evason (147) en sont des exemples. Après des séjours avec les Capitals de Washington, les Ducks d’Anaheim, le Wild du Minnesota et les Canucks de Vancouver, Bruce Boudreau (617) pourrait également être pris en considération. 

John Gruden, l’actuel entraîneur des Marlies de Toronto dans la Ligue américaine de hockey, et l’entraîneur de l’Université de Denver David Carle, qui vient tout juste de remporter le championnat de la NCAA, font partie des possibles candidats parmi les entraîneurs sans expérience dans la LNH. Gruden a déjà agi à titre d’entraîneur adjoint avec les Bruins. 

La chose que Berube possède sur son curriculum vitae contrairement aux autres? Champion de la Coupe Stanley en tant qu’entraîneur-chef. 

En somme, voilà ce que devrait être l’unique objectif des Maple Leafs.

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