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TORONTO – William Nylander a rongé son frein pendant les trois premiers matchs de cette série face aux Bruins de Boston. Ennuyé par une blessure, l’attaquant des Maple Leafs de Toronto ne pouvait que s’entraîner et regarder ses coéquipiers du haut des gradins.

« Ça craint d’être sur les lignes de côté », a-t-il rappelé jeudi.

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À son troisième match depuis son retour au jeu, et alors que son équipe faisait face à l’élimination pour la deuxième fois, l’attaquant suédois a été le joueur d’impact qu’il n’avait pas été jusqu’ici. Celui dont les Leafs, de nouveau privés d’Auston Matthews, avaient grandement besoin pour espérer pousser la série à la limite.

Nylander a inscrit les deux buts des siens dans un gain de 2-1 qui a pour effet de renvoyer tout ce beau monde à Boston pour un septième et ultime match, samedi.

« Il a été incroyable, a vanté l’entraîneur Sheldon Keefe. C’était une prestation des grandes occasions et c’est ce à quoi on s’attendait d’un joueur de son calibre. À son retour, il n’était pas l’ombre de lui-même. Il a travaillé pour revenir à ce niveau de jeu, à ce temps-ci de l’année. Ce n’est pas facile du tout.

« Je l’ai senti regagner son rythme peu à peu et on sait que William est un joueur qui s’est souvent levé pour nous en séries. Il trouve toujours un moyen. Il a été extraordinaire ce soir. Pas seulement en raison de ses deux buts, mais pour son niveau de compétition et ses efforts en défensive. »

Nylander a été le meneur d’une équipe qui ne comptait sur aucun passager. Il a ouvert la marque en fin de deuxième période et enfilé le but d’assurance, en échappée, alors qu’il ne restait que 2:13 à écouler à la rencontre. Morgan Geekie a privé Joseph Woll d’un jeu blanc en marquant avec une seconde à faire.

« Il est capable de faire la différence », a lancé le capitaine John Tavares à propos de Nylander. « Quand il a la rondelle sur son bâton, il peut toujours générer quelque chose. Son dernier but était spectaculaire et il est arrivé juste à point. Ce n’est pas surprenant de le voir être la vedette ce soir. »

Les deux réussites de Nylander étaient ses sixième et septième en carrière dans un match au cours duquel les Leafs faisaient face à l’élimination. Quand on parlait des grandes occasions.

BOS@TOR: Nylander double l'avance tard en 3e période

« C’est bien de noircir la colonne des buts, c’est certain », a commenté celui qui n’avait pas touché la cible depuis le 26 mars. « Mais je crois qu’il faut surtout retenir l’effort de l’équipe complète pendant 60 minutes. Woll a été incroyable pour nous, aussi. »

On reviendra à l’importance du gardien. Avant, il faut noter que les Maple Leafs sont méconnaissables depuis deux matchs – et que les Bruins le sont tout autant.

Les hommes de Sheldon Keefe semblaient pourtant prêts à se faire battre après l’atroce quatrième match qu’ils ont offert devant leurs partisans, il y a cinq jours à peine. Quelque chose a changé. Quelque chose comme de la fierté, peut-être.

« Ça reflète bien le caractère de ce groupe, a expliqué Keefe. Quand ton dos est acculé au mur et que tu fais face à l’élimination, on va se souvenir de toi d’une façon ou d’une autre. C’est à toi de décider de quel côté de l’histoire tu veux te retrouver.

« Les gars ont travaillé incroyablement fort. Ils se sont rassemblés. Ils ont bataillé. Ils ne se sont pas laissé abattre. Ils n’ont pas accepté leur sort. Ils ont changé leur sort. »

Woll, comme un mur

S’il y en a un qui est en grande partie responsable de ce revirement de situation – encore plus que Nylander – c’est bien Woll. Le gardien a accordé un but à chacun de ses deux départs et montre un taux d’efficacité de ,964. Il a une fois de plus réalisé quelques petits miracles pour donner une chance aux siens.

Il réalise les arrêts clés, contrairement à Ilya Samsonov dans les quatre premiers matchs, et ça se répercute sur la façon de jouer des Leafs devant lui. Ils sont soudainement plus en confiance.

« Il n’a pas encore fait d’erreur, donc on est restés dans les matchs, a ajouté Keefe. Il n’a accordé aucun mauvais but. Ç’a donné confiance au groupe. Dans un match d’élimination, si tu commets une erreur, tu es probablement cuit. C’est super de le voir aller. »

La dernière victoire sera la plus difficile à arracher pour les Leafs, surtout à Boston. Mais la pression est maintenant dans l’autre camp. Dans celui de l’équipe qui est en danger de bousiller une avance de 3-1 dans une série de premier tour pour une deuxième année consécutive.

Il y en a quand même un peu du côté des Leafs, qui ont enfin l’occasion de prouver qu’ils peuvent livrer la marchandise quand ça compte pour vrai. Une occasion qu’ils ont méritée à la sueur de leur front.

« Un septième match, c’est spécial, a conclu Nylander. Je ne crois pas qu’on en ait gagné un à date. On est prêts pour le défi. »

EN PROLONGATION

Le chiffre du match: 5

Les Bruins ont maintenant bousillé cinq chances consécutives de fermer les livres d’une série, si l’on recule à l’an dernier. Ils ont perdu les trois dernières rencontres face aux Panthers de la Floride, au printemps dernier, et en ont maintenant échappé deux contre les Leafs. Il faudrait éviter de se rendre à six.

Un copier-coller

Les Leafs ont amorcé la rencontre avec la même énergie et la même hargne qu’au cinquième match. Ils ont donné le ton avec de solides coups d’épaule et ont complètement dominé les Bruins au chapitre des tirs, retraitant au vestiaire avec un avantage de 12-1 après la première période.

L’unique lancer des visiteurs est venu du bâton de Jake DeBrusk, après 11:38 de jeu, alors que les Bruins évoluaient en désavantage numérique. Le hic pour la formation torontoise, c’est que c’était toujours l’égalité 0-0 après 20 minutes. Elle s’en est tout de même sortie.

« Notre départ a été inacceptable, encore une fois, a dit l’entraîneur des Bruins Jim Montgomery. On doit trouver un moyen de commencer le match à l’heure et d’être meilleurs. On a été meilleurs dans les 30 dernières minutes, mais ça ne devrait pas être aussi long avant de se mettre en marche. »

Knies, la nouvelle idole

Probablement galvanisé par son but gagnant en prolongation lors du cinquième match, Matthew Knies a une fois de plus connu un fort match. Plus la série avance, plus le jeune homme de 21 ans a l’air d’un véritable bulldozer sur la glace. À 6 pieds 3 pouces et 217 livres, il fait sentir sa présence.

Il a d’ailleurs réussi un superbe jeu en protection de rondelle avant de remettre le disque à Nylander, qui s’est échappé avant d’enfiler son deuxième but.

« Il ne fait que s’améliorer, a observé Keefe. Quand un gars de sa trempe et de son gabarit gagne en confiance et devient à l’aise dans un environnement de séries, ça donne de bons résultats. Il apporte son jeu à un autre niveau depuis quelques matchs. »

Knies a d’ailleurs reçu une ovation des amateurs quand il a été présenté sur la formation partante. Parlant de la foule, elle ressemblait à une vraie foule de séries. Ce n’est pas toujours chose acquise à Toronto.

Swayman, toujours solide

La débandade des Bruins se produit alors qu’ils obtiennent des départs de qualité de la part de Jeremy Swayman. Rien n’a changé à ce chapitre depuis l’époque où ils détenaient une avance de 3-1 dans la série : le gardien est toujours solide devant son filet. Il n’a tout simplement pas de soutien offensif.

Swayman a réussi 24 arrêts mardi, dont plusieurs importants. On se souviendra de celui face à Max Domi lors d’une échappée, quelques minutes avant le deuxième but de Nylander. L’Américain montre une efficacité de ,932 à ses deux derniers départs. Il ne peut malheureusement pas marquer.