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Le décès de George Floyd, tué par un policier lors d'une intervention policière à Minneapolis le 25 mai, a choqué des millions de personnes en Amérique du Nord. Parmi ceux-ci, il y avait Yvan Mongo.

L'attaquant des Gee-Gees de l'Université d'Ottawa ne savait pas comment réagir. Il voulait que ses émotions liées à la mort de Floyd se transforment en actions afin de combattre le racisme dans la société et dans le hockey. Mais comment faire?
La réponse est venue lors d'une conversation téléphonique avec son entraîneur, Patrick Grandmaître.
« Mon coach, Pat, m'a téléphoné pour voir comment j'allais et comment je me sentais par rapport à tout ce qui se passait, a raconté Mongo. La conversation a dévié vers mon implication dans la communauté. J'ai toujours voulu m'impliquer, mais il a proposé de m'aider à faire quelque chose. Dès ce moment, nous nous sommes mis à penser à des idées et comment je pouvais m'impliquer. »
Cette réflexion a mené à la naissance du programme Les amis(es) courageux(ses) de Mongo, une initiative qui permet à des jeunes de toutes les origines de la région d'Ottawa d'assister aux matchs ou aux entraînements de l'équipe, passer du temps avec Mongo sur la glace et discuter avec lui de son vécu et son parcours.
« Nous voulions que les jeunes aient la possibilité de venir me voir et que nous discutions de manière normale de comment ils se sentent, ce qu'ils vivent en ce moment et leur raconter mon parcours », a expliqué l'attaquant de 23 ans natif de Gatineau. « Parfois, c'est plus facile pour les enfants d'écouter quelqu'un à qui ils s'identifient et qu'ils prennent comme modèle. Je sentais que si je pouvais leur parler, peu importe le conseil que je serais en mesure de leur donner, ça allait peut-être les intéresser davantage. »
Malheureusement, comme tout ce qui touche le monde du hockey, le programme a dû être mis sur la glace en raison de la pandémie de la COVID-19. Les équipes de hockey des Sports universitaires de l'Ontario (SUO) ne joueront pas en 2020-21, tout comme les autres formations sportives des U Sports, l'organisme qui dirige les sports universitaires au Canada.

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Mongo garde toutefois espoir que son programme pourra voir le jour cette saison si la pandémie peut ralentir. À partir du 1er janvier 2021, les SUO permettront aux services sportifs de chaque université de décider si leurs équipes peuvent participer à des matchs hors concours ou des tournois organisés par elles-mêmes, tout en respectant les politiques des écoles et les recommandations de la santé publique.
« Si nous avons le droit de jouer des matchs, j'aimerais lancer le programme », a-t-il indiqué.
Mongo a pensé à la possibilité de tenir son programme de façon virtuelle, mais il a préféré attendre que les jeunes puissent assister aux entraînements et aux matchs, et ce, de façon sécuritaire.
« Je veux que les jeunes vivent quelque chose de spécial, qu'ils s'en souviennent et que ça les inspire quand ils vont grandir. Je ne pense pas que ça aurait le même succès si c'était fait de manière virtuelle parce qu'ils n'auraient pas droit à la même expérience et au même contact de personne à personne. »

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Grandmaître a lui aussi hâte de lancer le programme. Il croit que l'initiative peut être aussi bénéfique pour ses joueurs que pour les jeunes de la région d'Ottawa.
« Avec tout ce qui se passe, je pense que nous, des joueurs de hockey blancs, avons grandi dans le monde du hockey d'une manière différente qu'Yvan au fil de son parcours, a dit le pilote. Peut-être que ça permettra à nos joueurs d'être exposés à une réalité différente, de voir la vie à travers les yeux d'Yvan, et qu'en discutant avec les amis courageux, ils réalisent que ce n'est pas tout le monde qui a la même réalité quotidienne qu'eux, que ce soit à l'école, dans la vie en général ou dans le sport qu'ils pratiquent. »
Alors qu'il grimpait les échelons du monde du hockey, il a évolué pour les Voltigeurs de Drummondville et l'Armada de Blainville-Boisbriand dans la LHJMQ, Mongo a été confronté à du racisme. Ses parents, qui sont originaires du Cameroun, sont arrivés au Canada il y a plus de 30 ans. À trois reprises durant sa carrière, on l'a insulté en utilisant le mot en N. C'est arrivé alors qu'il évoluait au niveau atome, puis au niveau bantam. La fois la plus récente est en 2017-18, alors qu'il jouait sa dernière saison junior, à Drummondville.
« Celle-là a fait vraiment mal. C'était à un point de ma carrière où je pensais avoir gagné assez de respect de la part des autres joueurs de la Ligue. C'était difficile à prendre. Je pensais qu'on avait atteint un point où les gens comprennent ce qui est acceptable ou non de dire dans le monde du hockey ou dans la vie de tous les jours. »

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Mais ça ne l'a pas abattu, et il vient d'être nommé capitaine des Gee-Gees par ses entraîneurs et coéquipiers.
« C'est vraiment un bel honneur parce que ça me fait sentir que les gens ont beaucoup confiance en moi. De savoir que les gens me tiennent en haute estime de la sorte, ça veut dire beaucoup pour moi, surtout de la part de mes entraîneurs et mes coéquipiers. Je les apprécie beaucoup et [d'être nommé capitaine], c'est une preuve qu'ils apprécient ce que j'apporte sur et hors de la glace chaque jour. »
Photos: Greg Mason et Greg Kolz, Formations sportives de l'Université d'Ottawa