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Lorsqu'un géant tombe, un peu tout le monde est saisi d'un vertige.
Des millions de gens, au Canada comme ailleurs, ont sans doute ressenti un grand vide, vendredi, lorsqu'ils ont appris le décès de Gordie Howe.
On le savait malade depuis longtemps. Mais Gordie Howe, aux yeux de plusieurs, n'était pas comme tout le monde.

Pendant un certain temps, on a eu envie de croire qu'il était indestructible. Ou presque.
Howe a été et sera toujours Monsieur Hockey. Non pas parce qu'il a été le meilleur de tous, mais parce que personne, je dis bien personne, n'a défié les années avec autant de succès dans un sport dominé par la jeunesse.
Howe a réalisé bien des exploits au cours de sa longue carrière, mais son plus grand aura été, du moins pendant un certain temps, d'arrêter l'horloge.
De suspendre le temps.
Connaissez-vous bien des joueurs qui ont joué dans la LNH à l'âge de 52 ans ?
Cette année-là, il a, tenez-vous bien, joué 80 matchs, marqué 15 buts et totalisé 41 points avec les Whalers de Hartford. Tout simplement phénoménal.
Howe, le joueur, était à la fois habile et dur.
Il en menait large, Monsieur Hockey.
Bien des joueurs ont fait connaissance avec ses coudes avant de faire connaissance avec le plus grand joueur de l'histoire des Red Wings de Detroit.
Il marquait des buts et il imposait sa loi, quitte à jeter les gants s'il le jugeait nécessaire.
Non, Howe n'a jamais fait dans la dentelle. Avec lui, le hockey devenait souvent une guerre de tranchées.
Et il déclarait présent à tous les matchs, beau temps, mauvais temps.
Quand je pense à Howe, je pense invariablement à Maurice Richard. Et à cet interminable débat qui visait à déterminer le meilleur des deux.
« Howe ou le Rocket ? » demandaient les connaisseurs.
La plupart d'entre eux étaient d'accord sur un point; Howe était le plus complet des deux, mais, de la ligne bleue au filet adverse, le Rocket était imbattable.
La véritable réponse à cette question, on ne la connaitra jamais.
So what !
Chacun à leur manière, Monsieur Hockey et le Rocket ont dominé leur sport tout en divertissant des millions d'amateurs de hockey.
Howe avait le respect de tous et chacun.
Il était admiré par certains, vénéré par d'autres.
Wayne Gretzky, souvenez-vous, a toujours refusé de porter le numéro 9 par respect pour son idole.
C'est pourquoi il a opté pour le 99.
C'est tout dire.
Howe ne mourra jamais complètement. Dans cinq, 10, 20 ou 40 ans, il se trouvera toujours quelqu'un pour évoquer son incroyable carrière, ses multiples exploits.
Depuis vendredi, Monsieur Hockey a rejoint le Rocket, on ne sait trop où.
Les deux complices se sont sûrement échangé un clin d'œil au passage.
Et parions que Monsieur Hockey, bien amicalement, s'est permis de donner un p'tit coup de coude à son rival de toujours.