Dryden_Summit_Series

À l'approche d'un tournoi à caractère international, j'ai toujours une pensée pour la Série du siècle de 1972.

Un vieux réflexe sans doute.

La Coupe du monde prendra son envol en septembre prochain et si pareil événement ne cesse jamais de grandir, de rassembler les amateurs, c'est principalement à cause de la Série du siècle, qui a marqué le coup d'envoi d'un hockey différent.

Différent et certainement meilleur.

Et d'une ère nouvelle.

Ceux qui ont été des témoins privilégiés de la Série du siècle, qui fête son 44e anniversaire cette année, en parlent encore avec une passion qui ne se dément pas.

Et ceux qui ne l'ont pas vu ont parfois l'impression d'écouter une histoire de pêche tellement les raconteurs, le regard pétillant, en rajoutent.

À ceux-là, je dis : « Croyez-les sur parole. C'est la vérité, juste la vérité. Juré, craché ... »

Et je n'exagère même pas.

Je vous ferai grâce de tous les détails. Ceux qui n'ont jamais entendu parler de cette série habitent probablement sur Mars.

Ou sur une île encore inconnue.

Un coup de vent sibérien

Dans ma tête, les souvenirs se bousculent à un rythme effarant.

Je pense à Paul Henderson, dont le bâton s'était soudainement transformé en baguette magique, à Phil Esposito, qui a fait la preuve qu'il était capable de grandes réalisations sans la complicité de Bobby Orr, à Vladislav Tretiak, ce gardien de but venu d'ailleurs qui multipliait les arrêts impossibles, à Boris Mikhailov, qui ne faisait pas dans la dentelle, à Valeri Kharlamov, un coup de vent sibérien, qui sifflait régulièrement dans les oreilles des défenseurs canadiens. Bref, la liste est longue.

Et impressionnante.

Certes, il y a eu des moments disgracieux, trop nombreux d'ailleurs, mais il y a également eu des moments magiques.

Quand les deux équipes se contentaient de jouer uniquement au hockey, c'était un pur régal, une merveilleuse confrontation entre deux styles, qui, avec le temps, ont fini par s'intégrer l'un dans l'autre.

Ce dont je me souviens le plus, outre les buts gagnants de Paul Henderson, c'est la victoire des Russes dans le match numéro un à Montréal.

Pointage final: Russie, 7, Canada 3.

Montréal était sur le dos. Le reste du Canada aussi.

Ce soir-là, un pays tout entier a réalisé que le Canada n'était pas l'unique habitant sur la planète hockey.

Un réveil brutal s'il en fut un. Surtout que le Canada s'était donné une avance de 2-0.

Deux ans plus tôt

Un peu tout le monde, on le sait, avait prédit une victoire facile du Canada.

Moi le premier.

Pourquoi? Deux ans plus tôt, les Russes, faut-il le rappeler, étaient venus affronter le Canadien junior, pas le gros Canadien, mais le Canadien en culottes courtes, au Forum.

J'y étais. Devant un public combien survolté, Gilbert Perreault et ses coéquipiers avaient démoli les Russes, 9-3.

Perreault, qui devait devenir le premier choix au repêchage des Sabres de Buffalo, avait récolté cinq points. Une main dans le dos.

Un pique-nique, rien de moins.

Les Russes étaient débordés, intimidés.

Et c'est un peu pourquoi bien des gens, deux ans plus tard, entretenaient toujours de sérieux doutes sur la capacité des Russes de rivaliser avec les meilleurs joueurs canadiens.

« Nous sommes venus pour apprendre ... », avaient dit les Russes avant le début de la Série du siècle.

Or le soir du 2 septembre 1972, le Canada a réalisé que les Russes apprenaient un peu trop vite à leur goût.

On connaît la suite. Le Canada, non sans peine et grâce à sa détermination, a éventuellement gagné la série.

Depuis, le hockey n'a cessé d'évoluer.

Toujours une puissance, mais ...

Le Canada se veut toujours une puissance, mais ses grands rivaux n'ont jamais été aussi nombreux. Aussi coriaces.

Et c'est tant mieux.

Pour cette raison et bien d'autres, la Coupe du monde promet des moments exaltants.

Et, parole de scout, ceci n'est pas une histoire de pêche.