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MONTRÉAL -Les Canadiens de Montréal ont caché leurs intentions au sujet de Juraj Slafkovsky jusqu'à la toute fin. Jeudi matin, l'état-major avait convoqué le grand ailier slovaque à un petit-déjeuner.

« On a discuté de mon style de jeu. On ne m'a fourni aucun indice », a révélé Slafkovsky, qui a été emporté dans un véritable tourbillon à la suite de sa sélection au tout premier rang en début de soirée.
« Ils se sont dits impressionnés par ce que j'avais accompli et ils m'ont souhaité bonne chance », a-t-il ajouté avec un sourire dans la voix.
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Même la présence du propriétaire Geoff Molson à la table ne lui a pas sonné une cloche.
« Ç'aurait possiblement dû, mais je me suis demandé si Shane Wright n'avait pas eu droit au même traitement, a-t-il mentionné. Au bout du compte, sa présence voulait dire quelque chose. »
La veille, lors d'une activité tenue à Brossard, le gaillard qui mesure 6 pieds 4 pouces et qui pèse 218 livres avait pu faire la connaissance de futurs coéquipiers, les attaquants Nick Suzuki et Jonathan Drouin.
« J'ai surtout jasé avec Nick Suzuki, mais nous n'avons pas parlé de hockey du tout, mais plutôt de la nouvelle Lamborghini que Tomas Tatar (un Slovaque) venait d'acquérir », a-t-il lancé à la blague.
Vite adopté
Slafkovsky a dit qu'il croyait en ses chances d'être le premier espoir choisi, même si Wright trônait au sommet des classements des espoirs depuis quelques années.
« Ç'a été une surprise, a-t-il admis. Sur le coup, je n'ai pas entendu mon nom, mais 'Slovaque' et j'ai vu ma face sur l'écran géant. J'ai réalisé ce qui se passait et j'en ai eu la chair de poule.
« Mes parents pleuraient de joie, et je ne me souviens plus trop de la suite parce que ç'a été un feu roulant. »
Bon joueur, Wright a pris soin de lui tendre la main.
« Il m'a félicité. Ça montre quel bon gars il est », a mentionné Slafkovsky.
La sélection du Slovaque ne faisait pas l'unanimité à Montréal. Plusieurs partisans de l'équipe souhaitaient qu'on opte pour Wright.
Le jeune homme âgé de 18 ans a été chahuté par la foule qui se massait à l'extérieur à son arrivée au Centre Bell. Trop heureux, il avait le pardon facile.
« Le hockey est la passion des gens ici, tout comme c'est ma passion. Peut-être que certains ne m'aimaient pas, mais je vais tout faire pour qu'ils finissent par m'aimer et marquer l'histoire de l'équipe. »
Les partisans à l'intérieur de l'amphithéâtre lui ont réservé un très bel accueil. Slafkovsky a reçu le traitement de « vedette rock » quand il a dû se rendre à une entrevue par les gradins.

Tout juste après sa sélection, des gens ont scandé « Slaf-Kov-sky ».
Celui qui a joué contre des hommes la saison dernière a dit qu'il mettra tout en œuvre cet été afin de mériter un poste avec le grand club dès la saison prochaine.
« (L'entraîneur) Martin St-Louis m'a dit qu'il avait hâte de travailler avec moi. Je lui ai répondu que j'avais aussi hâte de travailler avec lui, a-t-il confié. Je veux m'améliorer tous les jours. Je sais qu'on doit faire ses preuves quand on est no 1 au repêchage. »
Un grand jour
C'était la première fois qu'un Slovaque était appelé le premier sur la tribune du repêchage de la LNH. Son compatriote Simon Nemec, un défenseur, a été choisi tout juste derrière par les Devils du New Jersey.
« C'est une grande journée pour notre pays de 5,5 millions d'habitants. Notre hockey avait bien besoin d'un 'boost' semblable. »
Slafkovsky et Nemec ont connu du succès au sein de l'équipe nationale aux Jeux olympiques et au Championnat du monde, la saison dernière. Les deux ont aidé la Slovaquie à remporter la médaille de bronze aux JO. Slafkovsky a été choisi le joueur le plus utile du tournoi olympique, avec sept buts en autant de matchs.
En saison régulière, il a porté les couleurs de TPS, dans la Liiga, la meilleure ligue professionnelle en Finlande, récoltant 10 points (cinq buts, cinq passes) en 31 matchs.
C'était la première fois en 42 ans que les Canadiens parlaient au tout premier rang de la séance de repêchage. En 1980, ils avaient jeté leur dévolu sur Doug Wickenheiser. Le joueur de centre des Pats de Regina n'a jamais pris son envol dans la LNH. Il a bourlingué au sein de cinq équipes, glanant 276 points (111 buts, 165 passes) en 556 matchs.
Les Canadiens ont pu réclamer le meilleur espoir à quatre autres reprises, ce qui leur a permis de mettre la main sur les Guy Lafleur (1971), Réjean Houle (1969), Michel Plasse (1968) et Garry Monahan (1963).
Belle attention
Accompagnant le commissaire Gary Bettman, qui a reçu le traitement habituel des amateurs, Martin Lafleur, le fils du regretté Lafleur, s'est adressé au public avant le début de la séance.
« Mon père m'a déjà dit que d'avoir été repêché premier avait été une aussi grande réalisation pour lui que d'avoir gagné la Coupe Stanley. »
À son tour, Tanya Bossy, fille d'un autre grand hockeyeur québécois disparu trop tôt dernièrement, Mike Bossy, a dit que son père a toujours cru en ses rêves et elle a imploré les jeunes de ne jamais cesser de croire aux rêves qu'ils chérissent.