Sur le strict plan de la construction d'un alignement, parce qu'un entraîneur dispose de 12 attaquants, il peut s'arranger pour compenser la perte d'un joueur de premier plan en s'assurant d'avoir quelques spécialistes sous la main. C'est ainsi qu'un joueur somme toute marginal, Jonathan Marchessault, profite ces jours-ci de l'absence de Jonathan Huberdeau pour faire fort belle figure dans le top-6 des Panthers de la Floride.
Marchessault n'est pas une étoile jusqu'ici ignorée, il est un joueur de soutien, mais un joueur soutien à vocation offensive. Un centre de moindre envergure, comme Brian Boyle, avec qui il a joué l'an dernier, ne saurait faire fructifier son talent offensif. Mais lorsqu'on l'associe à un attaquant de premier plan comme Aleksander Barkov, soudainement, les points s'accumulent! Marchessault ne roulera pas éternellement à ce train d'enfer et Huberdeau n'est pas en train de perdre son poste, mais pour l'instant, il permet à son équipe de tenir le coup.
Pour peu qu'une organisation accepte de garder, parmi ses joueurs de soutien, des attaquants à vocation offensive au lieu de simplement cumuler les spécialistes du tir bloqué, un entraîneur peut donc jouer d'astuce et trouver des buts « bonis ».
En défensive, c'est une autre paire de manches. Et c'est encore plus vrai pour les Penguins de Pittsburgh, dont la défensive est essentiellement constituée de joueurs honnêtes qui ont pour mission d'accomplir leur besogne sans causer de soucis. Letang y est la véritable bougie d'allumage, l'homme à tout faire par qui on passe pour que les travaux ingrats s'accomplissent proprement.
J'en discutais à l'amorce de la Finale de la Coupe Stanley l'an dernier : en sortie de zone défensive, les attaquants des Penguins sont surutilisés et c'est par Letang qu'on apporte un peu de diversité dans ces schémas autrement traditionnels.
La chose se mesure d'ailleurs. Depuis la saison 2007-08, seules les blessures empêchent Letang de cumuler une quantité remarquable de points. Les deux graphiques ci-dessous l'illustrent : en avantage numérique comme à forces égales, Letang cumule les points à un rythme qui s'approche systématiquement de l'élite de la ligue. Le simple inventaire des points ne suffit pas, il faut regarder les proportions; il obtient 80 à 90 pour cent des meilleurs scores affichés au cours des 10 dernières saisons par des défenseurs, tant en avantage numérique qu'à forces égales.