Cameron Allen badge Lepage

Cameron Allen aurait préféré que ce ne soit pas le cas, mais il l'admet d'emblée : il s'est laissé emporter par le tourbillon de son année de repêchage. La pression, les attentes et sa volonté de faire aussi bien qu'à sa première saison dans la Ligue de hockey de l'Ontario ont eu le meilleur de lui.

À LIRE AUSSI : Repêchage 2023 : Reinbacher a élaboré le plan parfait | Olivier Nadeau : Quand l'attente en vaut la peine
Il faut dire que le défenseur du Storm de Guelph avait beaucoup à accomplir pour surpasser la barre qu'il avait mise bien haut. Avec son solide jeu défensif et sa récolte de 37 points, dont 13 buts, en 65 matchs, il avait succédé à Shane Wright en méritant le titre de recrue de l'année du circuit ontarien.
« C'était une question de mentalité, a-t-il expliqué. J'ai amorcé la saison en tentant de remplir un rôle différent et ça m'a amené à essayer d'en faire trop sur la glace et à compliquer les choses. Je commettais des erreurs par moi-même, et ç'a duré pendant un bon moment. »
Après quatre matchs plutôt décents pour amorcer l'année, le jeune homme de 18 ans a connu une difficile séquence de 12 rencontres au cours de laquelle il a été limité à trois aides en plus de maintenir un différentiel de moins-19.
Il faut quand même remettre les choses en contexte. Dans la même séquence, le Storm a affiché un rendement de 3-8-1, marquant 37 buts tout en en accordant 61. Pour un défenseur qui est constamment confronté aux meilleurs éléments adverses, ce n'est pas exactement ce que l'on pourrait qualifier d'idéal.
Ç'a donc ébranlé sa confiance. Et comme chaque match est scruté à la loupe dans une année aussi importante, il a tenté de s'en sortir en forçant un peu les choses, ce qui n'a pas aidé sa cause.
« Une saison comme celle-là, c'est beaucoup de pression pour un jeune, a soutenu l'entraîneur-chef Chad Wiseman. Cette pression et ses attentes personnelles d'être un haut choix au repêchage, ce sont des choses qu'il vit pour la première fois de sa carrière.
« Il a dû gérer les attentes chaque jour et être en mesure de faire un reset. Il a réalisé que l'aspect mental de la chose était tout aussi important que l'aspect physique. Il a beaucoup gagné en maturité à travers ça, et ce bagage vient s'ajouter aux habiletés qu'il a déjà sur la glace. »
Ce reset, Allen a été en mesure de le faire quand Wiseman s'est assis avec lui pour lui montrer des séquences vidéo de ce qu'il avait bien fait à sa saison recrue. De ce qui lui permettait de connaître du succès.
L'arrière de 6 pieds et 194 livres est le 46e meilleur espoir nord-américain, selon le Bureau central de dépistage de la LNH. Son jeu défensif agressif, ses bonnes premières passes, sa capacité à bien faire circuler la rondelle et son sens de la compétition élevé font de lui l'un des meilleurs arrières de cette cuvée.
Quand il a mis ça en application, les choses se sont mises à tourner dans le bon sens. Pour lui et pour son équipe.
« À partir du moment où j'ai pris un pas de recul et que j'ai compris que mon style de jeu me permettait d'avoir du succès, je me suis mis à trouver ma game, a-t-il expliqué. Comme équipe, nous avons trouvé la chimie. De mon côté, j'ai compris comment je pouvais le plus contribuer. »
Pas d'importance
Allen a réalisé que ce n'était pas nécessairement en cherchant à remplir le filet adverse qu'il allait s'illustrer davantage. En 62 matchs, il a inscrit cinq buts et récolté 20 aides - un rythme de production inférieur à celui de sa première saison. Mais ça lui importe peu.
« Plusieurs recruteurs m'ont dit que je n'avais pas besoin de faire 60 points cette saison pour attirer leur attention, a-t-il révélé. Ils veulent me voir jouer dans mes forces. C'était bien de marquer 13 buts l'an dernier, ça m'a aidé à bâtir ma confiance, mais les points ne sont pas toujours au rendez-vous.
« Je sais que je ne serai pas un Alex Ovechkin dans cette Ligue (rires). Je veux montrer que je suis un défenseur complet qui peut contribuer à l'attaque. Ça ne signifie pas simplement de faire des points, mais de le faire en soutenant l'attaque et en assurant une bonne transition. »
C'est exactement ce qu'il fait depuis le fameux reset, et sa saison a pris un tout autre virage.
« Il est revenu à un style de jeu plus professionnel : il bouge bien la rondelle en transition et il est difficile à affronter, a conclu Wiseman. Il est clair qu'il a retrouvé ses repères. On sait que les points viendront parce qu'il a la capacité de produire, mais il se concentre sur ce qui lui permet de démarquer en ce moment. »