Patrice-Bergeron

BOSTON -L'identité du joueur de centre du premier trio est évidente.
Grâce à ses 1012 points (625 buts) en carrière avec les Bruins, il n'y a pas eu de meilleur joueur de centre que Phil Esposito dans l'histoire des Bruins de Boston. Alors, dans l'équipe d'étoiles de l'histoire des Bruins, Esposito occuperait sa place légitime à l'avant-garde.
Mais qui mérite d'être le centre du deuxième trio?
Pourquoi pas Patrice Bergeron?

« Ils ont eu plusieurs joueurs pas mal impressionnants », a affirmé l'ancien joueur de centre des Bruins Peter McNab mardi lors d'une cérémonie rendant hommage au 40e anniversaire de l'équipe de 1977-78, qui incluait 11 joueurs qui ont atteint le plateau des 20 buts, un sommet dans l'histoire de la LNH. « C'est une question difficile. Si vous vouliez composer la meilleure équipe des Bruins de tous les temps, il faut donner le rôle de centre no 1 à Phil. Mais après ça, [Bergeron] serait le joueur deuxième ou le troisième joueur de centre, probablement le deuxième, pour cette équipe.
« C'est parce qu'il peut jouer avec n'importe qui et qu'il rend ses coéquipiers meilleurs, et qu'il est capable de tenir son bout contre les plus grands joueurs. Alors, s'il y a un jour une équipe des meilleurs joueurs des Bruins, je m'attends à ce qu'il en fasse partie. »
Les statistiques commencent à soutenir cette prémisse. À sa 14e saison dans la LNH -- il a décroché un poste chez les Bruins à l'âge de 18 ans en 2003-04 --, Bergeron figure au cinquième rang dans l'histoire des Bruins au chapitre des matchs joués (949). Il occupe le septième rang pour les buts (286) et n'est qu'à trois filets de rejoindre Ken Hodge au sixième rang. Le natif de L'Ancienne-Lorette occupe également le septième rang au chapitre des mentions d'aide (436) et des points (722).
Il a amassé le deuxième plus haut total de points parmi les joueurs de centre des Bruins, derrière Esposito, évidemment.
Et même si Bergeron, avec son humilité habituelle, attribue ces chiffres à sa longévité et au fait qu'il a passé la totalité de sa carrière avec les Bruins, ce n'est pas seulement pour cela qu'il a déjà atteint ces sommets à l'âge de 32 ans.

« À ce niveau-là, il est difficile de couper les cheveux en quatre en comparant un joueur à un autre, mais quand tu parles des joueurs de centre qui ont porté l'uniforme de Boston, il y a Phil Esposito en raison du nombre de points qu'il a amassés, puis Bergeron ne sera pas très loin derrière lui », a déclaré Gregg Sheppard qui a également fait partie de l'équipe de 1977-78. « Aucun de ces deux joueurs ne représenterait un mauvais choix. »
Le joueur avec qui la majorité des anciens comparent Bergeron est un autre Québécois, Jean Ratelle. Après avoir passé 16 saisons avec les Rangers de New York, qui retireront son numéro 19 le 25 février, le natif du Lac-Saint-Jean a conclu son illustre carrière à Boston avant de devenir entraîneur adjoint et dépisteur avec les Bruins.
Ratelle, un autre membre de cette équipe de 1977-78, a gloussé quand on lui a demandé s'il se voit en Bergeron, lançant à la blague qu'il ne s'est guère vu jouer.
Il croit toutefois voir en Bergeron un joueur qui appartient à l'élite.
« C'est un joueur qui sait vraiment bien jouer sa position, a expliqué Ratelle. Il est exceptionnel défensivement, il sait où il faut être. Il sait aider les défenseurs, il n'est jamais battu à un contre un et il se place toujours à un endroit où les défenseurs pourront lui remettre la rondelle, et c'est une chose très importante. Du côté offensif, il est également fantastique. »
Ratelle mentionne le travail, le dévouement, la capacité de jouer 60 minutes et la capacité de gérer les défis mentaux et physiques du hockey.
Ce sont toutes des qualités que ses coéquipiers ont vues en Ratelle.
« Il me fait beaucoup penser à Jean Ratelle, a déclaré l'attaquant Rick Middleton. Quelqu'un m'a demandé hier de décrire Jean Ratelle en un seul mot, et je lui ai répliqué, "Parfait". Je crois qu'il est le hockeyeur parfait. Je ne me souviens pas l'avoir vu être projeté sur la glace. Il était tellement fort avec la rondelle, sans être un joueur très robuste. Et Bergeron joue de la même façon. »
Le jeu de Bergeron est plutôt subtil. Il n'est certainement pas aussi explosif ou dynamique que Connor McDavid, par exemple. Bergeron joue de manière plus discrète.
« On peut comprendre pourquoi tellement de temps s'est écoulé avant qu'il soit reconnu à sa juste valeur, parce qu'il semble qu'il empêche l'autre équipe de marquer sans déployer d'effort, a souligné McNab. C'est difficile à expliquer, mais quand tu commences à analyser la vidéo, il était là, puis là, et encore là.
« Il est un joueur de hockey sensationnel qui a remporté la Coupe Stanley (2011) et la médaille d'or aux Jeux olympiques (2010, 2014). Il gagne, point final. Au hockey, ces joueurs qui gagnent souvent, comme [Sidney] Crosby, qui savent élever leur jeu d'un cran, ce sont les joueurs spéciaux, et [Bergeron] est l'un de ces joueurs spéciaux. »

Il est toujours difficile de comparer des joueurs au fil des années et des décennies, mais il y a un consensus à propos de Bergeron, un joueur qui a élevé d'un cran son jeu déjà impressionnant cette saison et qui se trouve au centre des conversations pour l'obtention du trophée Hart remis au joueur le plus utile de la LNH, lui qui a reçu le soutien de l'ancien entraîneur des Bruins Don Cherry mardi: Bergeron n'est pas un produit de son époque.
Il aurait excellé dans les années 1970, aux côtés des joueurs honorés cette semaine. Il aurait également pu jouer dans une ère antérieure, et peut-être dans le futur, peu importe de quoi aura l'air le hockey de la LNH.
« C'est un joueur générationnel, a dit McNab. Il aurait pu jouer à n'importe quelle époque. C'est le genre de joueur qui me fascine. En raison de ses aptitudes, il aurait pu être Gregg Sheppard. Il aurait pu être Jean Ratelle. »
Et il aurait peut-être amassé plus de points s'il avait joué dans ces époques plus offensives. Ratelle, par exemple, a inscrit 491 buts en 20 saisons, ayant atteint le plateau des 40 buts à deux reprises.
Les buts n'ont jamais été la priorité de Bergeron, qui a remporté le trophée Selke à quatre reprises à titre de meilleur attaquant défensif dans la LNH. Cela dit, il a toutefois connu deux saisons de 30 buts dans sa carrière, incluant un sommet personnel de 32 en 2015-16, et il semble inévitable qu'il dépasse ce total cette saison. Bergeron a déjà marqué 27 buts en 50 matchs, avec 27 parties restantes au calendrier des Bruins.
« Il n'y a pas que les buts qui comptent, a expliqué Ratelle. Tu peux aider ton équipe de nombreuses façons, dont en marquant des buts. Aider ses coéquipiers à marquer est l'une de ces façons. »

L'idée qu'il améliore tous ceux qui jouent à ses côtés est soutenue par son compagnon de trio de longue date, Brad Marchand. Avec Bergeron comme joueur de centre, Marchand s'est épanoui. L'ailier gauche a marqué 37 buts en 2015-16, puis 39 la saison dernière. Avec une récolte de 21 filets en 42 rencontres cette saison, Marchand est en voie d'en marquer 34.
Alors, il ne souhaite pas voir Bergeron songer à la retraite de sitôt.
« Il lui reste 10 bonnes saisons à donner », a affirmé Marchand.
Quand on lui a posé des questions sur cette affirmation, qui signifierait que Bergeron aurait 42 ans au moment de sa retraite, Marchand a ri en répliquant, « Il le sait déjà. Il doit continuer de jouer jusqu'à ce que ma carrière se termine. »
C'est logique. Après tout, qui ne voudrait pas côtoyer Bergeron, un joueur qui vous rend meilleur et qui vous permet de présenter de meilleures statistiques? Un joueur qui est déjà, même avec s'il lui reste plusieurs saisons devant lui, un des meilleurs joueurs de centre dans l'histoire longue et distinguée des Bruins de Boston.