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TORONTO --Les six plus récents membres du Temple de la renommée ont été intronisés lundi.
Voici quelques moments clés des discours d'intronisation de Guy Carbonneau, Sergei Zubov, Hayley Wickenheiser et Jim Rutherford.

GUY CARBONNEAU: « Jamais, même dans mes rêves les plus fous »

Guy Carbonneau dit que c'est « un honneur incroyable et un privilège » d'être intronisé au Temple de la renommée du hockey. Sa plaque commémorative a été présentée par Bob Gainey, un modèle et un mentor tout au long de sa carrière.
« Quand j'étais jeune, je rêvais de jouer dans la LNH, de gagner une Coupe Stanley, de marquer un but en séries éliminatoires. Tout au long de notre parcours dans le hockey, nous apprenons en quelque sorte à réagir à différentes situations. Quand on se fait repêcher, quand on joue notre premier match, quand on marque notre premier but et, pour les plus chanceux, quand on gagne finalement la Coupe Stanley. Mais être introduit au Temple de la renommée? Jamais, même dans mes rêves les plus fous. »
Carbonneau a mené l'auditoire le long du fleuve Saint-Laurent jusqu'à Sept-Îles, où « comme pour tous les enfants au Québec, la rumeur veut que l'on apprenne à patiner avant même de pouvoir marcher. »
Pendant 10 minutes, il a délaissé l'anglais pour s'adresser en français. Puis, il a remercié ses équipes et ses entraîneurs du hockey mineur et junior, les bénévoles, les familles d'accueil, et les amis et coéquipiers qu'il s'est faits en route vers la LNH. Il a littéralement donné le crédit de ses succès à ses entraîneurs et coéquipiers de chaque niveau, des ligues mineures à la Ligue nationale, « particulièrement à Jacques Lemaire (des Canadiens) pour avoir cru à ce que je pouvais faire sur la glace et m'avoir développé en ce joueur qui me permet d'être ici aujourd'hui. »

Guy Carbonneau inducted into Hockey Hall of Fame

Carbonneau a rappelé avoir été repêché par les Canadiens de Montréal, lui qui avait passé son enfance à « regarder les matchs du Tricolore, à regarder tous les faits et gestes de (Jean) Béliveau et de (Guy) Lafleur et, bien évidemment, à avoir été témoin des défilés de la Coupe Stanley. » Il a parlé de ses arrivées avec les Blues de St. Louis et les Stars de Dallas, le dernier endroit où il a remporté son troisième et dernier titre, et de sa carrière d'après-hockey comme analyste pour le réseau RDS.
« J'ai eu la chance d'affronter de très bons joueurs, a-t-il dit, nommant plusieurs noms. Ces gars qui m'ont fait travailler et suer pour chaque pouce tous les soirs me rappellent que le succès n'est pas quelque chose que tu acquiers lors d'un seul match, mais au fil de plusieurs années. »
La famille est la pierre angulaire de la vie de Carbonneau; plusieurs membres de sa famille étaient dans la salle, et il a émotionnellement adressé des mots de remerciements et de louanges pour sa femme, Line.
« La partie plaisante maintenant, c'est que quand les gens vont me demander si je fais partie du Temple de la renommée, ma réponse sera oui », a-t-il conclu.

SERGEI ZUBOV: Le défenseur s'est ouvert, cette fois

Zubov en a probablement révélé plus à propos de lui et sa vie de hockeyeur en huit minutes et demie lundi qu'il l'a fait durant ses 16 saisons dans la LNH.
Zubov, deux fois champion de la Coupe Stanley, en a même fait allusion en faisant une blague au début de son discours d'intronisation.
« J'avais la réputation de ne pas parler beaucoup auparavant. Voici ma chance », a lancé Zubov.
Il a commencé en parlant de la première paire de patins que ses parents lui avaient achetés.
« Ils étaient un peu trop grands, mais ils m'ont fait pour les cinq années suivantes », a dit Zubov.
Il a rappelé ses premières années à jouer au hockey en grandissant à Moscou, alors qu'il patinait sur une glace extérieure avec l'ancien défenseur de la LNH Alexander Karpovtsev. Ce dernier l'a éventuellement amené sur une patinoire intérieure.
« Le plus important, c'est qu'il y avait une zamboni », a mentionné Zubov.
Zubov et Karpovtsev ont gagné la Coupe Stanley ensemble avec les Rangers de New York en 1994. Karpovtsev est décédé le 7 septembre 2011 lors d'un écrasement d'avion qui a tué 36 membres du Lokomotiv Yaroslavl de la Ligue continentale et 7 membres de l'équipage du vol.
« Je sais qu'il nous regarde ce soir », a dit Zubov en levant la tête vers le plafond.
Zubov a remémoré ses premiers matchs dans l'uniforme du CSKA de Moscou. Viacheslav Fetisov, son idole et maintenant acolyte au Temple, était son partenaire de défense.
Il a affirmé que le centre des Rangers Mark Messier lui avait montré ce que ça voulait dire d'être un leader et un homme, et que le défenseur Brian Leetch lui avait appris quelques trucs, lesquels il s'est servis tout au long de sa carrière. Ces deux joueurs ont aussi été intronisés au Temple, Messier en 2007 et Leetch en 2009.
Zubov a aussi parlé de la fois où, en 1996, après que les Penguins de Pittsburgh l'eurent envoyé aux Stars de Dallas, il avait appelé son agent pour lui demander de tout faire pour être échangé à nouveau.
« Mais [le directeur général des Stars] Bob Gainey a fait ses devoirs et a fait parvenir le plus beau bouquet de fleurs à ma femme, a raconté Zubov. Elle m'a dit qu'on devrait peut-être leur laisser une chance. »
Il est considéré comme le meilleur défenseur de l'histoire des Stars. Il a d'ailleurs remporté la Coupe Stanley avec eux en 1999.
Brett Hull, membre du Temple intronisé en 2009 qui a joué à Dallas de 1998 à 2001, a présenté la plaque commémorative du Temple de la renommée à Zubov.
« J'œuvre encore dans le hockey parce que j'aime ce sport passionnément, il m'apporte de la joie tous les jours », a expliqué Zubov.

Hayley Wickenheiser: Elle récolte encore des points dans le monde du hockey

La meilleure marqueuse de tous les temps du hockey féminin a ajouté une autre mention d'aide lorsqu'elle a été intronisée au Temple de la renommée. Hayley Wickenheiser a redonné le micro à Vaclav Nedomansky, qui avait oublié de remercier certaines personnes dans son discours, dont sa femme et ses enfants.
Lorsqu'elle a repris son discours, un thème a fait surface.
« Je voulais tellement jouer au hockey que je me foutais de ce que j'avais à endurer en étant une petite fille et, en regardant en arrière, c'était pénible », a-t-elle dit.
Wickenheiser a raconté qu'elle participait à une école de hockey à Regina en Saskatchewan. Il n'y avait pas de place où elle pouvait dormir puisqu'elle était la seule fille. Elle s'est fait offrir un placard qui était alors connu comme l'Agridome de Regina.
« Je me souviens avoir développé un ulcère, a-t-elle dit. Je n'étais pas nerveuse de me faire frapper ou d'aller sur la glace. C'était en fait là où je me sentais bien. C'était plutôt lorsque je devais me rendre à la patinoire et me changer dans les toilettes, pour ensuite marcher dans le hall d'entrée où se trouvaient les parents. J'entendais souvent des commentaires de harcèlement.
« Mais toutes ces choses m'ont rendue plus forte et plus résiliente, et m'ont appris à ne pas écouter les opinions critiques des autres. »
Lorsque Wickenheiser a joint l'équipe nationale du Canada à l'âge de 15 ans, elle a été accueillie par des femmes qui avaient plus d'expérience de vie et, bien sûr, de hockey.
« Elles avaient abandonné leurs carrières, et au lieu de se demander ce que le hockey pouvait leur apporter, elles se demandaient ce qu'elles pouvaient apporter au hockey. Elles ont changé ma vie à jamais », a-t-elle raconté.
Wickenheiser a redonné à son sport et a changé des vies avec son Festival de hockey féminin Canadian Tire Wickenheiser, connu sous le nom de WickFest, qui a attiré plus de 30000 joueurs dans les dix dernières années.
Elle a conclu son discours en parlant de ses nièces qui sont âgées de cinq et six ans.
« Elles pourront se rendre sur une patinoire n'importe où au Canada avec un sac et un bâton de hockey sur les épaules et personne ne les regardera de travers, a-t-elle dit. Elles n'auront pas à se couper les cheveux plus courts et à se rendre à la salle de bain pour essayer de s'arranger comme un garçon comme je l'ai fait pour m'introduire. Le chemin est un peu plus facile maintenant. »

Jim Rutherford: Confondre les sceptiques

Jim Rutherford et Gordie Howe ont été coéquipiers avec les Red Wings de Detroit en 1970-71.
En 2014, Rutherford a été embauché à titre de directeur général des Penguins par un groupe de propriétaires dont fait partie Mario Lemieux.
Howe. Lemieux. De la compagnie qui appartient à l'élite, sans aucun doute.
Mais quand est venu le temps pour Rutherford d'identifier un joueur qui a laissé une empreinte importante sur sa vie, il n'a pas laissé place au doute dans sa réponse.
« Le moment le plus spécial de ma carrière a été de faire partie de la même équipe que Sidney Crosby », a affirmé Rutherford au cours de son discours d'intronisation de 13 minutes. « C'est remarquable d'avoir la chance de voir Sid à l'œuvre chaque jour. De pouvoir observer son éthique de travail, ainsi que l'impact qu'il exerce sur cette équipe et cette ville. »
Sous la férule de Rutherford, les Penguins ont remporté la Coupe Stanley en 2016 et 2017, devenant ainsi la première équipe à défendre son titre de championne de la Coupe Stanley avec succès depuis les Red Wings de Detroit en 1997 et 1998. Chaque fois, le commissaire de la LNH Gary Bettman a remis la Coupe Stanley à Crosby, le capitaine des Penguins.
Un autre fait d'armes prestigieux de la carrière de Rutherford : il est devenu le premier directeur général à remporter la Coupe avec deux équipes depuis l'expansion de la LNH en 1967. Il a gagné la première avec les Hurricanes de la Caroline en 2006. Au cours de ce processus, un joueur a été à ses côtés pour tous ces championnats.
« J'aimerais souligner la présence d'un joueur qui a goûté à ces trois conquêtes avec moi, Matt Cullen », a mentionné Rutherford.
Cullen était sur place pour la soirée spéciale de Rutherford. Même chose pour l'entraîneur de Pittsburgh Mike Sullivan et son adjoint Mark Recchi. Trois de ses anciens directeurs généraux adjoints, Ron Francis, Jason Botterill et Bill Guerin, étaient aussi présents.
Mais la plus belle marque de reconnaissance que pouvait obtenir Rutherford a été de voir sa plaque du Temple de la renommée lui être présentée par Lemieux.
Il s'agit d'un moment que Rutherford n'oubliera jamais, un moment qui est à la portée de tous ceux qui sont prêts à y consacrer toutes leurs énergies, affirme-t-il.
« Voici mon conseil pour tout le monde : ne laissez personne vous dire ce que vous n'êtes pas capables d'accomplir, a-t-il lancé. Parce que ce fut l'histoire de ma carrière. Plus les gens me disaient ce que je ne pourrais pas faire, plus je voulais y parvenir. »