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Notre chroniqueur Anthony Marcotte nous parle de l'actualité chez le Rocket de Laval, ainsi que dans l'ensemble de la Ligue américaine de hockey (LAH). Il permettra aux partisans de suivre assidûment ce qui se passe dans l'antichambre de la meilleure ligue de hockey au monde.
ROCHESTER, New York - Jean-François Houle n'est pas le plus bavard en conférence de presse. De nature réservée, l'entraîneur du Rocket de Laval se soumet tous les jours aux demandes médiatiques dans un marché qui en demande toujours plus quand ça concerne les Canadiens ou encore son club-école. Houle a grandi dans le hockey en anglais, et c'est souvent dans la langue de Shakespeare qu'on en apprend encore plus sur le fond de sa pensée.

Questionné au sujet du meilleur marqueur de son équipe, Rafaël Harvey-Pinard, le 19 mars dernier après une victoire sans équivoque de son équipe 5-1 contre les Bears de Hershey, Houle n'a pu s'empêcher d'y aller de sa déclaration la plus éloquente de la saison jusqu'à maintenant.
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« Rafaël, c'est le cœur et l'âme de cette équipe, n'a pu s'empêcher de dire Houle. Je ne peux pas lui trouver plus de qualités. Il fait tout sur la glace. C'est pour ça qu'il a un "A" sur son chandail. Il m'a ouvert les yeux et je suis certain que je ne suis pas le seul. »
Ceux qui suivent de près les activités du Rocket cette année se rendent effectivement bien compte de tout l'impact qu'exerce Harvey-Pinard sur la formation. Les mauvaises performances de sa part ont été quasi inexistantes tout au long de la saison. Il trône au sommet des marqueurs de son équipe avec 49 points en 60 matchs et fait partie des meilleurs marqueurs du circuit depuis la fin du mois de février. Plus impressionnant encore, sa fiche de plus-28 le classe au troisième rang de la Ligue américaine. Harvey-Pinard revendique 10 points à ses quatre derniers matchs. Bref, il est carrément en feu!
« Je n'ai pas de recette particulière, je reste dans mon identité et j'y vais un match à la fois, a mentionné Harvey-Pinard plus tôt cette semaine. Je donne mon 100 pour cent à toutes mes présences et on verra ce qui va arriver sur la feuille de pointage. Tout ce qui m'importe, c'est d'aider l'équipe à gagner en premier. »
C'est exactement ce que le jeune homme natif de Jonquière fait par les temps qui courent. Le Rocket surfe sur une excellente séquence de sept victoires à ses 10 derniers matchs et le chiffre magique pour une qualification en séries, la première en cinq ans pour l'équipe à Laval, n'est maintenant plus que de 12 avec neuf matchs à disputer à la saison. Match après match, le trio que complète Harvey-Pinard avec Jean-Sébastien Dea et Danick Martel est utilisé à toutes les sauces.

Dea, un vétéran de 441 matchs en carrière dans la LAH, ne tarit pas d'éloges lui non plus à l'endroit de son fougueux coéquipier. Il s'en trouvera plusieurs autour de l'équipe pour vanter les mérites de Harvey-Pinard pour son approche en vue des parties.
« En premier, c'est un jeune extraordinaire en dehors de la patinoire, a affirmé Dea. Son énergie, son sourire... ça en dit beaucoup. Quand tu dégages autant autour de toi, c'est toujours plaisant pour tes coéquipiers. Tout ça se transmet sur la glace. C'est le fun de jouer avec lui. Tout le mérite lui revient et si je peux continuer de l'aider à se développer pour qu'il atteigne la LNH, ça va être une réussite pour moi. »
Pourtant, à lire certains experts qui évaluent les espoirs des Canadiens appelés à faire le saut bientôt dans la grande ligue, peu de gens pensent à Harvey-Pinard. Peut-être en raison de son âge, 23 ans, ou bien le fait qu'il ait été une sélection de septième tour des Canadiens en 2019 à sa troisième année d'admissibilité. Mais quand on regarde froidement son rendement depuis deux ans dans la Ligue américaine, sa progression est évidente. Sa marque de commerce a toujours été de foncer au filet, mais il a clairement amélioré son coup de patin et a ajouté une petite touche de robustesse en échec-avant, ce qui en fait un patineur encore plus redoutable.
« Ceux qui ont des doutes au sujet de Rafaël n'ont qu'à ouvrir la télévision et regarder nos matchs à RDS pour s'en convaincre », s'est exclamé Houle après une performance de quatre points de son ailier gauche le 6 avril contre Rochester. « Son niveau de compétition est très élevé à chacun de nos matchs. Je suis convaincu qu'il va atteindre son rêve. Encore ce soir, il récolte des points, mais il n'y a pas d'individualisme dans son jeu. Il crée tellement de chances pour ses coéquipiers. »
Harvey-Pinard a obtenu ses premières occasions de se faire valoir au niveau de la LNH lors de ce fameux voyage des Canadiens entre Noël et le Jour de l'An. La formation était totalement décimée par la COVID-19 et on avait l'impression de voir le Rocket de Laval dans son entier enfiler le chandail tricolore. Celui qui popularise le numéro 11 à Laval en avait profité pour inscrire son premier but à son premier match dans la LNH le 28 décembre dernier à Tampa Bay.
Depuis, les jeux importants qu'il a été en mesure de compléter avec le Rocket ont été nombreux dans cette course effrénée pour les séries. Un long parcours éliminatoire à Laval pourrait constituer le plus bel héritage laissé par RHP de son passage dans la Ligue américaine. Parce qu'un saut à temps complet dans la grande ligue apparaît plus près que jamais dans son cas.