sid_maf051017_169

WASHINGTON -- La rondelle a quitté le bâton du plus grand buteur de sa génération comme une fusée. Le capitaine des Capitals de Washington Alex Ovechkin a tellement mis de force dans son tir sur réception de l'enclave qu'il a dû déposer un genou sur la glace.
Sauf que le gardien de but des Penguins de Pittsburgh Marc-André Fleury a glissé sur les genoux vers sa droite et a réussi à placer le manche de son bâton devant le disque. En un clin d'oeil, la rondelle s'est retrouvée hors de danger, la foule du Verizon Center hurlant de déception.
Fleury a donné un peu d'amour à son bâton et a affiché un large sourire derrière son masque, comme un voleur qui venait de réaliser un bon coup.

« J'ai peut-être parlé à mon bâton, a dit Fleury. Je lui a dit un petit merci. »
Un centimètre ou deux plus à gauche, un centimètre ou deux plus à droite et peut-être qu'Ovechkin aurait créé l'égalité, peut-être que l'histoire aurait été différente. Mais non, l'histoire s'est avérée la même que d'habitude. Les Penguins ont défait les Capitals 2-0 lors du septième match de la série de deuxième tour dans l'Association de l'Est… parce que c'est évidemment toujours comme ça que ça se passe.
Pittsburgh a affronté Washington en séries éliminatoires de la Coupe Stanley 10 fois et a remporté neuf séries, trois depuis qu'Ovechkin et le capitaine des Penguins Sidney Crosby évoluent dans la LNH. Et voilà deux années de suite que Washington remporte le Trophée des Présidents mais est éliminé par Pittsburgh au deuxième tour éliminatoire.
L'an dernier, les Penguins ont ensuite remporté la Coupe. Cette année? Eh bien, pourquoi les Penguins ne pourraient-ils pas réaliser l'exploit de nouveau? Pourquoi ne réussiraient-ils pas à vaincre les Sénateurs d'Ottawa en Finale de l'Association de l'Est? Pourquoi ne parviendraient-ils pas à devenir la première équipe à défendre son titre avec succès depuis les Red Wings de Detroit en 1998?
« Nous avons une opportunité de réaliser quelque chose de spécial ici, et nous venons de franchir une étape importante en ce sens, a noté l'attaquant des Penguins Matt Cullen. C'est une excellente équipe de l'autre côté. Nous savions qu'au moment d'amorcer les séries, cette série-ci se profilait à l'horizon. Nous savions que ce serait un défi important pour nous. D'avoir réussi à avoir le dessus, c'est énorme. »
Bien franchement, ce n'était pas évident au départ que ce serait le cas.
Les Penguins sont venus à 20 minutes d'éliminer les Capitals en cinq matchs. Alors qu'ils menaient la série 3-1, ils profitaient d'une avance au score de 2-1 au moment de commencer la troisième période lors du cinquième match, disputé ici. Ils ont accordé trois buts au troisième engagement et ils ont perdu 4-2. Ils se sont ensuite retrouvés en déficit de 5-0 lors du sixième match, qui a eu lieu à Pittsburgh, et des milliers de partisans avaient déjà quitté l'aréna quand ils ont inscrit deux filets en fin de rencontre pour finalement s'incliner 5-2.
On avait l'impression que les obstacles s'apprêtaient à devenir insurmontables. Jusque-là, ils avaient été sauvés par Fleury, des tirs bloqués en défense et leur opportunisme à l'attaque. En l'absence de leur meilleur défenseur, Kristoper Letang, en raison d'une blessure, ils avaient de la difficulté à faire de bonnes sorties de zone, à bien exploiter leur vitesse en passant par la zone neutre et à garder une pression soutenue en zone adverse. Ils avaient été dominés au chapitre des tirs à chaque match, 200-133 au total.
Pire encore, le défenseur Trevor Daley, qui n'a pu participer au sixième match à cause d'une blessure, n'a pu prendre part au match no 7 non plus. Autre surprise, l'attaquant Carl Hagelin a été rayé de l'alignement.
« De toute évidence, bien des gens nous croyaient hors de combat après le dernier match, et je les comprends, a reconnu Cullen. C'est vrai que nous n'avions pas connu un bon match. Ils nous ont passé sur le corps. Ça montre à quel point nos joueurs ont du caractère quand nous voyons la façon dont nous avons rebondi et disputé un très bon match. »
Fleury a résisté une série de tirs en début de match, mercredi, pendant une séquence où les Capitals semblaient être en avantage numérique, et il a agi en bon vétéran pour aider ses coéquipiers à souffler un peu quand il s'est rendu au banc des siens pour faire aiguiser son patin. Il a aussi eu l'aide du manche de son bâton et de ses poteaux à deux reprises, en plus d'être brillant en maintes occasions.
Voici un gardien qui a mené les Penguins à la conquête de la Coupe en 2009, qui a été le réserviste de la recrue Matt Murray quand l'équipe a remporté la Coupe l'an dernier et qui a repris son filet avec brio quand Murray s'est blessé pendant l'échauffement précédant la première rencontre de la série de premier tour contre les Blue Jackets de Columbus. Voici un homme qui aime sa ville, qui aime son équipe, qui aime ses coéquipiers - et ceux-ci le lui rendent bien - et qui pourrait devoir partir en raison du repêchage d'expansion qui sera tenu au profit des Golden Knights de Vegas.
Le match de mercredi aurait pu être son dernier avec les Penguins. Il s'est assuré que ce ne soit pas le cas en réalisant un jeu blanc de 29 arrêts.
« Nous ne serions pas dans cette position, en finale d'association, s'il n'avait pas joué comme il l'a fait, a souligné Crosby. Il y a eu des moments où ils ont appliqué une pression soutenue dans les matchs et il a alors réalisé des arrêts importants, il nous a permis de rester dans le match et nous a donné le loisir de rester patient. Il a eu un impact énorme tout au long de la série. »
Deux fois, les Penguins ont fait payer le prix aux Capitals quand ceux-ci ont été incapables de dégager la rondelle de leur zone. L'attaquant Bryan Rust, qui a marqué deux buts dans le septième match de la Finale de l'Association de l'Est contre le Lightning de Tampa Bay, l'an dernier, a complété une belle série de passes en logeant le disque dans le haut du filet à 8:49 de la deuxième période. L'attaquant Patric Hornqvist a quant à lui marqué d'un tir du revers dans la partie supérieure de la cage à 4:14 de la troisième.
Les Penguins ne se sont pas contentés de protéger leur avance. Ils ont continué d'attaquer, d'attaquer et d'attaquer, si bien qu'ils ont eu le dessus 11-6 sur les Capitals au chapitre des tirs en troisième période. Ils ont alors connu leur meilleure période de jeu en route vers leur meilleur match des séries et ce, au moment le plus important des éliminatoires, du moins jusqu'ici. Selon l''entraîneur Mike Sullivan, c'est le plus près que son équipe est venue ce printemps de disputer du hockey typique des Penguins.
« C'est sans contredit le meilleur match que nous avons disputé dans les séries jusqu'ici, a dit Sullivan. Encore une fois, je crois que c'est la preuve tangible que lorsque nous jouons au hockey d'une certaine façon, ce groupe de joueurs peut rivaliser avec n'importe qui. »
Les mots à noter : encore une fois.