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NEW YORK -L'expression sur le visage de Henrik Lundqvist était un mélange de stupéfaction, d'intrigue et de questionnement.
Savais-tu que tu es à quatre arrêts d'atteindre le plateau des 20 000 dans ta carrière?

« Non, je ne le savais pas », a avoué Lundqvist, impassible, à NHL.com lundi.
Probablement au cours de la première période du match entre les Rangers de New York et les Sénateurs d'Ottawa au Centre Canadian Tire, mercredi (19 h HE, SN, MSG, TVA Sports, NHL.TV), tu deviendras le 15e gardien de l'histoire de la LNH à atteindre cette marque. Est-ce que ça signifie quelque chose pour toi?
Lundqvist a gardé le silence quelques instants pour réfléchir à tout ça.
« Non », a-t-il finalement répondu.
« Je veux dire, ça te fait réaliser que tu as joué beaucoup de hockey pour accumuler autant d'arrêts, mais ce n'est pas un chiffre auquel je m'attarde. »
Il n'est pas le seul. Les gardiens ne pensent pas à leur total d'arrêts lorsqu'ils survolent leurs statistiques en carrière. Ils pensent aux championnats de la Coupe Stanley, aux victoires, peut-être aux blanchissages et à la moyenne de buts accordés, certainement au pourcentage d'arrêts, mais pas au nombre de tirs stoppés.
« Je suis attentif aux victoires », a précisé Lundqvist.
Il en a 419, toutes avec les Rangers. Il est au premier rang des gardiens européens au chapitre des gains dans l'histoire de la LNH avec 30 de plus que Dominik Hasek, l'une de ses idoles de jeunesse, et deuxième derrière Martin Brodeur, son plus grand rival plus tôt dans sa carrière, pour le plus de victoires avec une seule équipe.
Brodeur a récolté 688 gains avec les Devils du New Jersey.
« D'être là-haut avec ces noms-là, ça veut dire beaucoup pour moi, a mentionné Lundqvist. Le nombre d'arrêts, je ne sais pas, je n'ai jamais vraiment réfléchi à cette statistique. Je suis heureux d'avoir pu jouer beaucoup de hockey durant mes 12 saisons et demie ici. Voilà la seule chose qui me vient en tête quand j'entends parler des 20 000 arrêts. »
Il est le seul à penser de cette façon, parce que la réaction des autres membres de la confrérie des gardiens témoigne de la grandeur de l'exploit qu'il est sur le point de réaliser.
« Ce chiffre est un peu fou », a affirmé le gardien substitut des Rangers, Ondrej Pavelec, qui a réalisé 10 174 arrêts au courant de sa carrière de 11 saisons dans la Ligue.
« Ça fait beaucoup de caoutchouc », a dit Martin Biron, ancien coéquipier de Lundqvist avec New York de 2010 à 2013, lui qui a stoppé 12 646 lancers en 508 matchs.
« Wow! », a déclaré l'ancien gardien Darren Pang, fort de 2151 arrêts en 81 matchs.
La clé pour Lundqvist ne réside pas seulement dans les 20 000 arrêts. C'est surtout que, lorsqu'il atteindra ce plateau, il devrait avoir le plus haut pourcentage (,920) des 15 gardiens qui ont réalisé cet exploit.
Roberto Luongo (26 739 arrêts) présente un pourcentage de ,919 et Jacques Plante (20 865) a terminé sa carrière à ,919.
Lundqvist, à 35 ans, est loin d'avoir terminé donc la statistique du pourcentage d'arrêts est incomplète. Il pourrait ajouter 5000 arrêts de plus, considérant qu'il en réalise en moyenne 1610 par saison et qu'il lui reste encore trois années de contrat après celle-ci. Il pourrait finir en haut de ,920 ou faire pire.
« Tout dépend du nombre de départs, évidemment », a soumis Lundqvist. Si tu obtiens beaucoup de départs, tu réussiras beaucoup d'arrêts, sinon tu ne joueras pas dans la ligue. Tu dois le mériter par contre. »
Lundqvist s'est constamment adapté pour rester à jour et constant.
« De la mitaine aux jambières en passant par la posture et le jeu avec la rondelle, il y a tellement de choses qu'il a fait pour continuer à faire évoluer son jeu, a analysé Kevin Weekes, analyste sur NHL Network et ancien coéquipier de Lundqvist avec New York de 2005 à 2007.
Le processus se poursuit. Auparavant connu pour être un gardien qui joue profondément dans son demi-cercle, Lundqvist s'avance pour défier les tireurs plus que jamais cette saison. C'est sa façon de rester en avance, ou à tout le moins au niveau, avec le changement d'habiletés dans la LNH.
« Quand tu regardes le hockey maintenant par rapport à quand j'ai commencé, je pense que ça a changé beaucoup, particulièrement au cours des dernières années avec le talent et la vitesse. J'essaie donc d'être plus agressif, a déclaré Lundqvist. Je veux être un peu plus impliqué. J'essaie beaucoup de compétitionner. »
Selon Pang, Lundqvist a dû changer son style parce qu'il devenait prévisible sur la ligne des buts.
« Quand je m'installais dans un studio pour analyser les séries, peu importe où j'étais, je remarquais souvent les mêmes choses, a dit Pang. Par conséquent, les tireurs aussi. »
Weekes pense que l'adaptation de Lundqvist lui a permis de combattre l'âge et les changements à la ligne bleue des Rangers.
« Il ne peut plus se fier à ses réflexes comme auparavant, sans mentionner qu'il ne peut plus compter sur les tirs bloqués, a précisé Weekes. Je lui donne beaucoup de crédit de vouloir évoluer parce que beaucoup de gens, lorsqu'ils connaissent du succès, ne sont pas ouverts au changement. »
Lundqvist a mis du temps à trouver son rythme, à équilibrer son agressivité et sa technique pour finalement s'ajuster à ses propres ajustements.
Il a montré un dossier de 2-4-2 avec une moyenne de 3,11 et un pourcentage de ,900 au cours de ses neuf premiers matchs. Il s'est ressaisi avec une fiche de 12-3-0, un blanchissage, une efficacité de ,925 et une moyenne de 2,45 en 16 départs depuis le 31 octobre. Sa moyenne totale est descendue à 2,69 et son pourcentage d'arrêts est maintenant de ,916.
« Je sens que je joue comme je le veux, a dit Lundqvist. Je suis agressif, impliqué et je bataille fort. »
Il réalise les arrêts. Quatre de plus et il rejoindra un groupe exclusif, mais méconnu.
Peut-être attirera-t-il plus l'attention avec Lundqvist dans ses rangs?
« 20 000 arrêts, c'est tout simplement ridicule, a mentionné Weekes. C'est beaucoup de caoutchouc. »