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MONTRÉAL- Novembre 2015. Bruce Richardson perd patience avec Samuel Blais, l'un des attaquants les plus talentueux des Tigres de Victoriaville, et le relègue sur le quatrième trio en plus de le retirer des unités d'avantage numérique.
L'entraîneur-chef trouve que son poulain de 19 ans se la coule un peu trop douce à son goût.

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Sélectionné au sixième tour (176e au total) par les Blues de St. Louis un peu plus d'un an auparavant après une saison de seulement 25 matchs dans la LHJMQ, l'habile patineur n'a amassé qu'un but et trois aides à ses cinq dernières rencontres et ne fournit pas l'effort nécessaire.
Blais a besoin d'un petit coup de pied au derrière.
« Qu'est-ce qui fait mal à des gars de talent? C'est de se faire enlever leur bonbon. Et son bonbon, c'était l'avantage numérique, s'est souvenu Richardson en entrevue avec LNH.com. Je voulais qu'il comprenne que pour atteindre le prochain niveau, ce n'était plus seulement le talent qui entrait en ligne de compte.
« Je voulais qu'il aille jouer avec des gars d'énergie, des gars qui s'impliquaient physiquement et qui allaient lui montrer ce que c'était de travailler. Tu n'as pas besoin de talent pour travailler, pour t'impliquer physiquement et pour te replier. »
Le numéro 19 des Tigres n'est pas heureux et ça se ressent dans son non verbal. Il est blanchi lors du match suivant. Mais comme d'habitude, il finit par donner raison à son entraîneur en enregistrant trois buts et deux aides dans les cinq rencontres subséquentes.
L'électro-choc a fonctionné, les leçons ont été apprises. Jusqu'au relâchement suivant, du moins. Richardson recommençait alors son manège qui lui permettait à tout coup de soutirer le meilleur de son prometteur attaquant.
« Quand tu le fâches ou que tu le piques, Sam, il peut t'en donner », a affirmé l'ancien entraîneur des Tigres en riant.
La relation entre les deux hommes n'a évidemment pas toujours été rose. Mais aujourd'hui, à quelques heures de son deuxième match dans la Ligue nationale de hockey, Blais a compris. Il a compris que Richardson ne prenait pas ces décisions parce qu'il le détestait, bien au contraire.
« C'est sûr que dans le junior, j'étais frustré quand ça m'arrivait, a reconnu Blais au bout du fil en provenance de St. Louis. En y repensant aujourd'hui, je pense qu'il a fait la bonne affaire et ça m'a beaucoup aidé. Rendu ici, c'est une business. Si tu n'es pas à ton meilleur chaque jour, ils te remplacent par quelqu'un d'autre.
« Parfois, j'étais plus porté à ne pas travailler à chaque présence dans le junior, mais avec le talent j'étais capable de produire offensivement. Chez les pros, tous les gars sont talentueux et si tu veux faire ta place, tu dois être constant. »
À force de travail et de constance, le Magnymontois maintenant âgé de 21 ans a rapidement gravi les échelons et va disputer un huitième match dans la LNH mardi soir au Centre Bell, contre l'équipe de son enfance, les Canadiens de Montréal.

« J'étais surpris un peu d'être cédé dans la Ligue américaine au terme du camp d'entraînement, mais j'ai pris la nouvelle du bon côté, a déclaré Blais au sujet de son retranchement. Ils m'avaient dit de ne pas me trouver d'appartement là-bas. Je suis retourné dans la Ligue américaine et j'ai eu deux bons matchs, j'ai joué avec confiance et c'est ce qu'ils voulaient. »
C'est de cette manière que, moins de deux semaines après avoir pris le chemin de San Antonio, l'obscur choix de sixième ronde en qui personne - ou presque - ne croyait a vécu « l'un des plus beaux moments de sa vie » en donnant ses premiers coups de patin dans la LNH au Amalie Arena de Tampa.
« Les gens disaient que je n'avais pas d'affaire à être repêché parce que je n'avais joué que 25 matchs dans la LHJMQ cette année-là, a lancé Blais avec de la fierté dans la voix. J'ai joué mon premier match, ça prouve que j'ai ma place ici.
« Ça démontre aussi que même si t'es repêché plus tard, il y a toujours de l'espoir. Si tu as confiance en toi et que tu travailles tous les jours, les bonnes choses vont arriver. »
Parions que Richardson n'aurait su mieux dire.