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Ressentir l'essence du Joe Louis Arena, entrer dans le hall à l'extérieur du vestiaire des Red Wings de Detroit. Étudier les plaques de bois représentant chaque édition de l'équipe depuis que le propriétaire Mike Ilitch a acheté la concession en 1982, presque chaque équipe depuis l'ouverture du Joe en 1979.
Chacune de ces plaques est vissée dans le mur et arbore le logo de la roue ailée, les mots « Red Wings de Detroit », l'année de la saison, ainsi que les noms des dirigeants, des entraîneurs, des joueurs et des soigneurs. La dernière ligne est réservée à la fiche de l'équipe.

Toutes les plaques depuis 1990-91 rendent hommage à une équipe qui a participé aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley. Quatre plaques rendent hommage à des équipes qui ont remporté la Coupe Stanley, incluant deux qui ont mis la main sur ce trophée dans le Joe et qui ont pu parader avec la Coupe sur la glace de Detroit. La plaque de 2011-12 honore l'équipe qui a remporté 23 matchs de suite à domicile, un record de la LNH.
Il ne s'agit pas d'esthétique ou d'agrément. Il s'agit des gens et des joueurs et de la victoire.
« Du point de vue d'un joueur, il s'agit d'un excellent amphithéâtre où jouer », a déjà affirmé la légende des Red Wings Steve Yzerman, dont le numéro 19 se trouve dans les hauteurs de l'édifice. « C'est un amphithéâtre simple. Il possède une bonne atmosphère. »
Il faudra en profiter pendant que nous le pouvons encore. Les Red Wings vont y disputer leur dernier match d'ouverture lorsqu'ils vont recevoir la visite des Sénateurs d'Ottawa lundi (19 h 30 (HE); RDSI, FS-D, TSN5, NHL.TV). Quarante et un autres matchs, un peu plus si leur séquence de participations aux séries éliminatoires se prolonge à 26 saisons, puis l'équipe déménagera dans son nouveau domicile : le Little Caesars Arena.
Le Little Caesars Arena sera tout ce que le Joe Louis Arena n'est pas, pour le meilleur et pour le pire. Il sera de première classe, à la fine pointe, au cœur de ce que la famille Ilitch espère devenir un secteur résidentiel et commercial en plein essor connu sous le nom du « District Detroit ». Mais il ne s'agira plus d'un amphithéâtre simple avec un riche historique.
Les Red Wings bâtissent un nouvel aréna en raison de bien des éléments qui font du Joe Louis Arena le Joe. Il s'agit d'une boîte grise d'allure spartiate au revêtement de ciment près de la rivière Detroit, entouré de béton craquelé. Elle est munie de trois fenêtres, et il s'agit de hublots découpés dans les portes de métal du premier niveau. Les cages d'escalier sont malodorantes et les passages surpeuplés. Le tableau qui affiche les pointages des matchs à l'étranger est brisé depuis des années, et est maintenant recouvert de publicités, et les écrans du tableau d'affichage principal sont petits et ne sont pas en haute définition.

Mais le Joe a du caractère et donne aux Red Wings un avantage à domicile à l'ancienne. Il s'agit de l'un des derniers arénas uniques alors que les nouveaux sont presque tous identiques. Elle porte le nom d'un boxeur, et non d'une banque. On y trouve des loges, mais toutes au dernier niveau, gardant ainsi la haute société très haut. Les sièges sont en vinyle rouge, usé par des années d'utilisation, mais les partisans n'y viennent pas pour le confort et demeure souvent sur le bout de leur siège. La vue est bonne. Pour les matchs importants, le son est assourdissant.
« Il n'y a pas de spectacle qui entoure le match, a déjà évoqué le capitaine des Red Wings Henrik Zetterberg. Vous y venez pour regarder du hockey. »
Les rampes derrière les filets sont les dernières dans la LNH à être faites en bois. Sous une épaisseur d'un huitième de pouce de plastique blanc, on retrouve une planche de bois de trois quarts de pouce et une autre planche de bois d'un demi-pouce recouverte de peinture rouge, soutenue par une structure d'acier. Cela fait de ces rampes les plus « vivantes » de la ligue. Lorsque Nicklas Lidstrom jouait à la ligne bleue à Detroit, s'il ne pouvait trouver une ligne de tir, il ratait souvent le filet exprès, sachant que la rondelle allait ricocher vers un endroit où une chance de marquer pourrait survenir.
Au bout du compte, ce qui importe le plus est qu'il s'agit de l'endroit où Yzerman a disputé toute sa carrière. De l'endroit où Lidstrom a disputé toute sa carrière. De l'endroit où plusieurs autres grands joueurs ont évolué, de Sergei Fedorov à Brendan Shanahan en passant par Chris Chelios et Dominik Hasek et … bien, le reste d'une aile (rouge) au Temple de la renommée du hockey. C'est là que la « Grind Line » a conquis des partisans, où les Red Wings ont croisé le fer avec leur plus grand rival, l'Avalanche du Colorado, où les Red Wings ont mis fin à une disette de 42 ans sans conquête de la Coupe Stanley, où les Red Wings sont devenus la référence de la LNH, où toute une génération de résidents de Detroit a grandi sans connaître une saison sans séries éliminatoires.
« Je ne crois pas qu'il existe une manière de simplement transférer la culture et l'histoire de cet amphithéâtre à un autre, et de simplement déménager les bannières pour recommencer ailleurs, a déjà déclaré le défenseur des Red Wings Niklas Kronwall. Je ne crois pas que ça fonctionne comme ça. Il y a quelque chose de spécial à propos de cet amphithéâtre. »
Eh bien, oui et non. Les Red Wings sont passés à autre chose après l'Olympia Stadium, leur domicile de 1927 à 1979, théâtre de sept conquêtes de la Coupe Stanley et de tellement de grands joueurs, à commencer par Gordie Howe, et ils ont recommencé au Joe. Ils ont déménagé les bannières, puis en ont ajouté d'autres. Ils vont honorer leur histoire au Little Caesars Arena comme ils l'ont fait au Joe. Leur défi sera de créer une nouvelle histoire, comme ils l'ont fait au Joe.
Souvenons-nous dans un an, lorsque nous allons nous émerveiller devant tous les nouveaux gadgets du Little Caesars Arena, comme les fenêtres, des passages plus larges et des écrans haute définition, que tout ça est très bien, mais que ce n'est pas ce qui rend un amphithéâtre spécial. Ce n'est pas le spectacle qui entoure l'événement principal, mais bien l'événement principal lui-même.