KenHolland

DETROIT - Le moment de vérité est arrivé pour les Red Wings de Detroit.
Il y a un mois, le directeur général Ken Holland a déclaré qu'il voulait donner à ses joueurs toutes les opportunités de s'immiscer dans la course pour une place en séries éliminatoires de la Coupe Stanley. Mais à la suite d'un revers de 3-1 contre les Islanders de New York au Joe Louis Arena, mardi, les Red Wings affichaient le pire dossier dans l'Association de l'Est en terme de pourcentage de points récoltés (,483).

Leur prochain match n'aura lieu que le 28 février, contre les Canucks de Vancouver, soit moins de 24 heures avant l'heure limite des transactions du 1er mars, soit 15h. Le temps est donc venu d'être réaliste quant aux chances de l'équipe de prolonger sa séquence de présences en séries à 26 saisons. Il est temps de reconnaître que finalement, pour la première fois depuis une éternité, ils seront des vendeurs.
Ils sont à huit points des Panthers de la Floride et de la deuxième place de quatrième as donnant accès aux séries dans l'Est, avec sept équipes à dépasser pour se rendre jusqu'à ce rang. Et les détenteurs du dernier rang dans l'association, les Hurricanes de la Caroline, n'ont que deux points de retard sur eux, avec quatre matchs de plus à disputer.
Voici une autre façon de voir la situation : les Red Wings se sont qualifiés pour les séries de peine et de misère le printemps dernier, en vertu d'une récolte 93 points, le bris d'égalité les favorisant aux dépens des Bruins de Boston parce qu'ils avaient décroché une victoire de plus en temps réglementaire ou en prolongation. Pour arriver à 93 points cette année, ils auront besoin de récolter 35 points à leurs 22 derniers matchs. Vont-ils montrer une fiche de 17-4-1, 16-3-3, 15-2-5 ou 14-1-7?
« Un simple calcul mathématique indique que nous allons devoir connaître une formidable fin de saison pour y arriver », a reconnu Holland.
Le d.g. des Red Wings s'est déjà mis au travail.
« Depuis une semaine environ, les téléphones ont été un peu plus occupés, autant au niveau des appels reçus que des appels faits », a indiqué Holland.
La question maintenant, c'est de savoir ce que Holland est disposé à vendre.
Ce n'est pas parce que les Red Wings vont probablement rater les séries pour la première fois en plus d'un quart de siècle qu'ils vont nécessairement déroger à leur approche à long terme. Ils n'ont donné aucune indication qu'ils veulent se départir de vétérans et se lancer résolument dans une phase de reconstruction. Leur objectif, la saison prochaine, sera encore une fois de participer aux séries. Ils envisageraient d'échanger des joueurs qui sont sous contrat au-delà de la présente saison si cela fait du sens dans cette optique. Mais d'habitude, ce genre de transaction survient pendant la saison morte, quand les équipes ont une plus grande marge de manœuvre.
Les Red Wings ont des joueurs qui ont la possibilité de devenir autonomes sans compensation cet été et ceux-ci pourraient devenir des joueurs de location : les attaquants Drew Miller, Steve Ott et Thomas Vanek ainsi que le défenseur Brendan Smith. Mais Miller est passé au ballottage sans être réclamé et il joue présentement avec l'équipe école de Grand Rapids dans la Ligue américaine de hockey. Ott est un joueur de quatrième trio qui écoule les pénalités. Seuls Vanek et Smith pourraient permettre d'aller chercher des actifs intéressants.
Les Islanders ont obtenu un choix au repêchage du deuxième tour des Canadiens de Montréal dans le cadre d'une transaction impliquant Vanek en 2014. Les équipes sont souvent prêtes à payer un peu plus pour un défenseur. Les Maple Leafs de Toronto ont reçu deux choix de deuxième tour des Sharks de San Jose lors du marché qui impliquait Roman Polak, l'an dernier.
« J'ai eu quelques courtes conversations avec les agents [des joueurs autonomes sans compensation] pour évaluer comment ils voyaient la situation, a indiqué Holland. Nous allons prendre des décisions d'ici mercredi prochain. »
Vanek, un vétéran de 33 ans, a signé un contrat d'un an au montant de 2,6 millions $ avec les Red Wings en tant que joueur autonome, le 1er juillet dernier. Quand il était en santé, il a été un de leurs meilleurs joueurs, récoltant 38 points (15 buts, 23 aides) en 47 matchs. Detroit aimerait retenir ses services, et bien qu'il n'était pas disponible pour commenter mardi, il a déclaré à plusieurs reprises qu'il était disposé à rester avec l'équipe.
Mais même si on devait s'entendre sur les termes d'une prolongation de contrat, ça ne ferait pas de sens pour aucune des deux parties de signer une entente maintenant parce que le repêchage d'expansion de la LNH aura lieu en juin. Pourquoi les Red Wings voudraient-ils s'entendre avec Vanek et risquer de le perdre au profit des Golden Knights de Las Vegas, ou se retrouver dans l'obligation de le protéger aux dépens d'un autre joueur ? Pourquoi Vanek voudrait-il signer un contrat avec Detroit et risquer d'aboutir à Las Vegas s'il ne peut obtenir une clause de non-mouvement ?
Si les Red Wings reçoivent une bonne offre pour Vanek, ils pourraient l'échanger tout en espérant le rembaucher en tant que joueur autonome, le 1er juillet. Si on ne leur avance pas de bonne offre, ils pourraient le garder et espérer s'entendre sur les détails d'une prolongation de contrat après le repêchage d'expansion. Leurs chances d'un tel scénario semblent bonnes. Sa famille et lui ont changé de ville très souvent depuis quatre saisons - de Buffalo à Long Island, puis à Montréal, au Minnesota et à Detroit - et ils aiment où ils se trouvent en ce moment. Vanek risque de ne pas vouloir aller voir si le gazon est plus vert ailleurs.
Smith, qui a 28 ans, a été réclamé par les Red Wings au premier tour (27e au total) du repêchage 2007 de la LNH et il a passé les cinq dernières saisons au complet à Detroit. Il a fait savoir qu'il se rendrait à Fort Lauderdale, en Floride, mercredi, pour essayer de se détendre pendant le long congé de l'équipe, sans penser à la date limite des transactions.
« Évidemment, si quelque chose arrive, mon agent me le fera savoir ou je le verrai sur les réseaux sociaux, a lancé Smith. Je ne connais que le hockey tel qu'il est pratiqué par les Red Wings, et j'adore ça. J'ai adoré chaque moment passé ici, les bons comme les mauvais. Ils ont fait de moi un meilleur joueur. C'est difficile pour moi de spéculer, parce que je ne connais rien d'autre. J'aimerais continuer de cheminer au sein de l'organisation des Wings mais ce sont les affaires, alors tu ne sais jamais ce qui peut arriver. »