Preds Tanguay

Alex Tanguay a disputé 16 saisons dans la LNH et a récolté 863 points en 1088 matchs de saison régulière. Il a pris part à 98 rencontres de séries éliminatoires et a remporté la Coupe Stanley avec l'Avalanche du Colorado en 2001, lui qui a marqué le but gagnant lors du match no 7 de la Finale face aux Devils du New Jersey. Il a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com afin de livrer ses impressions sur la série finale entre les Predators de Nashville et les Penguins de Pittsburgh.

Je vous avais dit avant le début de la Finale de la Coupe Stanley que je m'attendais à une longue série. Ce n'est pas parce que les Penguins de Pittsburgh ont pris les devants 2-0 que je ne le crois plus.
Les Predators de Nashville sont de retour chez eux. Les deux journées de congé vont leur faire le plus grand bien. Ils seront gonflés à bloc et leurs partisans vont leur donner une bonne dose d'énergie pour le match no 3, samedi.

Les Predators n'ont pas joué du vilain hockey à Pittsburgh, vous en conviendrez. C'est l'expérience des Penguins qui a fait la différence. Les Penguins n'ont pas joué à la hauteur de leur potentiel, mais ils ne se sont pas tirés dans le pied. Leur gardien leur ont donné une chance de l'emporter et ils n'ont pas fait d'erreurs mentales.
Ç'a été le contraire pour les Predators. Ils ont commis des erreurs de jugement pendant de courtes séquences et ils ont écopé de trop de pénalités. Ils devront afficher plus de discipline, même si le jeu de puissance des Penguins ne leur a pas trop fait mal. C'est surtout qu'on ne doit pas permettre aux Penguins de se donner du rythme ou à leurs attaquants vedettes de manier la rondelle et de retrouver de bonnes sensations, comme ç'a été le cas mercredi.
Quand Evgeni Malkin s'est avancé à deux contre un au début de la troisième période, il avait confiance de marquer en tirant.
Sidney Crosby et lui ont été plus impliqués parce que les Predators leur ont donné l'occasion d'évacuer leurs frustrations en supériorité numérique.
Ç'a été la même chose dans le match no 1. James Neal a écopé d'une mauvaise pénalité en première période qui a donné une double supériorité numérique aux Penguins. Les Predators doivent absolument corriger ça.
Sur le plan tactique, je suis curieux de voir quels ajustements l'entraîneur des Predators Peter Laviolette va apporter.
J'ai remarqué que son homologue des Penguins Mike Sullivan privilégie un jeu de transition particulier qui est adapté au quatuor de défenseurs très talentueux des Predators.
Dans le jargon, on parle d'étirer la ligne bleue. Pour ça, on demande aux ailiers d'aller se positionner près de la ligue bleue adverse et aux défenseurs de tenter de longs jeux afin d'essayer de les rejoindre.
C'est remarquable de voir les défenseurs des Penguins multiplier les longues passes par la bande, les baies vitrées ou la voie des airs. Or, c'est un style de jeu plus simple pour un groupe qui n'est pas reconnu pour sa mobilité ou sa capacité à faire une transition rapide.
La stratégie vise par ailleurs deux objectifs précis. Le premier, c'est de refouler les talentueux défenseurs des Predators afin qu'ils ne se rapprochent pas du territoire offensif ou qu'ils y passent moins de temps. Le deuxième, c'est de permettre aux rapides ailiers des Penguins de créer de l'attaque, soit en prenant d'assaut la zone offensive ou en remettant la rondelle aux joueurs de centre comme Crosby et Malkin qui sont en pleine accélération à partir de leur zone avec devant eux des défenseurs qui sont arrêtés ou presque.
Laviolette doit trouver une façon de contrer la stratégie, en demandant peut-être à ses défenseurs de rester devant les ailiers des Penguins ou encore à la même hauteur qu'eux, pas derrière.
Il faut donner le mérite à Sullivan qui a pesé sur les bons boutons jusqu'à maintenant. Laviolette a bien fait également. Il doit toutefois maintenant trouver les bons ajustements.
Ça me fait bien rire par contre que Laviolette refuse de confirmer le retour de Pekka Rinne devant le filet pour le troisième match.
Rinne est le seul joueur qui peut permettre à l'équipe de revenir dans la série. Je dirais même que tous les espoirs reposent sur lui.
S'il garde le but dans les quatre matchs suivants comme il l'a fait au cours des quatre matchs de la série de premier tour contre les Blackhawks de Chicago, les Predators vont gagner la Finale 4-2!
Je vous l'ai dit dans ma première chronique. Je me répète : je considère Rinne comme un des cinq meilleurs gardiens de la Ligue nationale sur le plan technique. Son problème, c'est qu'il est parfois trop combatif.
On a eu un exemple de ça sur la séquence du deuxième but de Jake Guentzel, mercredi. Celui qui a rompu l'égalité de 1-1 au tout début de la troisième période.
Il était un peu trop avancé pour faire face au tir initial de Bryan Rust et il n'a pas pu se repositionner à temps pour le retour qui est allé à Guentzel. S'il avait été un peu plus profondément devant son but, il aurait pu faire le même arrêt et il aurait pu se déplacer plus vite. Guentzel aurait eu à viser dans le haut du but pour le battre au lieu de n'avoir qu'à faire glisser la rondelle.
Rinne doit faire une croix sur les deux premiers matchs et passer du temps dans la salle vidéo pour revoir ce qu'il a fait correctement contre les Blackhawks.
Il ne doit pas se laisser emporter par les émotions ou la grandeur de l'événement. Wayne Gretzky disait que le niveau d'intensité augmentait à chacune des étapes d'une saison et même d'une coche en Finale par rapport aux séries précédentes.
Rinne doit jouer de façon plus détendue. À l'attaque, les Neal, Filip Forsberg et Viktor Arvidsson doivent prendre les choses en main parce qu'ils sont les leaders en l'absence de Ryan Johansen. Je m'attends à ce que les Predators marquent plus de buts à domicile.
P.K. Subban a promis une victoire des siens. C'est une qualité que j'aime beaucoup de P.K., sa confiance.
On se reparle après le quatrième match. Non, la série ne sera pas terminée.
\*Propos recueillis par Robert Laflamme