Mete-Story

Marc Bergevin et Claude Julien ne pensaient probablement pas se retrouver devant un dilemme de la sorte à l'amorce du camp d'entraînement, mais ils devront bientôt décider du sort du jeune défenseur Victor Mete.
Bien qu'âgé de seulement 19 ans, le petit arrière a tout fait jusqu'à maintenant pour mériter à tout le moins un essai de neuf rencontres en saison régulière.
Bien sûr, il n'a joué que deux matchs préparatoires contre des formations partielles. Et oui, il profite d'un luxe que les autres défenseurs des Canadiens n'ont pas évolué avec Shea Weber.
Mais ce qu'il démontre depuis le début du camp des recrues, ce sont les qualités que toutes les équipes de la LNH recherchent chez un jeune défenseur. Surtout avec le style de jeu rapide et dynamique qu'on observe aux quatre coins de la ligue.

Mete joue avec aisance et n'hésite pas à se porter en attaque - sa marque de commerce - lorsque la situation le commande. Et cela, même s'il est bien conscient qu'il est à quelques erreurs près d'être renvoyé chez les Knights de London (OHL).
Lorsqu'il gaffe, il se reprend habituellement de belle manière comme il l'a fait hier en première période face aux Maple Leafs, quand il s'est replié rapidement pour faire dévier la passer de William Nylander à l'intention de Zach Hyman lors d'une montée à deux contre un.
Il est audacieux, transporte bien la rondelle, a une excellente vision du jeu et ne s'en laisse pas imposer malgré sa petite stature (5 pieds 10 pouces, 180 livres). Il est même en mesure de calmer et de diriger l'attaque en avantage numérique, où il a notamment récolté deux aides.
Il joue exactement comme il le fait à London et il semble avoir été en mesure de s'adapter à la vitesse du jeu chez les professionnels sans trop de problèmes.

Suis-je en train de dire que les Canadiens ont trouvé le défenseur qui jouera à la gauche de Weber pour les 82 matchs de la saison régulière? Absolument pas.
Mete est encore jeune et il connaîtra des périodes plus creuses au cours de son développement. Et la Ligue nationale n'est pas une ligue de développement, comme le rappelle souvent Marc Bergevin.
Mais Mete offre pour le moment une option drôlement intrigante aux Canadiens dans un contexte où les autres défenseurs en audition - Mark Streit, Joe Morrow et Brandon Davidson en l'occurrence - ne montrent rien de rassurant. Pas plus que les défenseurs établis de la formation, d'ailleurs.
Mete a la vitesse - presque autant que Paul Byron (!) - et la capacité de relancer habilement l'attaque, des habiletés dont on manque cruellement à la ligne bleue du Tricolore.
Le seul que l'on n'a pas encore vu à l'oeuvre, c'est David Schlemko, que certains voient aux côtés de Weber. Peut-être viendra-t-il brouiller les cartes lorsqu'il sera rétabli de sa blessure au poignet. Qui sait?
Mais pour l'instant, le jeune Ontarien force la main de ses patrons.
Bergevin a eu l'audace de laisser Mikhail Sergachev amorcer la saison à Montréal l'an dernier alors que le contexte ne s'y prêtait pas particulièrement. Les postes disponibles étaient quasi inexistants et le jeune Russe, alors âgé de 18 ans, ne semblait pas aussi à l'aise que Mete l'est en ce moment.
Il doit retenter l'expérience.
Le kid le mérite et le Tricolore pourrait en tirer profit. Claude Julien l'a dit la semaine dernière : « C'est un plus pour lui et c'est un plus pour nous ». Dans le pire des cas, il aura quelques matchs d'expérience derrière la cravate et reviendra encore plus fort et plus confiant l'an prochain.
Pourquoi ne pas lui laisser sa chance? D'un coup que...