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À l'approche du Repêchage 2020 de la LNH, alors que le Québécois Alexis Lafrenière devrait être sélectionné au tout premier rang, LNH.com vous offre à nouveau sa série d'articles écrits après avoir discuté avec plusieurs joueurs francophones qui ont été repêchés au premier rang au total. Ces joueurs ont offert des conseils à Lafrenière et sont revenus sur la journée de leur propre repêchage.
Aujourd'hui, Gilbert Perreault, premier choix au total en 1970.
La séance du Repêchage 1970 de la LNH est en quelque sorte l'ancêtre lointain de la loterie du repêchage, ou encore du jeu télévisé « La roue chanceuse ». Parlez-en à Gilbert Perreault qui représentait le gros lot à remporter.
Cette année-là, afin d'établir laquelle des deux nouvelles équipes dans la ligue -- les Sabres de Buffalo et les Canucks de Vancouver -- aurait le privilège de choisir la première au repêchage, on a pensé à organiser un tirage au sort avec une roulette.

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Les règles de la loterie étaient très simples : la roue s'arrête sur un chiffre entre 1 à 10 et les Canucks remportent le premier choix; entre 11 et 20 les Sabres seront alors les vainqueurs.
Or, le tirage, qui a eu lieu la veille de la séance de repêchage des joueurs amateurs, a donné lieu à un imbroglio. Après avoir activé la roulette, le président de la LNH Clarence Campbell a par erreur attribué le premier choix aux Canucks en annonçant qu'elle s'était immobilisée sur le chiffre 1.
À la table des Canucks, ç'a été l'effusion de joie. Mais on a vite fait réaliser à Campbell sa bourde en lui montrant l'autre 1 qu'il y avait sous le premier et qu'il s'agissait donc plutôt du chiffre 11.
Ç'a été au tour des dirigeants des Sabres de bondir de leur chaise. Posant une main sur son coeur, le directeur général Punch Imlach a presque été victime un arrêt cardiaque.
C'est de cette façon qu'est née la légende du numéro 11 au sein de l'organisation naissante, qui a confirmé la sélection de Perreault à l'hôtel Queen Élizabeth de Montréal, le 11 juin! Le joueur de centre natif de Victoriaville, qui portait incidemment le numéro 11 chez les juniors, allait faire rayonner le numéro chanceux pendant plus de 16 saisons à Buffalo. Plus personne ne l'arborerait par la suite.
« Je n'ai rien vu de la scène parce que je n'étais pas là », relate Perreault en entrevue à LNH.com.
« Le repêchage à l'époque, c'était très différent d'aujourd'hui, ça n'avait rien à voir, continue-t-il. Ça se déroulait dans une salle d'hôtel. Les espoirs s'assoyaient à l'avant. Moi, je n'ai pas eu le temps de m'asseoir parce qu'en rentrant dans la salle les Sabres m'avaient déjà repêché, et on est venu à ma rencontre pour prendre des photos. C'est à peu près le seul souvenir que je garde de la journée. »
Ça, et peut-être la déclaration qu'a faite Imlach après avoir rencontré Perreault peu de temps après sa sélection.
« Bon sang, il est un beau garçon. Les filles de Buffalo vont toutes courir après », a-t-il lancé.
Choix unanime
Il n'y a pas eu de suspense entourant le meilleur espoir de la cuvée 1970. Perreault faisait l'unanimité au sein des 14 équipes. Le consensus était que le défenseur Dale Tallon était l'espoir numéro 2. Les Canucks l'ont d'ailleurs sélectionné.
Les Bruins de Boston, qui détenaient les troisième et quatrième sélections, ont choisi les attaquants Reggie Leach et Rick MacLeish, respectivement. Darryl Sittler a été le choix des Maple Leafs de Toronto, au huitième échelon.
Le choix des Canadiens de Montréal, qui parlaient sixièmes, a été l'attaquant Chuck Lefley.
« Je savais que je serais le premier joueur repêché. La question c'était de savoir si ce serait par les Sabres ou les Canucks. Je n'avais pas de préférence. »
Perreault venait de connaître une troisième saison du tonnerre dans l'uniforme des Canadiens juniors de Montréal, évoluant dans la Ligue junior de l'Ontario.
Auteur de 51 buts en 54 matchs et d'une récolte de 121 points en saison régulière, il a mené l'équipe qui faisait accourir les foules au Forum jusqu'à la conquête de la Coupe Memorial - le trophée emblématique au hockey junior canadien - pour une deuxième année d'affilée.
« Nous avions toute une équipe et l'intérêt qu'on y portait était très grand. Il y avait 18 000 spectateurs à chacun des matchs et les journalistes parlaient de nous, évoque-t-il. J'imagine qu'il devait avoir des recruteurs aux matchs, même si je n'ai eu aucune communication avec l'un d'entre eux, ou aucune équipe, pendant et après la saison. »
Fini le droit acquis
Ce qu'il faut savoir, c'est que le Repêchage 1970 a été le premier qui ne permettait plus aux Canadiens de réclamer les deux meilleurs espoirs de langue française. Réjean Houle et Marc Tardif avaient mis fin à la tradition, l'année précédente.
Perreault a dit qu'il n'a pas perdu de sommeil en s'imaginant dans l'uniforme des Canadiens parce qu'on a annoncé bien avant le repêchage en 1970 la fin de ce droit acquis.
« Je ne suis pas sûr, mais je crois que les Sabres et les Canucks ne pouvaient même pas échanger leur premier choix, donne à entendre Perreault. Il me semble qu'il y avait un règlement en ce sens. »