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Le premier match de la série opposant les Penguins de Pittsburgh au Lightning de Tampa Bay en finale de l'Association de l'Est, qui s'est terminé à l'avantage du Lightning, a tout de même été serré. Après deux jours de repos, les Penguins ont apporté quelques changements subtils, dont ils ont tiré un avantage massif lors du deuxième affrontement. Du côté du Lightning, Jon Cooper saura-t-il renverser la tendance lors du troisième match mardi soir (20h HE; TVA Sports, CBC, NBCSN)?

Au-delà des indicateurs habituels
Pour mieux comprendre ce qui s'était passé lors des deux premiers matchs, j'ai analysé ceux-ci en utilisant une méthode que j'applique normalement aux matchs des Canadiens de Montréal. Il s'agit d'un amalgame simplifié des
éléments développés par Eric Tulsky sur les entrées et sorties de zone
ainsi que d'une longue habitude que j'ai de recenser les chances de marquer.
De manière systématique, je recueille six indicateurs, en mettant l'accent sur le travail effectué en zone offensive. Je note les entrées en zone offensive selon qu'elles sont, ou non, effectuées en contrôle de la rondelle. Je note aussi les rondelles récupérées en zone offensive suite à une séquence d'échec avant. Ensuite, je note les chances de marquer, soit les tirs au but et tirs manqués décochés de l'enclave élargie, cette zone qui part du but, remonte aux points de mises en jeu pour ensuite bifurquer en ligne droite vers la ligne bleue en s'arrêtant au sommet des cercles de mise en jeu. Enfin, en zone défensive, je note les sorties de zone, selon qu'elles ont, ou non, été effectuées en contrôle de la rondelle.
L'objectif de cette méthode est simple : on sait aujourd'hui que la possession de la rondelle est, plus que jamais, au cœur du succès des équipes de la LNH. Ces quelques indicateurs permettent de voir jusqu'à quel point une équipe est capable, d'une part, de contrôler le disque dans les trois zones et, d'autre part, d'utiliser ce temps de possession à bon escient.
J'analyse ainsi les matchs des deux demi-finales. Au fur et à mesure que celles-ci avanceront, je vous tiendrai au courant de l'évolution de ces indicateurs pour les quatre formations concernées. Après deux petits matchs, on peut déjà voir poindre certains éléments intéressants de cette confrontation.
Après deux matchs : le blocus défensif du Lightning a cédé
Sur les seules chances de marquer à 5 contre 5, la différence entre les premiers et deuxièmes matchs est saisissante. Après avoir obtenu un léger avantage aux chances lors du premier affrontement (9 contre 7), le Lightning s'est fait complètement enfoncer dans le deuxième match, cédant un avantage de 25 à 12 aux Penguins. C'est d'abord et avant tout le fait des deux grandes vedettes des Penguins, Sidney Crosby et Evgeny Malkin.
Alors que Malkin est, lors du premier match, sur la glace pour deux chances des Penguins et trois du Lightning, cet avantage passe aux Penguins lors du deuxième affrontement, +5/-2. Malkin a largement profité d'un ajustement tout simple : on a remplacé, sur son aile droite, Eric Fehr par Bryan Rust. Le numéro 17, plus rapide, a principalement fait sentir sa présence en défensive, avec six sorties de zone effectuées en contrôle de la rondelle, soit le même nombre que Malkin. Ça peut sembler un détail, mais, lors du premier match, Malkin était pour ainsi dire le seul responsable de ces sorties de zone défensive (six des 14 effectuées par son équipe). Avec Rust sur son aile droite, les schémas de sortie de zone se sont complexifiés, et Malkin a eu un peu plus d'air.
Du côté de Sidney Crosby, l'ajustement semble être à la fois le résultat d'une meilleure performance de sa part, mais aussi d'un changement tardif de l'alignement. Associé depuis le début des séries à Patric Hornqvist et Conor Sheary, on a remplacé ce dernier par Chris Kunitz en troisième période. Au total, les résultats sont spectaculaires : après avoir terminé le match de vendredi avec un bilan de +1/-4 aux chances de marquer, Crosby s'est fendu d'un match remarquable lundi soir, terminant avec une fiche de +12/-6. Avec Hornqvist et Kunitz, Crosby a affiché un différentiel de +7/-3.
Face à la vitesse du Lightning, les combinaisons qui ont si bien servi les Penguins ne suffisaient plus. Ce qui me fascine ici, c'est de voir se trouvait la solution. On tend à croire que Crosby, dont le jeu est basé sur la vitesse, bénéficierait d'ailiers rapides, mais il n'en est rien. Hornqvist et Kunitz, d'une lenteur qui détonne dans ces matchs disputés à tombeau ouvert, savent anticiper les mouvements du capitaine et se placer dans l'enclave pour recevoir ses passes. Crosby, en un mot comme en mille, n'a pas besoin d'être accompagné de joueurs rapides, mais de joueurs qui savent trouver la glace libre.
C'est tout autre chose pour Malkin, dont la principale faiblesse demeure le jeu en zone défensive. Il n'y maitrise vraiment qu'une seule forme de contribution : la sortie de zone en contrôle de rondelle. Lorsqu'il s'élance, les défenseurs adverses reconnaissent le danger et retraitent. Mais, autrement, il ne se démarque guère. Un honnête plombier comme Rust prend ici toute sa valeur. S'il n'a ni le talent ni la prétention de formuler des propositions originales à l'attaque, Rust est un spécialiste du jeu en défensive. Son impact a donc été immédiat, et la baisse de pression sur Malkin, évidente.
Il sera intéressant de voir ce qui arrivera de Sheary, qu'on n'a pas vu après la deuxième période. Il n'a pas obtenu de chances de marquer et a connu une baisse marquée de régime lors du deuxième match. Mais il demeure, des deux équipes, celui qui a obtenu le plus grand nombre d'entrées en zone offensive en possession de rondelle, à égalité avec Phil Kessel, et il se classe au troisième rang des attaquants pour le total de sorties de zone défensive, tout juste derrière Malkin et Kessel. Sa contribution au jeu de transition est manifeste, et il n'est pas dénué de talent offensif. Je serais très curieux de voir ce qu'il pourrait faire à la gauche de Malkin.
Face à ces ajustements, Cooper n'a jusqu'ici que peu retouché son groupe de joueurs, attendant probablement de voir l'impact du retour d'Anton Stralman sur son équipe. Avec l'avantage de la glace de son côté pour les deux prochains matchs, c'est à son tour de répondre.