vlasic-iso

Le 12 juin 2016 au soir, Marc-Édouard Vlasic a eu des préoccupations foutument plus importantes que de noyer sa peine.
Le défenseur des Sharks de San Jose n'a rien eu à cirer des célébrations de la conquête de la Coupe Stanley qui battaient leur plein sur sa propre patinoire. Les Penguins de Pittsburgh pouvaient festoyer tant qu'ils le voulaient. Ils n'avaient pas volé le championnat de la LNH acquis en six matchs.
Peu de temps après la traditionnelle poignée de mains des joueurs, Vlasic a prestement revêtu son habit de rue, avant de quitter le SAP Center précipitamment pendant que plusieurs de ses coéquipiers livraient leurs états d'âme aux journalistes.

C'était inhabituel pour le seul Québécois des Sharks de faire faux bond aux journalistes, surtout ceux du Québec. Tout au long de la Finale, il avait toujours été disponible et avenant.
On pouvait comprendre la grande déception qui l'habitait. Si ce n'avait été que ça… Il y avait plus.
Aux prises avec des problèmes respiratoires, Vlasic a dû se rendre à l'hôpital accompagné de sa conjointe Martine Auclair. C'est qu'on craignait qu'il ait subi une fracture du larynx, ou une autre blessure grave. Vlasic avait été victime d'un accident bête au début de la deuxième période. Assis au banc des siens, il suivait l'action au moment où un coéquipier a violemment projeté la rondelle en sa direction.
« J'ai tout vu. J'ai tenté de me protéger en soulevant un bras, relate-t-il. La rondelle m'a atteint à la gorge. Sur le coup, j'ai perdu le souffle. Je ne pouvais plus respirer. »
Vlasic s'est rendu à l'infirmerie où on lui a prodigué des soins. Au bout de quelques minutes, ce n'était pas la grande forme. Mais ça allait mieux et c'était de toute façon hors de question qu'il ne retourne pas dans l'action afin d'aider ses coéquipiers qui luttaient avec l'énergie du désespoir.
« Les médecins de l'équipe m'auraient interdit de rejouer que je ne les aurais pas écoutés », dit-il avec le recul.
Vlasic a tout de même passé plus de 22 minutes sur la glace dans le sixième match que les Penguins ont gagné 3-1.
Il a toutefois réalisé la gravité de la blessure à l'issue de la rencontre, après la chute d'adrénaline. Laissons-le raconter la suite.
« Martine est venue me rejoindre, je lui ai dit que je devais aller à l'hôpital. J'avais de la misère à respirer. Une fois rendu, on m'a rapidement pris en charge. On m'a branché sur plein de machines. Il devait y en avoir huit autour de moi. Ce n'était pas le branle-bas de combat. Martine et moi discutions de choses et d'autres, de nos trois chiens que nous avions hâte de retrouver. Après une trentaine de minutes, elle m'a regardé et elle m'a lancé : 'Il y a des choses pires que ça dans la vie, n'est-ce pas?'
« Je lui ai répondu qu'elle avait parfaitement raison. J'ai pensé que c'était la réalité de bien des gens d'être branchés sur des machines à tous les jours parce qu'ils sont aux prises avec des problèmes de santé.
« J'ai reçu mon congé de l'hôpital pendant la nuit et quelques heures plus tard nous rentions déjà au Québec avec nos chiens.
« Ça s'est quand même assez bien passé pour une défaite en Finale de la Coupe Stanley… »
Vlasic a pu plus facilement avaler la pilule, sans faire de mauvais jeu de mots, parce qu'il savait qu'il pouvait se reprendre quelques mois plus tard, à l'occasion de sa participation au tournoi de la Coupe du monde avec Équipe Canada.
« L'accent au lendemain du 12 juin a tout de suite été mis sur remporter la Coupe du monde. Tu perds la Coupe Stanley, mais tu te vois offrir une autre occasion d'avoir une année 2016 formidable. Ça t'aide beaucoup à passer au travers. Parce que s'il n'y avait pas eu la Coupe du monde, j'aurais passé toute la saison à ruminer notre défaite en Finale.
« Là, d'avoir gagné la Coupe du monde, ç'a été ma Coupe Stanley. »
Puis, après une pause, il ajoute, en parlant de Sidney Crosby des Penguins : « Gagner les deux titres, il n'y a qu'un joueur qui a fait ça cette année. »